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Observatoire des prix et des marges, l’opinion d’Olivier Mével

Faut-il faire évoluer les missions et actions de l’observatoire des prix et des marges ? Juste avant la désignation du futur président, voici l’opinion de l’un des candidats, Olivier Mével.

Créé en 2010, l’observatoire des prix et des marges est un organisme consultatif qui a pour mission d’étudier la répartition de la valeur entre producteurs, industriels et distributeurs. Depuis sa création, Philippe Chalmin en assume la présidence, et donc la signature des rapports. Cette année, la présidence est renouvelable. Philippe Chalmin est candidat à sa succession, mais il n’est pas seul : Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, et Olivier Mével, maître de conférences en sciences de gestion à l’université Bretagne-Occidentale (Brest), veulent aussi ce poste stratégique.

A quelques jours de la désignation du nouveau président de cet observatoire, le Breton Olivier Mével, maître de conférences en sciences de gestion à l’Université de Bretagne-Occidentale (Brest), répond à une interview.

Quelles sont les raisons de votre candidature ?

O.M. : Je suis candidat parce que je ne suis pas d’accord avec la méthode utilisée actuellement par l’observatoire, qui consiste à faire émerger des informations que je juge non objectives. Il existe un profond décalage entre la situation rencontrée sur le terrain au plus près des maillons agricole et agroâ€alimentaire et les résultats issus des travaux de l’observatoire. Pourquoi l’observatoire ne s’interrogeâ€tâ€il pas visâ€àâ€vis d’un tel décalage ? Dans sa méthodologie actuelle, l’observatoire traite des informations non contradictoires, sans avoir la capacité de les retraiter. Ces chiffres devraient être argumentés lors de leur validation devant une commission de producteurs, d’industriels et de distributeurs. Par exemple l’observatoire n’a pas la capacité de distinguer la rentabilité d’un hypermarché de groupe intégré de celle d’un hypermarché de groupement d’indépendants.

Comment, selon vous, parvenir à une juste perception de la marge dans les filières alimentaires ?

O.M. : En faisant reposer l’analyse sur la vision économique et la méthode des marges semi-nettes. En reprenant l’exemple de la distribution, le bon calcul de la rentabilité devrait s’établir en déduisant du chiffre d’affaires d’un linéaire uniquement les salaires et les taxes, et pas les charges fixes perçues par les centrales d’achats. On obtiendrait alors un excédent brut d’exploitation déterminant la vraie rentabilité du rayon observé. De la même manière, l’Observatoire devrait être en capacité d’identifier, dans les quinze filières alimentaires de France, la répartition des marges d’un produit sous marque régionale, nationale ou marque de distributeur, ou selon le niveau de qualité (cœur de gamme, prémium). Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. De la même manière, l’Observatoire devrait aussi s’intéresser à la mortalité des entreprises au sein d’une filière, élevée en amont et quasi nulle en aval.  

L’observatoire doit-il aller jusqu’à nommer ceux qui observent des pratiques vertueuses ou non ?  

O.M. : Tout à fait. Il n’est pas normal, par exemple, que l’observatoire ne se soit pas manifesté dans la crise de l’élevage bovin. Il devrait être en capacité de dire que dans la démarche « cœur de gamme » initiée par la filière bovine, Carrefour et U ont une approche vertueuse. Dans ce contexte, les agriculteurs devront savoir calculer leur coût de production et il reviendra à l’observatoire de les y aider. Cet organisme doit être un guide. Il doit insuffler l’idée que dans les filières alimentaires, les maillons sont interconnectés. Or que voit-on aujourd’hui ? Le secteur de la production se meurt tandis que la distribution prospère. L’observatoire que je souhaite présider doit, pour résumer, identifier les rapports de force entre maillons qui déterminent le partage des marges, notamment suite à l’adoption de la loi du 4 août 2008 (LME). Pourquoi l’observatoire ne réfléchitâ€il pas à mieux mesurer les forces en présence lors des négociations commerciales en termes de jeux de pouvoir, de domination, de position dominante, de dépendance économique, de partenariat ou de leadership ?« 

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