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Programmes d’automne, une stratégie gagnante contre le vulpin

Dans les situations les plus délicates d’un point de vue gestion des graminées, le recours aux programmes d’automne (prélevée puis postlevée précoce à 1-2 feuilles) est indispensable. Un double passage est en effet un gage de performances, selon les résultats d’essais.

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Les stratégies d’automne ont bien évidement des inconvénients dont, entre autres, le coût et l’impact IFT. En revanche, en présence de populations de graminées résistantes aux inhibiteurs de l’ALS (groupe HRAC B) et de l’ACCase, (groupe HRAC A), ces stratégies sont les seules envisageables en culture.

Voici les spécialités testées dans les huit essais visant à évaluer les programmes tout automne contre vulpins.

Tableau 1 : codage, composition et doses des spécialités expérimentées vulpin

Avec une moyenne de 87 %, les efficacités des programmes tout automne sont supérieures à toutes les autres modalités d’application (prélevée ou 1-2 F). Ce qui est logique, étant donné des « quantités » herbicides apportées supérieures.

Un autre détail est à souligner : la dissociation d’un mélange (Celtic + Fosburi) en séquence prélevée puis postlevée améliore l’efficacité finale (+ 6 points), en bénéficiant probablement de conditions plus favorables sur un des deux créneaux. Cependant, ce postulat n’a toujours pas été démontré : généralement, les applications « renforcées » en un passage étaient plus résilientes que les applications dissociées.

Les trois autres modalités étudiées (CTU + Prowl 400 puis Daiko + Fosburi + H ; Défi + Flight puis Fosburi ; Défi + Codix puis Daiko + Fosburi + H) sont très proches, avec des efficacités comprises entre 91 et 95 %. La base de prélevée est importante (utiliser une association performante) mais les derniers points d’efficacité sont acquis avec le mélange de postlevée précoce. Dans ce contexte, un Daiko 2,25 l + Fosburi 0,6 l + H 1 l assure une meilleure finition que Fosburi seul.

Ces modalités confirment, en situations délicates, leur supériorité. Cependant, certains essais montrent des niveaux d’efficacité insuffisants, avec une probable remise en cause du système de culture en place.

Figure 1 : efficacité des applications en programme d’automne (prélevée puis 1-2 F) (8 essais vulpin 2016-2017) – Prix d’ordre indicatif

Des phytotoxicités très présentes, qui se résorbent

Sans surprise, les associations ou programmes « costauds » sont les plus risqués avec des notes de phytotoxicité plus élevées.

L’essai d’Issigeac (Dordogne) en est un exemple avec le programme CTU + Prowl 400 puis Daiko + Fosburi + H. Il en va de même pour les situations ayant reçu beaucoup d’eau en post-traitement (En Jolis – 32) : des marquages très importants sont observés en postlevée – que ce soit pour les applications uniques ou en programme.

En général, les cultures sont davantage touchées avec les bases Fosburi + Daiko + H ou les bases prosulfocarbe + CTU (dans Tolurgan 50 SC ou Constel). Dans certains cas, à T + 14 j, les notes montent à 4. Ces phytotoxicités se résorbent mais ont pu « éclaircir » la culture. En tenir compte si la situation est très infestée et mérite un programme d’automne.


Figure 2 : Notations de sélectivité à T + 14 j (pour la postlevée) et T + 28 j environ pour la prélevée (8 essais vulpin 2016-2017) – Seuil d’acceptabilité = 3

22 essais compilés sur trois ans

Trois campagnes (automnes 2015 à 2017) ont permis d’étudier un programme à base d’urées substituées (chlortoluron-CTU ou isoproturon-IPU) + Prowl 400 2 l puis Daiko 2,25 l + Fosburi 0,5 à 0,6 l + H 1 l. Rappelons que 1800 g de CTU sont équivalents, voire supérieurs, à 1200 g d’IPU. L’IPU a été étudié en 2015 et 2016, puis remplacé par le CTU en 2017. La dose de Fosburi a varié de 0,5 l (en 2015 et 2016) jusqu’à 0,6 l (en 2017).

Ce programme d’automne donne des résultats systématiquement supérieurs au 2 modalités de postlevée (Fosburi et Daiko + Fosburi + H), avec une efficacité moyenne de 92 % sur trois campagnes, soit un très bon niveau.

Comme observé précédemment, ces modalités n’assurent malheureusement pas toujours 100 % d’efficacité. Dans ces cas, une remise en cause du système de culture est à prévoir (date de semis, travail du sol…). Par ailleurs, les aspects de sélectivité d’un tel programme sont à intégrer dès le départ avec un semis plus dense pour compenser les éventuelles pertes de pieds.


Figure 3 : Synthèse 2015-2017 des applications en programme d’automne (22 essais vulpin)

 

Ludovic Bonin, Lise Gautellier Vizioz (Arvalis – Institut du végétal)

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