« Diversifier »… Un joli verbe que l’on entend beaucoup ces derniers temps dans le milieu agricole. Pour cet article, il s’agira de se concentrer sur les freins à la diversification des cultures : pourquoi a-t-on du mal à diversifier son assolement ? Un second article proposera des leviers à la diversification, illustrés par des études de cas de diversification bien concrets.
Motivés par des facteurs agronomiques ou économiques, de nombreux exploitants ont mis en pratique la rotation des cultures depuis longtemps, créant ainsi un assolement diversifié. La nouvelle politique agricole commune accélère le processus en imposant la présence de trois cultures sur le parcellaire, la principale ne devant pas dépasser 75 % de la surface totale. Si cette règle n’est pas respectée, l’agriculteur ne pourra pas bénéficier d’une partie des aides directes : les aides « vertes ».
Toutes les exploitations ne sont pas égales face à cette mesure de verdissement. Certaines régions, par la présence d’une filière de production fortement structurée, auront des difficultés évidentes pour mettre en place trois cultures sur leurs exploitations.
Dans le rapport de l’INRA intitulé « Freins et leviers à la diversification des cultures », l’équipe de Jean-Marc Meynard part du principe que la transition vers un mode de production fondé sur une plus grande diversité de cultures se heurte à une organisation très structurée des systèmes productifs, agricoles et agro-industriels. En fait, plus loin que le simple aspect « agronomique », on comprend que les leviers de la diversification se situent aux niveaux sociotechnique et économique. Pour faire simple, la diversification à l’échelle d’une région agricole ne prendra effet et ne sera durable que par une coordination forte des acteurs de la filière.
Pour comprendre les freins et leviers à la diversification, l’équipe de l’INRA s’est penchée sur douze cultures : le chanvre, la féverole, les lins fibre et oléagineux, le lupin, la luzerne, la moutarde condiment, le pois protéagineux, le pois chiche, le soja, le sorgho et le tournesol. Marginales, ces cultures pourraient pourtant avoir des débouchés en France.
En s’efforçant de comprendre pourquoi ces espèces se développent peu, les chercheurs (qui ont passé beaucoup de temps sur le terrain, au contact des acteurs des filières – et non uniquement derrière leur ordinateur) ont compris que les « grandes espèces » monopolisaient les ressources économiques et humaines, dans différents domaines.
Le progrès génétique en premier lieu : il est beaucoup moins rapide sur des espèces qui, peu répandues, représentent des marchés trop petits pour rentabiliser des investissements importants pour les sélectionneurs. De ce côté, les pouvoirs publics pourraient aider ces derniers à s’investir sur quelques espèces, réduisant ainsi la prise de risque.
Le même problème se pose au niveau de la protection des cultures : les cultures de diversification représentent un faible intérêt économique pour les firmes agrochimiques. Il n’existe aujourd’hui aucune solution phytosanitaire pour le pois chiche, ce qui freine les agriculteurs du Sud-Ouest qui souhaiteraient tester cette culture aux nombreux atouts, et en pousse d’autres à utiliser des produits non homologués pour cet usage.
Par ailleurs, alors que les itinéraires techniques des cultures majeures (blé, maïs grain, orge, colza) sont très bien maîtrisés par les agriculteurs et les conseillers, le manque de références techniques donne aux agriculteurs souhaitant tester une « nouvelle » culture l’impression d’avancer parfois à l’aveuglette ; ceux qui se lancent n’ont pas peur de prendre des risques et consacrent souvent une surface d’échelle expérimentale à la culture en question. Malheureusement, l’abandon de la production est fréquent lorsque l’on ne sait pas « pourquoi cette année les rendements étaient si bas ».
Enfin, la plupart des espèces de diversification représentent un débouché dans le secteur industriel ou de l’alimentation animale. Comme la fabrication d’aliments composés demande des produits standardisés aux caractéristiques définies et homogènes, les industriels s’orientent vers des cultures connues, donc plus sûres, qui, de plus, ont un prix à la tonne souvent plus bas.
Les freins sont nombreux ; pour autant, des initiatives régionales montrent que la diversification est possible.
Peut-être avez-vous vous-même diversifié vos cultures ou connaissez des professionnels qui se sont engagés dans la création d’une filière végétale particulière, avec succès ? Vos commentaires permettront d’enrichir la deuxième partie de cet article, consacrée aux leviers qui permettent de réussir une diversification. A vos claviers !
Ci-dessous, photos de sorgho, et de lin.
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C'est encore un décret qui nous tombe dessus sans savoir si c'est réalisable partout. Dans mon cas j'ai déjà 4 a 5 cultures suivant les année , mais j'ai surtout la moitié de ma surface en monoculture de mais . Dans la nouvelle pac c'est surtout la diminution des aides par deux qui me pose problème
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