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Maïs, un démarrage de saison très difficile

Les conditions météorologiques de mai et juin ont été difficiles pour les travaux agricoles et les cultures du sud-ouest. En conséquence, les parcelles de maïs en plaine ont parfois plus d’un mois de décalage dans une même zone et certaines ne sont pas encore semées.

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L’épisode pluvieux exceptionnel des 12 et 13 juin a accentué les difficultés et suscite des interrogations chez les agriculteurs (121 mm à Peyrehorade, 98 mm à Oloron, 104 mm à Iraty, 107 mm à St Etienne de Baigorry, 141 mm à Bagnères de Bigorre, 104 mm à Barèges et 87 mm à Dax).

La météo des prochains jours semble indiquer une amélioration et un retour à la normale bien mérités. Etant donné ce démarrage de saison difficile et peu habituel, plusieurs questions se posent dans les plaines.

Maïs déjà implantés : à quoi s’attendre dans l’immédiat ?

Les jeunes maïs (10 feuilles et moins)

Pour les jeunes maïs, une multitude de symptômes est en train d’apparaître dans les parcelles ayant reçu le plus de pluies. Une multitude de foyers de plantes présentant des jaunissements, des rougissements, des blanchiments ou des colorations internervaires apparaissent dans les zones les moins bien drainées des parcelles. Ce sont généralement des symptômes de carences induites par une humidité du sol excessive et trop prolongée, couplée à des températures basses qui bloquent le fonctionnement des racines. Une amélioration rapide des conditions météorologiques pourrait rétablir ces situations sans trop affecter le potentiel. Seules les zones réellement ennoyées pendant plusieurs jours consécutifs risquent d’aboutir à une perte significative de rendement, voire de peuplement.

Outre les problèmes de carences induites, la maîtrise du désherbage est problématique dans un certain nombre de situations. Les rattrapages sont donc à réaliser dès que les sols seront portants.

Tableau 1 : Quelques exemples de solutions herbicides en fonction de la flore présente dans la parcelle

Les maïs les plus avancés (> 12 feuilles)

Ces parcelles présentent généralement beaucoup moins de symptômes que les jeunes maïs. Les plantes plus robustes subissent moins fortement l’impact des températures fraîches et participent mieux à l’assèchement des parcelles. Cependant, lorsque les symptômes de carences apparaissent à ces stades, un léger impact sur le rendement peut déjà être attendu.

Parcelle pas encore semée : que faire encore aujourd’hui ?

En fourrage

Pour la production de fourrages, l’implantation de maïs ne pose pas encore de problèmes du fait des cycles plus courts. Toutefois, passé le 10 juillet, l’alternative d’un fourrage en moha doit être envisagée.

En grain

Dans la situation actuelle, pour un semis imminent et à condition que la météo s’améliore rapidement, on peut viser un potentiel en maïs de 80 quintaux sans accidents à 60 quintaux avec accidents modérés en cours de culture (verse, foreurs…). Toutefois, des récoltes (très) tardives avec des humidités de grains importantes (jusqu’à 32 – 35 %) sont à prévoir. Il est fortement recommandé de se tourner vers des variétés de maïs très précoces pour limiter les écueils.

En dérobée, minimiser les coûts, maximiser la rapidité

Dans la situation actuelle où le temps manque et où le potentiel est entamé, la stratégie la plus prudente est de déployer un itinéraire technique le plus efficace et le moins coûteux possible. Si les températures estivales s’installent, les maïs implantés sur les sols bien pourvus en eau vont se développer très rapidement et laisser peu de temps pour les opérations dans les parcelles. De même, les adventices vont très rapidement se développer.

Idéalement, le programme de désherbage doit s’envisager en un passage, que ce soit en en pré (si le sol est assez humide) ou en post précoce (attention à ne pas se laisser surprendre par la vitesse de développement des maïs et des adventices).

Dans l’hypothèse d’une culture implantée dans des conditions très poussantes, l’impasse sur l’engrais starter permettra de diminuer les coûts. Dans la même idée, l’absence de protection contre les taupins doit s’envisager dans les zones les moins sensibles. Pour limiter les passages au strict minimum, il faudra préférer un apport d’azote en une fois au semis ou vers 3-4 feuilles lorsque c’est possible avec un objectif de 80 quintaux. Le seul élément qui resterait à soigner réellement est la protection de la tige et de l’épi contre les foreurs pour limiter les risques d’accidents (Coragen ou des pyréthrinoïdes positionnés en fonction des pics de vol de deuxième génération). Ces maïs les moins avancés du territoire pourront en effet concentrer les pontes des papillons de pyrale et sésamie.

 

Clémence Aliaga, Aude Carrera, Sylvie Nicolier, Manuel Heredia (Arvalis – Institut du végétal)

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