En votant massivement pour le candidat républicain Donald Trump, les farmers américains n’imaginaient pas que la mise en œuvre de son programme électoral les desservirait. A l’export, l’agriculture américaine est victime des sanctions des Etats contre lesquels le Président américain a instauré des mesures protectionnistes, comme celle toute récente sur l’acier. Si la politique anti-migratoire promise par le président des Etats-Unis est lancée, elle se traduira par une raréfaction encore plus importante des travailleurs saisonniers et permanents sur le marché du travail.
America first, farmers last ! Un an après l’arrivée de Donald Trump, les farmers déchantent. « Le Président des Etats-Unis les néglige », écrit Philippe Chalmin dans les chapitre du Cyclope 2018 consacrés aux produits agricoles tempérés. Les cadeaux fiscaux de noël 2017 (exonération sur les successions, sur les revenus et en faveur de l’investissement) n’ont aucun sens dans la conjoncture actuelle. Les priorités des farmers sont leur revenu et la rentabilité de leur exploitation.
Que feront les farmers si leurs céréales et les graines de soja leur restent sur les bras ?
La Chine prend des mesures de rétorsion à l’égard du soja et du Sorgho tandis que le Mexique tente de réduire sa dépendance vis-à-vis des produits américains. Or près de la moitié des produits agricoles américains exportés est livrée au Canada, au Mexique et en Chine.
« La Chine est tout à fait capable de gérer une réduction de 20 à 30 % des achats de soja aux États-Unis, alors que l’agriculture américaine est mal armée pour faire face à une chute des exportations dans un contexte de prix déprimé », rapporte Philippe Chalmin. La demande mondiale d’oléo-protéagineux croît moins vite que leur production.
L’an passé l’ex-empire du milieu a déjà acheté moins de soja (12,5 milliards de dollars contre 15 en 2016). Et il a pris des mesures restrictives à l’égard des importations d’éthanol et du sorgho (jusqu’à 10 millions de tonnes en jeu).
Les vins et les jus d’orange californiens sont aussi sur la sellette si les Etats-Unis taxent leurs importations d’acier et d’aluminium.
L’autre chantier majeur sur lequel Donald Trump s’était engagé est la réforme des lois sur l’immigration redoutée par les farmers. Ils savent qu’ils perdront gros si la réforme était lancée.
« La pénurie de main-d’oeuvre agricole se fait de plus en plus aiguë, qu’il s’agisse de la Californie ou même des élevages du Midwest. Les agriculteurs se plaignent de ne plus pouvoir trouver de la main-d’oeuvre américaine, même sur la base d’un salaire horaire de l’ordre de 15 € en Californie », rapporte Philippe Chalmin. Toutes les filières (viticulture, élevages laitiers et porcins) peinent à recruter des salariés saisonniers et permanents.
En fait, les Américains dédaignent le secteur agricole et le flux de nouveaux migrants, venus chercher du travail, se tarit. Les revendications des farmers vont à l’encontre de la politique migratoire du président américain. Ils demandent une simplification des procédures pour recruter des salariés étrangers et une augmentation du nombre d’immigrants pour faire fonctionner leur exploitation.
Mais à quelques mois des prochaines élections intermédiaires, le sujet n’est plus d’actualité aux Etats-Unis. En attendant, des immigrés clandestins anticipent les mesures d’expulsion en rentrant chez eux alors que le flux de nouveaux migrants se tarit.
Ci-dessous, photo d’archives d’orangers.