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Un début de campagne céréalière à nouveau dans les standards

Avec un début de campagne très sec et frais, contrairement à la douceur inhabituelle des deux hivers passés, les céréales présentent un développement plutôt normal pour la période, avec des peuplements assez satisfaisants. Le point sur l’état des cultures et les tendances des reliquats azotés.

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Un début de campagne très sec et frais

Si les sommes de températures relevées cette année sur la région sont proches des normales, l’impression de fraîcheur a dominé sur le début de cycle contrastant avec une série de campagnes particulièrement douces.

Figure 1 : météo du 1er octobre 2016 au 14 janvier 2017 sur la station d’Angers


Figure 2 : cumul de pluies du 1er septembre 2016 au 10 janvier 2017 sur différentes stations


Les pluies cumulées depuis septembre sont extrêmement faibles. Les hauteurs ne dépassent guère les 220 mm pour les postes les plus arrosés avec un déficit de précipitations pour toutes les stations. Cette période très sèche poursuit la tendance amorcée en début d’été : le deuxième semestre 2016 est le plus sec depuis le début des années 60 !

Quelles conséquences pour les cultures ?

â–º Les conditions très sèches d’octobre ont limité les semis précoces et surtout ont retardé les levées de 8 – 10 jours. A l’heure actuelle, la grande majorité des blés sont entre 1 et 2 talles. Les écarts entre les semis les plus précoces (15 octobre) et les semis de début novembre sont faibles, leurs levées étant très proches. Si les cultures semblent beaucoup moins avancées par rapport à la campagne 2016 – extrêmement précoce – ce niveau de développement est relativement normal pour la saison. Il ne préjuge en rien de la suite de la campagne. Il est prématuré d’envisager des prévisions de stade de fin tallage/début montaison : ce sont la deuxième quinzaine de février et le début du mois de mars qui détermineront la précocité de la campagne.

â–º Malgré des conditions de levées parfois difficiles (sécheresse, préparations de sol difficiles), les peuplements sont très satisfaisants : les cultures sont homogènes, régulières et correctement développées.

â–º L’état sanitaire des cultures est satisfaisant pour l’instant, la sécheresse et les températures fraîches ont fortement limité l’installation des parasites telluriques (piétin échaudage, piétin-verse, mosaïques…) et permettent d’aborder la suite de la campagne dans de bien meilleures conditions que l’année dernière.

â–º Les vols de pucerons, vecteurs de la Jaunisse Nanisante de l’Orge sont beaucoup plus modérés que l’an dernier et leur impact potentiel est d’autant plus faible que les semis et levées très précoces sont pratiquement inexistants cette année. Peu de parcelles étaient levées avant le 5 novembre et les conditions plus fraîches sur la première décade de novembre ont freiné les colonisations des parcelles par les pucerons. La période de froid qui débute et devrait perdurer plusieurs jours devrait mettre un terme à l’activité de ces ravageurs cette année, quelle que soit la date de semis.

Que penser de l’épisode froid annoncé ?

Les températures ont amorcé leur chute et devraient atteindre leurs valeurs les plus basses en cette fin de semaine. Les minima sous abris annoncés restent à des niveaux suffisamment modérés pour être peu préoccupants dans notre région. L’effet du froid sera d’autant plus limité que son arrivée est très progressive et qu’il survient sur des sols bien ressuyés.

Du côté de l’azote : quelle tendance pour les reliquats ?

La disponibilité en azote dans le sol est actuellement la résultante de deux phénomènes contraires :
– haussier : la saison de drainage n’est pas démarrée en raison de la sécheresse prolongée depuis juillet. Il n’y a de ce fait pas de lessivage du stock d’azote minéral des sols.
– baissier : la sécheresse, couplée au retour de températures froides, limite la minéralisation de l’azote organique des sols. Le nombre de jours favorables à la minéralisation est très en dessous des normales – et on estime que la quantité d’azote minéralisé depuis les semis est au niveau du décile 2 – soit les deux années les plus faibles sur dix ans (simulations issues du modèle CHN – ARVALIS – Institut du végétal). Ce profil d’année n’a rien à voir avec les deux campagnes précédentes, marquées par une minéralisation et une absorption par les cultures continues de l’azote au cours de l’hiver.

En conséquence, si le déficit de précipitations se maintient, le niveau des reliquats d’azote dans les sols à l’ouverture du bilan sera de moyen à élevé selon l’historique des parcelles. Il faut s’attendre à une variabilité assez forte des niveaux de reliquats qui incite à faire des mesures. Dans l’idéal, les prélèvements de sol, sont à réaliser courant février plutôt que fin janvier, au plus proche de la date d’ouverture du bilan azoté. A défaut, il faudra réajuster les valeurs des mesures plus précoces en fonction des pluies de février – mars.

Rappelons que jusqu’à fin tallage, les besoins des céréales en azote sont faibles. Actuellement, l’absorption en azote des plantes reste faible. L’enracinement des cultures progresse lentement, au rythme de la croissance des plantes, mais dans de bonnes conditions, sur des sols ressuyés.

Penser aux désherbages quand ils n’ont pas été encore faits

A l’heure actuelle, aucune intervention n’est envisageable avant la fin de l’épisode froid. Il faudra programmer les désherbages non réalisés et les rattrapages dans les parcelles sales dès le retour de conditions favorables – y compris dans les parcelles qui auraient été désherbées à l’automne avec des produits racinaires si ceux-ci n’ont pas donné satisfaction en raison du sec.

 

Sabine Battegay, Anne-Monique Bodilis, Helene Lagrange, Benjamin Pointereau (Arvalis – Institut du végétal)

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