A l’heure du doute et d’un sentiment d’absence de repères, il est bon aussi de prendre des agriculteurs visionnaires comme références. Hervé Pillaud fait partie de ceux-là. Un chapitre de son livre Agronumericus retient particulièrement notre attention, celui sur les NBIC.
Le livre de Hervé Pillaud est paru fin août. Depuis, on en a beaucoup parlé un peu partout, mais davantage de façon globale qu’en s’attachant au contenu, ce que nous nous proposons donc de faire ici. Car il ne suffit pas de dire que les temps changent, qu’il faut s’adapter, etc. Cette vision entraine d’ailleurs souvent plus de peurs que d’initiatives. Mais il convient également de donner des pistes pour une évolution vertueuse, à laquelle il est possible de participer, plutôt que de la subir.
Cet esprit positif, toute l’agriculture en a besoin aujourd’hui (on pourrait même dire la société entière, en particulier après les événements récents). Hervé Pillaud, éleveur vendéen désormais célèbre pour ses prises de position sur les nouvelles technologies en agriculture, a le mérite de lancer des pistes, et de considérer chacune comme une source de progrès, non comme un problème supplémentaire auquel il faudrait faire face.
Dans cet article, je vous propose de nous attarder sur quelques-unes seulement des 250 pages du livre. Juste sur un angle, celui des NBIC. Selon Hervé Pillaud, je cite son livre, « les NBIC – nanotechnologies, biotechnologies, sciences de l’information, et sciences cognitives – sont les quatre éléments indissociables du changement de civilisation qui est en train de se produire« . Il précise : « L’agriculture y aura une place indiscutable par son fondement même qui est de mettre en oeuvre le vivant. L’approche des biotechnologies, qui fait débat actuellement, impactera son avenir durablement. Aujourd’hui, ces biotechnologies, et plus globalement l’association de ces quatre éléments sont le fruit de nombreuses craintes plus ou moins fondées, qui donnent une audience sans doute trop importante à des faiseurs de peur de toutes sortes. Ne s’agit-il pas là simplement des réminiscences d’un présent que nous refusons d’abandonner ?«
Derrière cette introduction, il développe le sujet : « Les NBIC sont la conjonction de la miniaturisation, de l’information, de l’intelligence et du vivant. La grande convergence, comme l’appellent certains, aura un impact sur l’agriculture. » (…) « Derrière ces quatre lettres se cachent diverses disciplines, certaines nouvelles, d’autres un peu moins, dont la combinaison risque de s’avérer particulièrement explosive dans les prochaines années.«
Il définit chacune des quatre disciplines :
« N comme nanotechnologies : c’est la capacité de travailler au niveau du nanomètre (milliardième de mètre), avec une précision quasi atomique. (…)
« B comme biologie : (Ndlr, citation de Rémi Sussan par Hervé Pillaud) on agit sur le vivant en profondeur, directement sur l’ADN, en créant, par exemple, de nouveaux types d’êtres vivants ou en modifiant profondément la structure de notre organisme. (…)
« I comme informatique : l’intelligence artificielle, la robotique, la réalité virtuelle, voire l’informatique quantique sont quelques-unes des pistes explorées par les chercheurs. De fait, c’est l’informatique qui, en fournissant une grande puissance de calcul et un accès illimité aux informations, permet le développement des nanotechnologies, des biotechnologies, et des sciences de la cognition.
« C comme cognition : il s’agit de l’étude des mécanismes de l’esprit. (…) (Ndlr : qui pourrait aller jusqu’à) la création d’intelligences artificielles.«
Derrière ces définitions, Hervé Pillaud cite quelques exemples de progrès énormes déjà imaginés (« toutes ces technologies se complètent et se mêlent, et leur hybridation se manifeste à tous les niveaux« , précise-t-il). Et en particulier deux qui concernent l’agriculture.
Au niveau de la « sélection chez les bovins« , il estime que « les progrès récents de la génomique doivent beaucoup au formidable essor des biotechnologies et notamment au développement des technologies de génotypage à haut débit qui permettent dorénavant d’analyser simultanément jusqu’à plusieurs millions de positions sur le génome. Lorsque les biotechnologies rencontrent les nanotechnologies, les possibilités d’analyse explosent et les coûts baissent. En génomique bovine, plusieurs outils regroupés sous le terme de « biopuces » permettent d’explorer le génome et de repérer les meilleurs reproducteurs.«
Il évoque aussi un « robot mangeur de limaces« , portant le nom de « slugbot », actuellement encore à l’état de prototype. Hervé Pillaud précise : « Il peut trouver jusqu’à 100 (gastéropodes) par heure. Dans son estomac artificiel, la chair animale se voit dégradée en méthane, puis transformée en hydrogène. La réaction de cet hydrogène avec l’air produit alors de l’électricité via une pile à combustible. Slugbot est le précurseur des robots autosuffisants qui n’auront plus besoin d’énergie externe pour évoluer.«
Je m’arrête là dans les citations. Je vous invite fortement à vous procurer le livre, ou encore à participer à l’un des forums de discussions ouverts sur les réseaux sociaux (vous avez tous les liens ci-dessous), pour évoquer bien d’autres sujets, les NBIC ne représentant que l’un des 26 chapitres de l’ouvrage…
Par ailleurs, Hervé Pillaud est également le créateur/président du salon Tech’élevage (salon des innovations en élevage), qui se tient très prochainement, du 18 au 20 novembre à La Roche-sur-Yon en Vendée… Une autre manière d’aborder le monde de l’innovation dans un secteur qui doit reprendre confiance en l’avenir.
En savoir plus : http://www.agronumericus.com (site internet de Agronumericus) ; https://www.linkedin.com/grp/home?gid=8361998 (groupe LinkedIn « Agronumericus », très intéressant) ; @agronumericus (compte Twitter Agronumericus) ; https://www.facebook.com/agronumericus (page Facebook Agronumericus) ; http://www.lagalerieverte.com/livres/gestion-de-l-entreprise-agricole/agronumericus.html (pour acheter en ligne le livre Agronumericus) ; http://www.techelevage.fr (site du salon Tech’élevage).
Ci-dessous : Agronumericus, chapitre 9, les NBIC.