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Une laine limousine avec des mérinos portugais

Produire une laine naturelle et locale avec des mérinos noirs du Portugal : c’est le défi poursuivi depuis 2011 par la filature Fonty et l’association Lainamac en Corrèze.

Un éleveur vient d’acheter le premier troupeau. Eleveur à Saint-Jal en Corrèze, Pierre Couloumy a accueilli le 12 septembre cinquante mérinos noirs du Portugal dont deux béliers. Il vendra l’intégralité de sa laine à la filature creusoise Fonty : « L’entreprise a contacté la filière Lainamac pour trouver de la laine noire naturellement teintée, locale et à faible empreinte écologique. Les contraintes techniques étaient très précises. La mèche devait mesurer 6 à 8 cm de longueur et 25 microns d’épaisseur. La couleur était aussi codifiée. On a cherché quelle race pouvait convenir et on a retenu les mérinos preta du Portugal« , explique Géraldine Cauchy, chef de projet pour Lainamac.

L’association a acheté les animaux grâce à 300 parrains : contre 50 euros, ils ont reçu trois pelotes de laine à noël. Arrivés en 2011, les moutons ont d’abord passé trois ans au lycée agricole d’Ahun pour tester leur adaptabilité. « Le climat limousin est plus humide mais les mérinos sont rustiques. Le lycée a particulièrement surveillé l’état sanitaire du troupeau et leur alimentation. Il a fallu les habituer aux chiens de berger car au Portugal, ils étaient en totale liberté dans la montagne ! Après cette phase d’étude, on souhaitait vendre le troupeau à des éleveurs limousins pour constituer cette filière courte. Pierre Couloumy s’est proposé« , sourit Géraldine Cauchy.

Tout est bon dans le mérinos…

Une brebis mérinos produit entre 1,8 et 3 kg de laine par an et Fonty obtiendra 60 kg de fil avec ce premier élevage. La laine sera achetée entre 2 euros et 2,50 euros le kg et vendue sous la marque « le fado ».

Les moutons vivront toute l’année en plein air. Si possible, les agnelages auront lieu dans les champs et les brebis seront tondues une fois par an. « Agneaux et brebis seront complémentés avec du foin et de l’orge de la ferme. Je vendrai une quinzaine d’agneaux par an. Grâce à la prime compensatrice ovine, je produirai aussi des agneaux lourds castrés. Je garderais également une partie des femelles pour assurer le renouvellement et quelques béliers pour la reproduction« , projette Pierre Couloumy.

Si d’autres éleveurs se manifestent, l’association Lainamac importera de nouveaux troupeaux. Pour couvrir ses besoins, Fonty aurait besoin d’un cheptel de 500 têtes.

La laine, un débouché d’avenir

Producteur de veaux sous la mère, de porcs cul-noir, de volailles de brebis rouge de l’ouest et de châtaignes, Pierre Couloumy est adepte de la polyculture. « Après mes études, je n’ai pas pu reprendre la ferme familiale de 30 ha. Il fallait au moins 100 ha pour s’installer ! J’ai donc travaillé pour la chambre d’agriculture puis pour une coopérative bovine. On était au top de l’innovation génétique, dans un schéma très productiviste. La société s’est effondrée et j’ai réalisé une recherche appliquée aux petites exploitations. Je réunissais des éleveurs pour comprendre leur fonctionnement et ils m’ont conforté dans ma vision« , explique-t-il.

Après ce déclic, il reprend enfin sa ferme : « J’ai d’abord rénové la châtaigneraie centenaire pour installer mes brebis. La rouge de l’ouest est trop exigeante et je voulais changer. Quand un ami m’a parlé des mérinos de Lainamac, j’ai fait le rapprochement avec ma femme. Il tient un magasin de laine et ne trouve plus de la laine de qualité. Le tricot est à la mode et la laine est un produit d’avenir. Alors je me suis lancé.« 

La laine, un débouché d’avenir, qui l’eut cru ?

En savoir plus : http://www.lainamac.fr/?page_id=1462 (site de l’association Lainamac) ; http://www.fonty.fr/new (site de la filature creusoise Fonty).

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