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Marchés mondiaux des viandes, l’Inde, la Russie et la Chine rebattent les cartes

Vent d’est pour les marchés des viandes. L’Inde, la Russie et la Chine sont les chefs d’orchestre du nouvel ordre commercial mondial. A l’ouest, les Etats-Unis de Donald Trump pourraient s’imposer en trouble fête.

L’édition 2017 du Cyclope, les marchés mondiaux, pilotée par Philippe Chalmin, professeur à l’université Paris Dauphine dresse, tout au long des chapitres consacrés aux produits animaux, un panorama de la géographie des échanges commerciaux des viandes bovines, ovines, porcines, et de volailles. Ces chapitres ont été rédigés par Jean-Paul Simier, expert agricole.

L’Asie a faim de viande bovine mais l’Union européenne n’en profite toujours pas. L’Inde restera cette année en tête des exportateurs mondiaux en ciblant les pays importateurs de viande bon marché. Le Brésil « profitera d’un real toujours déprécié pour accroître encore ses ventes et les Etats-Unis écouleront davantage d’animaux suite au rebond de la production », analyse Jean-Paul Simier. L’Australie serait en revanche en retrait sur ses marchés habituels.

L’embargo russe contourné

L’instauration de l’embargo de 2014 sur les produits frais, imposé par la Russie aux pays occidentaux (Union européenne, Amérique du nord, Océanie), a réorienté les ventes à l’export des filières affectées. Les grands gagnants de cette nouvelle géopolitique commerciale, imposée par Vladimir Poutine sont le Brésil mais aussi, pour les volailles, la Russie elle-même, l’Ukraine, l’Argentine et la Turquie.

La Russie a en effet engagé un vaste programme de relance de la production de porcs et de volailles, en profitant de l’abondance des céréales produites sur son sol. En Sibérie orientale, les porcs prochainement élevés dans les porcheries en cours de construction, seraient exportés vers le marché chinois.

Sur les marchés des volailles, l’Europe a réussi à surmonter l’embargo russe en conquérant de nouveaux marchés. Ses exportations ont été réorientées vers l’Afrique du sud, les Philippines, Hong-Kong ou encore le Vietnam (100 000 tonnes).

Les viandes bovines interdites d’accès sur le marché russe « ont rencontré une demande forte vers l’Asie, en Norvège et en Côte-d’Ivoire. Mais à quels prix ?

L’Empire du milieu salvateur

Sur le marché du porc, la Chine a sauvé l’Union européenne et les autres pays exportateurs de produits carnés boycottés par la Russie.

L’Empire du milieu est devenu en 2016 le premier acheteur de viande porcine en doublant ses achats par rapport leur niveau de 2013 (au total, plus de 800 mille tonnes équivalent carcasse). « II influence très fortement sur les cours du porc à Chicago ou en Bretagne », assure Jean-Paul Simier. « Plus surprenant, la Chine est le deuxième importateur de viande ovine et depuis 2015, le deuxième acheteur de viande bovine, devant le Japon », ajoute l’expert. L’an prochain, elle augmentera ses achats de viande de volailles en provenance du Brésil.

Les vents d’ouest

Aux Etats-Unis, une érosion attendue du dollar pourrait rendre les exportations américaines de viande bovine plus compétitives. Mais la politique imprévisible du nouveau président américain Donald Trump pourrait aussi rebattre les cartes. Il manifeste une forte réticence envers les accords commerciaux de libres échanges notamment avec notamment l’Union européenne, le Mercosur, l’Alena mais aussi avec la Chine. Donald Trump veut remettre en scène la Russie à ce jour plutôt isolée sur la scène internationale. Enfin, il conteste le fonctionnement de l’Omc.

Sans emprise

Sinon, les facteurs déterminants sur les marchés des viandes, toutes espèces confondues, sur lesquels il est difficile d’avoir une emprise cette année, sont la survenance imprévisible de nouvelles épizooties, la résurgence de politiques interventionnistes, et les fluctuations monétaires. Celles-ci remettent en cause en quelques semaines la compétitivité de filières entières orientées à l’export.

Viande bovine européenne

Le marché européen de la viande bovine est quant à lui avant tout affecté par la surproduction de lait et par ricochet, par un nombre important de vaches laitières de réforme envoyées à l’abattage. Toutefois les exportations d’animaux ont fortement progressé vers le bassin méditerranéen, explique Jean Paul Simier.   

Mais le déclin de l’Union européenne n’est pas enrayé. Sa balance commerciale est tout juste à l’équilibre en volume alors qu’elle était excédentaire de 8 millions de tonnes au début des années 2000.
 

Notre illustration ci-dessous : atelier de viandes destinées à l’export au Brésil.

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