cover blank wikiagri

Orge d’hiver, beaucoup d’eau en Champagne pour des rendements moyens

Après une campagne 2017 marquée par la sécheresse quasiment tout au long du cycle des orges d’hiver, la campagne 2018 fait partie des plus humides ! Retour sur les faits marquants et les premières tendances de la récolte 2018 en Champagne.

–stop–

Après un automne-début d’hiver doux et humide, le tallage est globalement bon, hormis en parcelles hydromorphes, ayant souffert des excès d’eau. Le développement se ralentit à partir de février. Le froid s’installe avec des températures entre -10 et -13°C fin février dans une majorité de situations, et jusqu’à -18°C dans le Nord de la Marne et les Barrois. Cet épisode gélif est court et ne provoque pas – ou peu – de dégâts. Le mois de mars se poursuit dans la fraîcheur et sous des pluies fréquentes, favorables à des attaques de rhynchosporiose précoces et intenses.

Figure 1 : cumuls de pluies et de températures du mois d’octobre 2017 au mois de juin 2018

Une montaison très rapide

Les orges d’hiver atteignent le stade épi 1 cm autour du 1er avril, soit dans la moyenne pluriannuelle. La montaison s’accélère fortement avec le mois d’avril très chaud : 32 jours après le début de la montaison, les orges d’hiver épient (autour de fin avril – début mai). Cette montaison rapide engendre des régressions de tiges et des densités d’épis par m² moyennes à faibles selon les situations.

Les mois d’avril et mai sont lumineux (offre globale en rayonnement de 2 nœuds à floraison) et sans gros stress hydrique et azoté (bonnes conditions de valorisation des apports d’azote), le nombre de grains par épi est bon (figure 2).

Le nombre de grains par m² franchit la moyenne pluriannuelle de 21 000 grains/m² lorsque les densités d’épis sont bonnes (> 600 épis/m²). En revanche, lorsque les densités d’épis sont faibles (autour 500 épis/m²) le nombre de grains par m² est en retrait (autour de 16 000 / 18 000 grains/m² – figure 3).

Figure 2 : nombre de grains par épi en fonction du nombre d’épis/m² (historique = points jaunes ; 2018 = points rouges)

Figure 3 : nombre de grains par m² en fonction du nombre d’épis/m² (historique = points jaunes ; 2018 = points rouges)

Des PMG moyens à faibles

Le remplissage des grains se déroule dans des conditions humides, voire d’excès d’eau, et sous un ensoleillement moyen à faible. Au final, les PMG sont moyens (~40 g – figure 4) et échappent aux chaleurs de fin de cycle qui interviennent après la fin du remplissage des grains. Certaines parcelles sont plus ou moins affectées par des PMG faibles (37 g) selon l’intensité des orages/pluies.

La forte pression rhynchosporiose favorisée par le printemps humide a pu affecter le PMG et le calibrage dans certaines parcelles, en particulier sur Etincel, qui devient de plus en plus sensible. Les écarts traité – non traité fongicides dans les essais s’élèvent à 15-20 q/ha (pression moyenne à forte par rapport à l’historique).

Figure 4 : cinétique de remplissage des grains (PMG)

Les rendements sont proches de la moyenne. Les faibles densités d’épis sur certaines parcelles expliquent des rendements inférieurs à la moyenne (et inversement pour les parcelles plus productives). Les teneurs en protéines se situent dans une fourchette optimale pour la valorisation en brasserie (autour de 10,5 %). L’alimentation en azote des orges a été très bonne avec des pluies régulières après chaque apport d’azote. Le calibrage est en moyenne de 85 % (> 2,5 mm) mais variable selon les secteurs/parcelles (verse, maladies, aléas climatiques…).

Des problèmes ponctuels de fertilitéDeux journées (les 14 et 15 mai) sont relevées sur certaines stations météo de l’Aube et de Haute-Marne avec un rayonnement très faibles (< 200 cal/m²) et de forts cumuls de pluies. Ce stress, qui n’est pas sans rappeler ce qui s’était déroulé en 2008, pourrait expliquer des problèmes de fertilité dans certaines parcelles d’orges d’hiver en pleine floraison à la mi-mai. Figure 5 : rayonnement journalier et pluies sur la station Météo France de Troyes (Aube) – stades orges hiver

 

 

 

Alexis Decarrier, Mélanie Franche, Philippe Hauprich (Arvalis – Institut du végétal)

Article Précédent
Article Suivant