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Porc, une embellie inattendue

Dans le concert des éleveurs écoeurés par la situation économique de leur filière, on n’entend plus les producteurs de porcs. Ils avaient pourtant fait la Une au coeur de l’été 2015, protestant contre l’effondrement des cours, comme le font aujourd’hui leurs collègues laitiers.

Depuis le printemps, les cours du vif négociés lors de deux séances hebdomadaires au Marché du Porc Breton (MPB à Plérin, Côtes d’Armor) n’ont cessé de reprendre de la vigueur pour se situer depuis juillet autour de 1,47 euro du kilo vif en prix de base. Valeur à laquelle il convient d’ajouter en moyenne 16 centimes du kilo. Autrement dit, avec un prix moyen de 1,63 euro payé au producteur, « tous les éleveurs vendent aujourd’hui au-dessus de leur coût de production », explique Georges Douguet, économiste spécialisé chez CerFrance à Plérin.

Et ce d’autant plus que le prix de l’aliment a baissé comparativement à la même période de 2015. Tous les bassins de production en Europe sont orientés de la même manière. La raison de cette embellie ? La demande mondiale, principalement venue de Chine, très soutenue depuis le printemps. « Le développement des ventes vers la Chine est une opportunité pour les producteurs de l’UE dont la production est encore en développement sur le premier semestre 2016. Les ventes vers les pays tiers ont été supérieures à l’augmentation de la production, aténuant l’effet (de) l’embargo (sur la) Russie », indique en août le MPB dans une note de conjoncture.

La demande en viande porcine européenne s’exprime de la même manière au Japon, en Corée du Sud, aux Philipinnes, etc.

Combien de temps cette frénésie d’achats durera-t-elle ? D’autres marchés prendront-ils le relais de l’Asie quand sa demande ralentira ?

Il ne faut pas compter sur la demande européenne et encore moins française. Dans l’Hexagone, « la consommation en viande de porcs (Ndlr : le quart de la valorisation de la carcasse) a baissé de 6 % entre le premier semestre de 2015 et celui de 2016 », constate Jean-Pierre Joly, directeur du MPB. En revanche la Commission européenne prévoit en fin d’année une baisse de la production européenne de porcs consécutive à la réduction du nombre de reproducteurs dans les élevages.

Il faudrait deux à trois ans avec des cours élevés

Les cours devraient rester soutenus pendant plusieurs mois encore. Mais pour rétablir les comptes d’une filière en crise depuis plusieurs années, ce ne sont pas des mois mais « deux à trois ans de cours au niveau actuel qui sont nécessaires pour que les éleveurs redeviennent maîtres chez eux », observe Georges Douguet.

L’orientation du marché devrait inciter les éleveurs à investir dans la modernisation de leurs bâtiments, stimulés par les aides du conseil régional de Bretagne (qualité des bâtiments, conditions de travail, économies d’énergie) et les taux d’emprunt.

Cependant la situation favorable aux éleveurs fragilise dans le même temps l’industrie de la charcuterie-salaison qui transforme 70 % du porc en France. La situation est la même en Europe. A la différence près que « la démarche protectionniste du gouvernement français, rendant obligatoire l’étiquetage de l’origine de la viande dans les produits transformés, ne fera qu’amplifier les différences de prix avec les autres fabricants européens et le déficit de certaines pièces », estimait fin juillet la FICT, Fédération des industriels charcutiers, traiteurs et transformateurs de viande.

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