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Greenotec, l’association d’agriculteurs belges qui déchiffre la conservation des sols

En Belgique, une association de 260 agriculteurs constitue des grilles de résultats à partir de recherches appliquées sur des parcelles.

L’évolution des pratiques agricoles est souvent limitée par un manque de données technico-économiques précises et adaptées à un territoire spécifique. Greenotec lève cet obstacle : l’association fait de la recherche appliquée sur les parcelles de ses adhérents, produisant ainsi des résultats applicables sur les exploitations de son secteur géographique, en Belgique.

Perte de matière organique, érosion, compaction…Ce sont ces problématiques récurrentes qui rassemblent, en 1996, quelques agriculteurs au sein d’un GIE (groupement d’intérêt économique). Leur objectif : tester et valider scientifiquement ce qu’ils pourront mettre en place sur leurs exploitations, dans le contexte pédoclimatique wallon. « Avant 2006 (Ndlr : date de la création de l’association), nous dépendions des centres de recherche pour fonctionner. Grâce au soutien financier de la région wallonne, le groupe, devenu association à but non lucratif, a pu embaucher un ingénieur et ainsi être totalement autonome« , explique Maxime Merchier, ingénieur à Greenotec depuis 2013. « En fait, les 11 agriculteurs membres du bureau de l’association proposent des pistes de recherche. Les essais sont ensuite installés chez les agriculteurs membre de l’association (260 membres en 2015). Je suis personnellement chargé du suivi des essais, de la communication, du conseil.« 

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Recherche, communication et conseil

L’originalité de l’association Greenotec vient de ses trois domaines d’activité :

1) La recherche « appliquée et applicable » chez les agriculteurs pour mettre au point des itinéraires techniques de conservation des sols. Les différentes opérations culturales des essais sont effectuées par les agriculteurs, excepté la récolte, car du matériel de mesure expérimental est utilisé. Tous les ans, les résultats sont publiés et envoyés aux 260 adhérents de l’association. Ils sont aussi disponibles sur le site web.

2) La communication : Greenotec vulgarise ses résultats, en intervenant lors d’événements sur le terrain, en organisant des conférences, en formant les agriculteurs aux pratiques des TCS. Le 16 juin 2016, l’association organise le festival de l’agriculture de conservation, à Fleurus (Belgique).

3) Un conseil personnalisé est proposé aux agriculteurs et aux chercheurs, avec à la clé des profils de sol ou encore des recueils scientifiques en réponse à une problématique particulière.

« Pour chaque expérimentation, nous nous attachons à ce que l’information soit valable pour la communauté scientifique et vulgarisée pour les agriculteurs« , précise Maxime Merchier.

Un exemple de recherche, les couverts associés au colza

Les expérimentations concernent toutes les cultures de la région wallonne, de la betterave sucrière à la pomme de terre en passant par le pois de conserve. Une technique testée par l’association depuis plusieurs années mérite une attention particulière, celle du colza associé. L’idée est d’implanter un couvert de légumineuses en même temps que le semis du colza. Le couvert a pour mission d’apporter de l’azote au colza, et de limiter le développement des adventices. Greenotec teste, depuis 2011, l’effet de différents couverts sur le rendement, la qualité, et surtout… la marge. Avec une batterie de mesures : biomasse du colza et du couvert, teneur en humidité du grain, quantité d’adventices, teneur en impuretés à la récolte, teneur en matière grasse, en protéines et en glucosinolates. Les coûts des différentes opérations sont intégrés pour obtenir le chiffre d’affaires et la marge engendrés, en comparaison avec et sans couvert associé.

Plusieurs couverts sont testés, en pur ou en mélange. Les résultats sont sans appel : en 2013 et 2014, les modalités associées entraînent une hausse du rendement pour la plupart des couverts. Seul le fenugrec (en 2014) et le sarrasin mélangé au trèfle d’Alexandrie (en 2013) ont entraîné une chute de rendement, difficile à expliquer pour le moment. On observe la même tendance pour la teneur en protéines et la marge : les couverts permettent une augmentation de marge comprise entre 13 et 193 euros en fonction du couvert et du prix de la tonne de colza (graphique ci-dessous). Le mélange qui offre la marge la plus importante est composé de gesse + vesce + fenugrec + lentille.

Suite aux essais de 2013 et 2014, les agriculteurs souhaitent tester une nouvelle modalité : avec ou sans herbicide à l’automne. « Certaines parcelles sales doivent pouvoir être désherbées en sécurité à l’automne. Nos essais ont montré que l’effet de l’herbicide est très variable selon les espèces du couvert, mais toujours avec la même tête de peloton : le mélange composé de gesse + vesce + fenugrec + lentille, le trèfle d’Alexandrie et le mélange vesce + trèfle d’Alexandrie. »

Un effet azote sur plusieurs années ?

L’agriculteur qui a accueilli l’essai colza associé en 2014 a laissé en place les jalons sur sa parcelle et semé du blé tendre. La moisson de cet été a donné des résultats qui se calquent sur ceux du colza. Là où le colza était associé, le rendement est plus élevé pour le blé (jusqu’à 93 quintaux) que là où il n’était pas associé (88 quintaux).

 

En savoir plus : http://www.greenotec.be (site de Greenotec, l’association d’agriculteurs belge) ; http://www.greenotec.be/pages/recherche/colza (résultats des essais détaillés).

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