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Maïs, la récolte approche à grand pas

Chaud et sec, le climat de cet été a été à l’opposé de celui de l’an dernier en Alsace. Difficile de faire un changement plus radical ! Que peut-on retenir des premières observations en termes de maturité et de rendement potentiel ?

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Le climat de cet été aura des conséquences lourdes pour la production de maïs mais on distinguera une très grande disparité dans les résultats selon les situations : irriguée ou non, ayant bénéficié d’un orage bien placé ou non, ayant souffert après l’implantation ou non, etc…

S’il est très difficile de s’accorder pour l’instant sur le potentiel de rendement moyen, on peut quand même faire quelques remarques, suites aux observations et mesures de terrain.


Pour un semis du 20 avril, l’avance en somme de températures est d’environ 115 °.



Très peu de précipitations cet été. On mesure également 58 mm à Meyenheim du 1er juillet au 20 août et 69 mm à Altkirch. Des orages ont pu, ici où là, bénéficier aux plantes comme par exemple les 45 mm relevés au milieu du Haut-Rhin fin juillet. Au prix d’efforts constants durant plus de deux mois, les irrigants ont bien sûr sauvé les maïs d’une mort certaine et assuré une belle récolte. Des parcelles en sol profond, à bonne réserve en eau, ont également bien tenues, même si leur potentiel sera limité par rapport aux années précédentes pluvieuses. Les situations les plus catastrophiques sont logiquement les sols légers non irriguées mais aussi des parcelles en sol argileux, humides au printemps et affichant des hétérogénéités d’enracinement. En fait, on voit de tout, y compris au sein d’une même parcelle.

Des maïs grain en avance de 10 jours

Depuis la mi-août, Arvalis – Institut du végétal et la Chambre régionale d’Agriculture d’Alsace suivent l’état de maturité d’une trentaine de parcelles témoins sur la région. Le remplissage des grains est en cours, ainsi que la dessication des grains. Rappelons que la migration des réserves vers les grains est terminée (pmg max) lorsque les grains atteignent 32 à 34 % d’humidité pour les dominants cornés et 30 à 32 % d’humidité pour les dominants dentés. Nous en sommes encore loin dans la plupart des cas mais comme les plantes présentent déjà une avance en maturité d’une dizaine de jours et que les conditions actuelles permettent une perte de grain conséquente chaque jour, on peut commencer à regarder cela de plus près.

Du 17 au 24 août, toutes situations confondues (corné, denté, date de semis), les maïs ont perdu en moyenne 5.6 points d’humidité, soit 0.8 point par jour. Les mesures d’humidité ci-dessous sont issues de grains mis à l’étuve après égrenage manuel.


Figure 1 : pourcentage d’humidité des grains prélevés le 24 août (égrenage manuel) dans divers lieux pour quelques situations (variétés témoins) – en bleu, les lieux irrigués.

NB : Koherens est une variété cornée (c.cd). Les autres sont à dominante dentée (cd.d ou d).

D’autres situations (lieux – variétés) font l’objet de mesures. Il s’agit de parcelles du Sundgau encore proches de 50 % d’humidité du grain et des parcelles suivies dans le cadre des conseils irrigation (tensiomètres). Pour ces dernières, les valeurs mesurées le 24 août se situent entre 45 et 50 % d’humidité du grain. Arrivant au stade de la dernière irrigation, ces parcelles ne seront plus suivies.

Premières estimations des dates de récolte en grain

Nous ne présentons pas encore de prévision de date de récolte par situation suivie (lieu – variété – date de semis) mais des plages moyennes par grand cas-type. En se basant sur les données météo historiques (30 ans) à partir du 25 août, date des prélèvements de grain, et sur les vitesses de dessiccation des différentes variétés, on peut « estimer » les plages de récolte envisageable à 32 % ou 28 % d’humidité. Pour les variétés précoces à dominance cornée, dont Kohérens est un représentant, les récoltes sont proches si on se contente de « seulement » 35 % d’humidité. La « plage de récolte » correspond au réalisable pour 80 % des 20 dernières années prises en compte. On n’est, bien sûr, pas à l’abri d’une arrière-saison encore plus froide ou encore plus chaude.

Tableau 2 : plage de récolte envisageable pour atteindre au moins 32 % ou 28 % d’humidité pour une variété à dominante dentée. NB : on rajoutera au moins 2 points d’humidité pour une récolte à la machine ce qui décale d’environ 4 jours la récolte. Quoiqu’il en soit, on remarque que l’avance en maturité est bien réelle et d’au moins 10 jours pour le moment.

Les premières récoltes pourront débuter vers le 10 septembre (contre le 20 septembre habituellement) mais il apparaitra certainement intéressant de ne pas trop se précipiter et de profiter du début de l’automne pour le séchage naturel. En fait, tout dépendra de l’état sanitaire des plantes, principalement de la tige et du pédoncule de l’épi ainsi que du climat à ce moment-là et des prévisions.

En fourrage, les ensilages ont commencé dès la semaine du 15 août pour les parcelles les plus stressées. Elles sont souvent en situation non irriguée, et en sols difficiles (argileux). Les récoltes continuent maintenant pour des plantes en meilleur état végétatif mais déjà avancées en stade. La règle habituelle est de dire qu’un maïs approchant les 50 % d’humidité du grain est à 32 % de matière sèche plante entière, stade repère pour un bon ensilage.

La récolte du maïs cribs, qui se fait à humidité plus élevée pour éviter l’égrenage, ne va pas tarder.

Au niveau de la qualité sanitaire, les premières observations des épis vont sont optimistes. Le climat de juillet, au moment de la floraison, n’a pas été propice à une infection par le fusarium graminéarum. On pouvait se poser la question de l’incidence du stress hydrique sur le potentiel de résistance des plantes à une attaque de champignon, mais contrairement à 2006, sec en juillet puis humide en août, le climat 2015 est resté sec. Il faudra bien sûr regarder chaque situation en détail avant d’être catégorique.

Alors que le « trend » d’évolution des rendements régionaux donne un résultat théorique de 115 q/ha pour 2015, la réalité sera bien en dessous, peut-être vers 100 q/ha. Mais ce chiffre est à affiner en fonction d’observations plus précises sur toute la région. C’est le nombre de grains/m2 présents qui sera prépondérant dans l’estimation.

Didier LASSERRE (Arvalis – Institut du végétal)

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