Contrairement aux idées reçues, les cultures intermédiaires ne sont pas des refuges de mauvaises herbes. Au contraire, si elles sont semées sur un sol propre, elles permettent de contrôler les espèces qui lèvent à l’interculture. En revanche, cet effet désherbant ne dure que le temps de la présence du couvert. Retour sur quelques essais conduits par Arvalis.
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Trois ans de comparaisons d’espèces de couvert révèlent qu’il existe de grandes disparités de densités d’adventices et de repousses en fonction de l’année. En 2011, les parcelles sans couvert apparaissent plus sales que toutes les autres modalités. A contrario, en 2012, plusieurs espèces de couvert (vesce du Bengale et radis fourrager par exemple) présentent des densités d’adventices plus élevées que le sol nu. En moyenne, quel que soit le type de plantes, les cultures intermédiaires ont réduit significativement la densité des repousses (figure 1). Aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les espèces. Les couverts les plus efficaces pour limiter les adventices varient aussi d’une année à l’autre : moutarde blanche non fertilisée et vesce du Bengale en 2010, moutarde blanche fertilisée, radis et phacélie en 2011.
Figure 1 : densité des adventices et repousses (en plantes par mètre carré) à l’interculture en fonction du type de couvert (suivis réalisés entre 2010 et 2012)
Des lettre différentes traduisent des écarts significatifs au seuil de 5 % (test de Newman Keuls).
Le développement du couvert explique davantage les différences de salissement. En 2010 et  2011, l’enherbement diminue avec l’importance de la biomasse du couvert. Plus celui-ci s’implante rapidement, plus il limite efficacement les repousses.
Autre point à prendre en compte, le cycle des adventices en présence. Très peu d’espèces indésirables sont en mesure de réaliser l’intégralité de leur cycle de développement dans une culture intermédiaire. Elles doivent pour cela avoir un cycle très court («â€¯espèces de 100 jours ») et être capables de produire des graines viables malgré des sommes de températures assez faibles. Seuls le séneçon vulgaire, la véronique de perse et les pâturins réunissent ces caractéristiques.
Ce sont surtout les adventices non détruites lors du semis de la culture intermédiaire qui risquent de produire des graines viables avant la destruction du couvert. Par conséquent, pour le couvert comme pour la culture qui suit, il est nécessaire de semer sur un sol propre.
Avec des pratiques de désherbage chimique classique, les différences de salissement entre couvert et sol nu ne sont cependant plus visibles dans la culture suivante, quelle que soit la stratégie de travail du sol (figure 2).
Par contre, les effets du travail du sol sont beaucoup plus prononcés : les adventices sont moins nombreuses dans la culture suivante après un labour par rapport à un travail superficiel ou un semis direct.
Figure 2 : impact de la gestion de l’interculture sur la densité d’adventices dans la culture suivante (suivis réalisés entre 2011 et 2015)
Le déchaumage a lieu avant implantation des couverts, qui sont détruits par labour ou glyphosate selon les modalités. En cas de risque de grenaison, les adventices présents dans les modalités sol nu ont pu être détruites mécaniquement ou chimiquement avant la date de destruction des couverts.
Les couverts, à conditions d’être suffisamment développés et semés sur un sol propre, peuvent contribuer à gérer les adventices susceptibles de lever pendant la période de présence du couvert. En revanche, il n’ont pas ou très peu d’effet sur la flore qui lève à une autre période, notamment en culture (figure 3). Ces conclusions ont été également vérifiés sur une large gamme de couverts (cultures intermédiaires, couverts associés) et de cultures dans le cadre du projet de recherche Cosac (ANR-15-CE18-0007) au travers de plusieurs essais conduits par l’Inra, Terres Inovia et Arvalis.
Figure 3 : densité d’adventices par espèces à l’interculture (à gauche) et dans la culture suivante (à droite) en fonction de la gestion de l’interculture (essai de Saint-Georges-du-Bois, en Charente-Maritime, en 2016)