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Sortie d’hiver, adopter la bonne conduite de fertilisation azotée sur céréales

Les conditions climatiques particulières de ces derniers mois compliquent parfois les interventions sur les parcelles. Leur état ainsi que le développement des cultures étant variables, les apports d’azote sont donc à ajuster selon le contexte et les objectifs.

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Les pluies répétées de cet hiver ont eu plusieurs conséquences : des reliquats azotés faibles à moyens, des absorptions d’azote par les plantes parfois limités liés aux excès d’eau. Ainsi, on observe des doses totales prévisionnelles plus élevées par rapport aux années passées. Le fractionnement et le pilotage seront donc essentiels cette année.

Des reliquats en sortie d’hiver : faible à moyen

Compte-tenu des cumuls de pluie plus importants que la normale au cours de l’hiver (tableau 1 et figure 1), une partie de l’azote minéral du sol a pu être entraîné au-delà de la zone explorée (et explorable plus tard dans le cycle) par les racines. L’excès d’eau, causé par les pluies abondantes tombées au cours des 3 derniers mois sur des sols initialement plutôt secs, est notable en Normandie. La synthèse des mesures de reliquat indique des valeurs faibles à moyennes par rapport à des valeurs pluriannuelles.

Tableau 1 : cumul des pluies en mm sur les principales stations météo en Normandie

Source : Données Météo France

Figure 1 : Pluie et températures en pourcentages de la normale pour les principales stations météo en Normandie

Source : Données Météo France

Une absorption d’azote parfois pénalisée par l’excès d’eau et les températures gélives

Malgré un cumul de températures automnales et hivernales initialement plutôt élevé, les croissances des cultures ont pu être freinées par l’excès d’eau et le manque de rayonnement. Les températures gélives de ces dernières semaines ont également pu causer une défoliation partielle des cultures. On observe donc des niveaux d’absorption d’azote par les céréales d’hiver moyens à faibles en cette sortie d’hiver. En effet, une culture bien développée en sortie d’hiver peut aisément avoir absorbé 40 à 60 kg d’azote à l’hectare si le stade est avancé, si la biomasse est forte et si l’INN est supérieur à 1. A l’inverse, une céréale chétive (parce que semée tard, ou carencée en azote par l’hydromorphie) peut, à la même date, n’avoir absorbé que 10 à 20 kg d’azote à l’hectare.

â–º Evidemment, le potentiel de rendement n’est que faiblement corrélé à l’état de la culture aujourd’hui, car le climat à venir et les propriétés du sol conditionneront fortement l’évolution des cultures. La combinaison des faibles reliquats azotés de sortie hiver et des cas d’absorption réduite d’azote par les cultures conduit à des doses totale d’azote conseillées plus élevées cette année que les années précédentes. Ainsi, le fractionnement et le pilotage sont d’autant plus importants.

Quelle conduite tenir ?

â–º Ajuster la dose d’azote totale : la valeur de reliquat mesurée doit être ajustée en fonction des pluies tombées depuis le prélèvement de terre.
A noter : La réserve en eau des sols étant pleine, on peut assimiler les cumuls de pluie depuis cette date à la lame drainante.

â–º Réserver une dose d’engrais pour la fin de la montaison en adaptant bien à la variété. Le tableau 3 ci-après donne le niveau de cette dose à reporter selon la variété. L’utilisation d’un outil de pilotage permettra ensuite d’ajuster plus précisément la dose à apporter à dernière feuille étalée.

â–º Les parcelles ayant reçu un 1er apport d’azote resteront bien pourvues jusqu’à la fin mars. Pour les autres, il faut envisager un apport autour du stade épi 1 cm dès que la portance le permettra. Rappelons qu’en cas d’excès d’eau, l’azote est mal valorisé – il sera donc dans ces situations encore plus important de piloter le dernier apport pour bien ajuster la dose d’engrais aux besoins de la culture.

Tableau 2 : exemples de fractionnements recommandés selon le niveau de dose totale à apporter

A noter : pour les doses totales élevées, il est conseillé de fractionner l’apport épi 1 cm en 2 apports :
– 1er apport à l’approche du stade épi 1 cm doit être égale à 60 % de la dose prévue à ce stade. Dans tous les cas, pour une bonne valorisation, il est déconseillé de dépasser les 100 unités.
– 2e apport à apporter 15 à 20 jours après, avec les 40 % de la dose restante prévue à ce stade.

Tableau 3 : dose d’azote à reporter à dernière feuille en fonction des variétés de blé tendre, dans l’objectif de maximiser rendement et qualité des grains
Blés tendres 2018


Cynthia Torrecillas (Arvalis – Institut du végétal), Manon Verger (Arvalis – Institut du végétal).

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