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Biotechnologies, un levier pour l’autonomie et la double performance des exploitations

A l’heure où la double performance de l’agroécologie, économique et environnementale, est saluée, les biotechnologies doivent s’imposer comme un levier pour l’autonomie des exploitations.

Les biotechnologies, technologies utilisant le vivant dans un objectif de production, sont diverses. Nos secteurs agricoles et agroindustriels sont concernés par les biotechnologies vertes (amélioration des plantes), et blanches (chimie verte, production de biocarburants). En amélioration des plantes, les différents types de biotechnologies couramment utilisés vont au-delà de la transgénèse, dont les produits sont les fameux organismes génétiquement modifiés. Les autres catégories appliquées à l’amélioration variétale permettent une connaissance fine du génome, une sélection ciblée de plantes présentant des caractères d’intérêt, ou encore une correction génétique sans transfert de gènes par exemple.

Les plantes génétiquement modifiées, qui sont commercialisées depuis une vingtaine d’années, occupent aujourd’hui environ 12% des surfaces cultivées à l’échelle de la planète. C’est précisément leurs impacts en termes de double performance économique et environnementale, objectifs de l’agroécologie, qui expliquent pourquoi de plus en plus d’agriculteurs adoptent ces cultures, et la recherche poursuit son travail.

Biotechnologies et durabilité économique

Pour une exploitation agricole, le premier élément de durabilité est la dimension économique. En effet, c’est avant tout la rentabilité économique de l’activité des chefs d’entreprises agricoles qui renforce leur autonomie, par rapport à la volatilité des marchés, aux dégâts des pathogènes, aux aléas climatiques, ou aux aides publiques par exemple. Lors du colloque du 2 octobre dernier (organisé par Saf Agr’iDées et l’association française des biotechnologies végétales, AFBV, sur le rôle des biotechnologies dans l’agroécologie), plusieurs agriculteurs ont pris soin de souligner cet impératif économique, insistant sur les impasses technologiques qu’ils rencontrent aujourd’hui et qui pourraient être levées par des biotechnologies. On estime que 10 à 16 % des récoltes de grandes cultures sont perdus chaque année à cause des maladies, et jusqu’à 19 % en blé. Différents travaux de recherche utilisant des biotechnologies sont aujourd’hui en cours pour mettre au point des variétés blé résistantes à l’oïdium ou repoussant des attaques des pucerons.

Avec un recul de 17 années de production de cultures transgéniques résistantes à des insectes ravageurs et/ou tolérantes à un herbicide aux Etats-Unis, on a observé que ces productions ont contribué à sécuriser les rendements à des niveaux élevés, et alléger l’organisation du travail sur les exploitations, apportant une sorte de filet de sécurité économique, d’assurance a priori aux producteurs.

En Espagne, la culture de maïs génétiquement modifié résistant à un ravageur depuis quinze ans a réduit les coûts de production (moindre utilisation d’insecticides) malgré le prix plus élevé des semences, tout en stabilisant les rendements à des niveaux élevés. Comme aux Etats-Unis, cette culture diminue les risques de perte de rendements en amont.

Dans les pays du sud tels que le Brésil ou l’Inde, la culture de ces plantes a permis d’augmenter significativement les rendements. Divers axes d’amélioration variétale des bananiers ont été illustrés lors du colloque du 2 octobre, mettant en jeux des biotechnologies pour renforcer la résistance aux ravageurs (en particulier les nématodes) ou aux maladies virales ou fongiques, qui se heurtent là encore à des impasses technologiques.

Biotechnologies et durabilité environnementale

Les impacts environnementaux de la production à grande échelle de plantes génétiquement modifiées aux Etats-Unis, au Brésil, au Canada, au Paraguay, en Afrique du Sud et en Australie notamment ont été décrits et quantifiés dans diverses publications.

Ainsi la production de maïs et cotonnier résistants à un ravageur a réduit significativement l’utilisation d’insecticides, en cas de bonnes pratiques culturales (zones refuges pour les insectes ravageurs). Si les quantités d’herbicides utilisées n’ont pas diminué avec la production de plantes tolérantes à un herbicide (soja notamment), le profil des herbicides utilisés a changé en faveur de molécules moins toxiques. Dans ces pays producteurs, la simplification du travail et la réduction du nombre de passages au champ du matériel agricole ont permis des économies substantielles de carburant, un meilleur stockage du carbone dans les sols, et une moindre érosion (travail du sol simplifié associé à la culture de plantes tolérantes à un herbicide).

En Espagne, les impacts environnementaux de la production de maïs génétiquement modifié résistant à un ravageur sont liés à la réduction des épandages d’insecticides, à une plus faible consommation d’eau (résultant de rendements supérieurs sur une même superficie), et à une meilleure fixation du carbone, par comparaison à la culture de maïs conventionnel.

L’utilisation plus efficace de l’azote est une voie de recherche majeure utilisant les biotechnologies, avec un impact environnemental substantiel à la clé : des apports d’engrais azotés réduits et mieux ajustés aux besoins des plantes cultivées.

Il existe de nombreux exemples de recherche en ce sens (maïs, riz, blé…). Les mécanismes sont complexes, mais les chercheurs sont persévérants !

 

En savoir plus : http://www.agriculteursdefrance.com/fr/LesConferences.asp?ThemePage=3&Rubrique=10&Num=25 (travaux liés au colloque saf agr’iDées/AFBV su 2 octobre, programme, note, interventions, points-clé).

Photo ci-dessous (prise par Marie-Cécile Hénard-Damave elle-même) : récolte de soja génétiquement modifié aux Etats-Unis.

1 Commentaire(s)

  1. Est-ce que cette com’ de la SAF n’aurait pas un rapport avec le rapport du 17 octobre du COPA-COGECA qui recommande à l’UE de ne pas retarder l’inscription de variétés d’OGM ?

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