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Passage au carburant E85, le graal pour les betteraviers

Le passage de l’ensemble du parc automobile à l’E10 ne va pas développer la production française de bioéthanol issu de blé et de betteraves sucrières. Seule une conversion massive des véhicules au flex-fuel pourrait redynamiser la filière éthanol, à condition qu’elle ne soit pas phagocytée par la concurrence.

Avec 97 % du parc automobile compatible à l’E10, la consommation de ce carburant ne va pas cesser de croître au cours des prochaines années, tirée par une fiscalité de plus en plus avantageuse par rapport au gazole. Au début 2017, elle représente 41,6 % des parts de marché contre 34,8 % pour le SP95. La progression a été très forte à la fin de l’année dernière.

A ce jour, sur les 12 millions d’hectolitres de bioéthanol produits en France et issus de betteraves sucrières et du blé, environ 8 millions sont consommés, selon Nicolas Rialland, responsable « éthanol » à la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB). Le surplus est exporté.

Si le parc automobile français passe intégralement à l’E10, la production excédentaire serait suffisante pour alimenter le marché intérieur.

Mais la croissance des importations de dérivés d’huile de palme, incorporés dans les essences par des pétroliers européens, concurrence fortement la filière française. Or la « ferme France » a les capacités de produire bien plus de bioéthanol qu’actuellement. A ce jour, 300.000 hectares sont cultivés pour alimenter en blé et en betterave les 16 sites industriels.

Le véritable décollage de la filière bioéthanol serait le passage du parc automobile à l’E85. Pour rappel, il composé jusqu’à 85 % de bioéthanol et complété par de l’essence sans plomb du type SP95.

Mais le contexte réglementaire européen n’est pas propice à un tel essor. Pourtant, il créerait un véritable appel d’air à tous les échelons de la filière, avec à la clé la construction de nouvelles unités industrielles (coût de construction : 250 millions d’euros l’unité). La production française de bioéthanol utilisée par le parc automobile serait alors multipliée par 8 environ. Si celle-ci était compétitive, les surfaces agricoles dédiées à cette activité devraient alors croître dans les mêmes proportions aux dépens des cultures fourragères et alimentaires. 

En fait, la conversion à l’E85 signerait la conversion de l’économie française dans une ère de développement durable. Elle traduirait un changement de paradigme économique et industriel. Mais la France n’est pas prête pour engager une telle révolution industrielle.

A ce jour, la filière bioéthanol affiche des objectifs modestes. Seules quelques dizaines de milliers de voitures seront équipées de boitiers E85 d’ici 2020. Le coût de leur installation oscille entre 800 et 1000 €. Il serait amorti par les économies en carburant entre 12 et 18 mois, selon le nombre de kilomètres parcourus chaque année. Au-delà, les économies attendues s’élèveraient à 500 € par an pour des véhicules roulant 13 000 kilomètres par an.

L’extension de l’E85 est retardée par la faiblesse du nombre de stations essence en mesure de fournir ce carburant (moins de 1000). Par ailleurs, l’homologation des boitiers super éthanol est très récente (arrêté publié le 15 décembre dernier). Enfin, l’achat du boitier E85 est un investissement conséquent.

Les 118 milliers m3 consommés en 2017 (+ 23 % en un an) équivalent à 1,2 % du marché des essences.

A ce jour, 27 millions de véhicules FlexFuel circulent déjà dans le monde (Brésil, Union européenne, Thaïlande, Etats-Unis essentiellement). Lorsque le pétrole est trop cher, les Brésiliens remplissent les réservoirs de leur voiture en éthanol issu de la transformation de cannes à sucre. En Europe, la Suède compte environ 300 000 véhicules FlexFuel.

Hausse des taxes mais le E85 reste leader

A ce jour, le litre d’E85 est vendu environ 0,69 € contre 1,46 € pour l’E95-E10

En 2017, la TICPE appliquée au SP95/SP98 était de 65,07 centimes par litre, au SP95-E10 de 63,07 c/l, au gazole, de 53,07 c/l, au E85 de 9,41 c/l.

Après réévaluations successives en 2018 et 2022, les taxes seront, pour le SP95/SS98 de 77,80 c/l, pour le gazole de 75,23 c/l (soit + 25 c/l), pour le E85 de 18,95 c/l (soit + 9,5 c/l)

 

L’illustration ci-dessous est un montage composé d’une photos de betteraves tout juste arrachées du champ prise par WikiAgri et d’un logo issu de Fotolia (lien direct : https://fr.fotolia.com/id/29213950).

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