Sur le podium des adventices particulièrement pénalisants pour le colza, le géranium est bien placé. Un allongement des rotations, des faux semis en intercultures et, selon la pression, une intervention post-levée permettront d’en diminuer la pression.
De plus en plus de parcelles de colza sont colonisées par les géraniums, disséqués et mous. D’après Terres Inovia, 15 % des parcelles de colza sont fortement pénalisées par la présence de cette adventice. La situation est particulièrement critique dans certaines zones du Centre, de l’Est, de Poitou-Charentes et du Sud-Ouest. La présence de géraniums est favorisée par les rotations courtes à base de cultures d’hiver et le non labour. La nuisibilité du géranium est précoce en cas de fortes infestations mais aussi tardive, car les plantes se développent également au printemps. A l’implantation, les géraniums lèvent aussi vite que la culture qu’ils étouffent. En cas de forte densité, la concurrence rend les colzas plus chétifs, donc plus sensibles aux maladies et aux attaques d’insectes, altises notamment. Les géraniums sont d’autant plus problématiques quand les levées sont lentes et les sols superficiels. Des essais conduits par Terres Inovia ont montré qu’une densité supérieure à 100 plantes par mètre carré avait un impact important sur le rendement. L’impact dépend bien sûr du type d’adventices et les géraniums sont parmi les plus pénalisants. Avec 50 géraniums au mètre carré, on peut tabler sur un rendement autour des 30 quintaux ; avec 100, le rendement risque de chuter autour des 20 q. Il faut 200 pensées pour craindre la même baisse de rendement.
Pour lutter efficacement contre les géraniums, il faut actionner plusieurs leviers et agir dans le long terme. Pour réduire le stock semencier, le faux semis reste efficace avec un ou deux déchaumages en interculture colza-blé. En revanche, un labour occasionnel n’a pas d’effet positif sur la réduction du nombre de graines. L’absence de travail du sol ou un travail seulement superficiel avant l’implantation du colza limite, par contre, le risque de levées. En cas d’infestation, le désherbage mécanique (herse étrille, houe rotative, bineuse) est assez efficace. Quand la présence de géraniums devient trop pénalisante, il faut envisager de modifier sa stratégie d’implantation. Le semis en association avec des légumineuses gélives permet, non seulement, de limiter le développement des adventices et apporte un coup de boost au colza au printemps, grâce à l’azote capté. Le semis direct réduit de 85 à 95 % les levées. Sur la durée, l’allongement de la rotation, notamment en introduisant des cultures de printemps, aide à contenir les géraniums. Quand la lutte agronomique n’a pas suffi à limiter la densité, les produits de prélevée peuvent se montrer insuffisants sur cette flore difficile. Une solution est apparue avec les herbicides de post-levée qui permettent d’intervenir quand on est sûr de l’implantation de la culture et à vue sur des adventices levées, donc avec un choix de la molécule plus ciblé. Anti-dicotylédones, Mozzar/Belkar, de Corteva, à base d’halauxifène-méthyl et de piclorame, est très efficace sur géraniums. Pour les semis précoces, ayant levés avant le 20 août et les parcelles à forte pression, il faut intervenir dès le stade 4 feuilles. Fox d’Adama, autre innovation sur ce créneau de la post-levée, a une bonne efficacité sur les géraniums à des stades précoces mais est surtout intéressant dans les situations avec beaucoup de crucifères.
Réussir son colza pour la campagne 2024
C.J.