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Maïs, gérer les nouvelles levées d’adventices en postlevée

Les conditions climatiques du début de campagne ont favorisé l’émergence des adventices, et davantage encore avec les précipitations enregistrées ces derniers jours. Il est nécessaire de suivre attentivement ces émergences pour adapter au mieux le désherbage de postlevée.

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Avec des conditions sèches début avril, la région a connu un retour des pluies sur la deuxième quinzaine du mois. Ce climat a été bénéfique aux semis précoces et aux levées homogènes du maïs sur l’ensemble de la région. Il a permis un bon fonctionnement des désherbages de prélevée. Dans certaines situations, de nouvelles interventions en postlevée peuvent être envisagées.

Evaluer la situation en premier lieu

Tout d’abord, il convient de bien repérer le stade du maïs. Il faut toujours éviter les applications sur des maïs pointants et attendre le stade 2 feuilles sur des maïs en bon état végétatif.

Parallèlement, il est nécessaire d’inventorier précisément la flore en présence : espèces et stades de développement. Cet inventaire est indispensable pour choisir les produits et composer les mélanges les plus adaptés à la flore en place.

Enfin, penser à évaluer l’impact des interventions déjà réalisées sur la flore présente et à venir. Pour ce qui concerne les racinaires (chloroacétamides ou Adengo/Koloss), une humectation minimale du profil est indispensable. En effet, contre les graminées, on considère que 10 à 15 mm peuvent suffire dans les quinze jours qui suivent l’application. Passé ce délai et au-delà de 3 feuilles des graminées, la réactivation devient hypothétique.

Les précipitations enregistrées sur la région depuis début avril ont été suffisantes pour avoir un effet activateur sur les traitements de prélevée réalisés la première quinzaine d’avril. Quelques zones enregistrent toutefois de faibles précipitations (inférieures à 15mm) : il s’agit principalement de l’ouest du Loiret et de l’Est du Puy-de-Dôme (zones bleu clair sur la carte).


Figure 1 : cumul des pluies du 1er avril 2015 au 2 mai 2015


Composer le programme de postlevée

Dans les situations où rien n’aurait été fait à l’heure actuelle, et des risques liés aux graminées sont suspectés, les flores de dicotylédones peuvent être gérées sur la base de programmes tout en postlevée. Sauf densité très faible, deux applications seront souvent nécessaires. Pour assurer une meilleure efficacité, mieux vaut intervenir sur des stades les plus jeunes possibles.


Figure 2 : exemples de stratégies de post-levée deux passages sur dicotylédones classiques et difficiles


Conditions générales d’emploi des produits en postlevée

La pénétration des substances actives est favorisée en conditions poussantes le jour de l’application mais l’efficacité et la sélectivité seront optimales si ces conditions sont également réunies au cours des journées qui encadrent l’application. Le risque de phytotoxicité sur le maïs est augmenté si les conditions sont stressantes après l’application. La figure 3 résume les éléments à prendre en compte pour optimiser l’efficacité et minimiser le risque de phytotoxicité de ces substances actives.


Figure 3 : impact des conditions d’application sur la sélectivité des herbicides foliaires systémiques



• Le stade du maïs est à considérer essentiellement pour la sélectivité. D’une façon générale, une fois passé le stade pointant auquel il est déconseillé de traiter, la plupart des produits sont utilisables sans risque pour des plantes qui s’étalent entre 2 et 6 feuilles. Au-delà de 6 feuilles, les doses des produits contenant des auxiniques (Dicamba, Fluoroxypyr) sont plafonnées. Les autres produits sont en général utilisables jusqu’à 8 feuilles du maïs mais leur efficacité devient aléatoire (stade des adventices développé, effet écran du maïs…).

• Traiter des maïs en bon état, notamment avec des herbicides de type auxinique ou sulfonylurée,

• Le traitement doit impérativement s’effectuer alors que l’hygrométrie est élevée (65 % mini). Par temps sec, les applications doivent être réalisées le matin avant 9 – 10 heures. Le soir, le retour à des niveaux d’hygrométrie satisfaisants ne se fait pas avant 20 heures.

• Eviter de traiter avec des auxiniques ou des sulfonylurées si la météo des jours qui suivent l’application prévoit des températures mini inférieures à 10 °C et des températures maxi supérieures à 25 °C. L’attention doit être redoublée vis-à-vis des températures dans les sols noirs riches en Matières organiques qui exacerbent les écarts de températures.

• Tous les produits n’ont pas les mêmes exigences vis-à-vis de la qualité de pulvérisation. Une certaine souplesse existe pour les systémiques qui peuvent s’utiliser à volume réduit et/ou avec une granulométrie plus importante pour limiter la dérive. Les produits de contact (bromoxynil, bentazone) requièrent en revanche une qualité de couverture de la cible plus importante. Préférer des volumes supérieurs à 100 l/ha, 150 l/ha avec des buses anti-dérive. Augmenter en particulier les volumes d’eau pour des produits ou associations à base de Basamaïs (sur érodium ou géranium par exemple).

• Eviter les mélanges auxiniques + sulfonylurées. Les risques de phytotoxicités sont accrus.

• Adjuvants : limiter leur usage aux cas particuliers recommandés par les fabricants (Auxo, Stratos Ultra avec Dash, Laudis avec Actirob B, Lontrel avec huile…).

• Consulter toujours l’étiquette pour les conditions d’emploi spécifiques du produit et vérifier les possibilités de mélange.

Yann FLODROPS (ARVALIS – Institut du végétal)

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