Après cette crise, est-ce que les Françaises et Français garderont en mémoire que se nourrir en qualité et en quantité est « essentiel », à savoir « indispensable » ?
Nous, agriculteurs français avons été plus que dénigrés ces dernières semaines, ces derniers mois. Nous étions les pollueurs, les empoisonneurs potentiels même auprès de nos voisins (riverains !). Aujourd’hui, le Covid-19 (ou corona-virus) nous rappelle que sans alimentation, notre population ne pourrait vivre. Plus personne ne rabâche sur les ondes ou dans les lucarnes toujours plus de bio, de sans pesticides, de permaculture, etc. Après cette crise, est-ce que les Françaises et Français garderont en mémoire que se nourrir en qualité et en quantité est « essentiel », à savoir « indispensable » ? Tout comme l’air que nous respirons est essentiel.
Dans notre société française et européenne où on ne manquait de rien, on a demandé aux paysans de faire toujours plus pour l’environnement, le sanitaire, pour le bien-être animal, pour produire légumes et fruits en les protégeant du mieux possible. Tout cela a été fait par les agriculteurs mais n’était pas écouté et encore moins entendu. Pourquoi en cette période d’épidémie sanitaire, autant d’exode de citadins, peut-être contaminés, dans nos campagnes, tout en bravant les interdits ? Ne serait-ce pas les mêmes qui ne veulent plus d’agriculture auprès de chez eux (poulailler plein air, bruits, odeurs, etc.).
Aujourd’hui, les consommateurs veulent se nourrir. D’ailleurs, ils ont oublié le bio, le plein air, le label ! Ils achètent ce qu’ils trouvent, sans se soucier du mode de production !
Mais, par contre, certains sont prêts à braver les interdictions, concernant le confinement. J’aimerais leur dire qu’en tant que producteur de légumes, mon épouse en tant que productrice de plantes fleuries, nous allons tout mettre en œuvre pour servir les citoyennes et citoyens français ainsi que tous les agriculteurs et agricultrices du territoire français.
Nous, paysans, sommes au début de la chaine alimentaire. Nous avons besoin de nos salariés collaborateurs, de saisonniers. Mais, il ne faut pas que cette chaine soit interrompue : nous avons besoin de fournisseurs, transporteurs, distributeurs, etc. et, pour les productions issues des élevages, de laiteries, d’abattoirs, etc. Nous paysans, nous savons combien tous les « besogneux » derrière ces entreprises sont indispensables à la continuité de notre nation et nous les remercions. J’espère que nos concitoyens et nos voisins auront plus de considération pour notre noble métier qui doit s’adapter avec toujours plus de contraintes (moins de produits de protection des plantes, zone de non traitement, etc.) : ne l’oubliez pas, nous sommes des professionnels responsables qui s’appuient sur des connaissances scientifiques et avons à cœur de produire pour toutes et tous, quelle que que soit la demande du marché !
Dernière chose, en cette période de confinement, pour celles et ceux qui ont la chance d’avoir un jardin ou une terrasse, que les autorités leur permettent de jardiner, d’acheter des plants de légumes et de fleurs qui ne pourront qu’apporter un peu de baume au cœur en cette période compliquée pour toutes et tous.
Thierry Merret
Agriculteur dans le Finistère
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Malgré cet engagement sans faille pour nourrir leurs concitoyens, les agriculteurs sont constamment dénigrés par certains français. En plein confinement, l’association Respire et Corinne Lepage, ancienne Ministre de l’environnement, ont déposé un recours auprès du conseil d’Etat afin d’obtenir la fin des épandages agricoles (lisiers et engrais) sous prétexte qu’ils aggraveraient la pandémie. Après avoir été déboutés sur ce recours, l’ancienne Ministre a déclaré vouloir se retourner vers la plus haute juridiction pour dénoncer les épandages de pesticides qui continuent à proximité immédiate des habitations malgré le confinement. Ces français-là méritent-ils l’effort des paysans ?