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Maïs, après les semis, le désherbage

Le temps pluvieux et frais jusqu’à mi-avril a fait place à une période chaude et sèche, attendue pour pouvoir enfin démarrer les semis de maïs. Les adventices ont également profité de ces conditions estivales dans leur dynamique de levée.

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L’année 2018 se positionne sur des dates de semis plus tardives pour la région. Concernant le désherbage, la première question à se poser est le type de flore attendu sur la parcelle. Dans tous les cas, il est recommandé de positionner les interventions sur adventices non levées ou à des stades très jeunes. Les stratégies à double passage restent les plus sécurisantes et les plus régulières pour une bonne maîtrise de la flore dans la région. Cela signifie toutefois un coût significatif de désherbage.

Alterner et diversifier les modes d’action

Dans un objectif de gestion durable du désherbage et de prévention des résistances aux herbicides, on veillera à diversifier et alterner les modes d’actions des produits utilisés. Les programmes n’utilisant que des herbicides inhibiteurs d’ALS (nicosulfuron, tritosulfuron, prosulfuron, thiencarbazone, foramsulfuron…), mode d’action HRAC B, sont parmi les plus exposés au phénomène de résistance et donc à proscrire. Des cas de sétaires résistantes au nicosulfuron ont été diagnostiqués dans la région Poitou-Charentes, et de digitaire en Pays de la Loire.

Tenir compte des évolutions réglementaires

Côté règlementation, le réexamen des produits de désherbage donne lieu à l’apparition de nouvelles contraintes dans leur utilisation, ce qui complique la gestion des produits.

Par exemple, les spécialités Peak et Casper voient leurs conditions d’utilisation évoluer avec une nouvelle contrainte : « Ne pas dépasser 15 g/ha de prosulfuron 1 fois tous les 3 ans ». Ce qui signifie que les parcelles sur lesquelles ces herbicides ont été appliqués en 2016 et/ou en 2017 ne pourront pas recevoir de prosulfuron en 2018.

Par ailleurs, la spécialité Adengo comporte désormais une obligation de dispositif végétalisé permanent (DVP) de 20 m à compter des semis de 2018.

Tableau 1 : flore rencontrée et stratégie de désherbage conseillée dans la région Poitou-Charentes

Flore complexe de graminées, dicotylédones classiques et difficiles : la stratégie « pré puis post » incontournable

La stratégie de prélevée relayée par une intervention de postlevée est à privilégier voire s’impose dans les situations où les graminées sont présentes en forte densité ainsi que certaines dicotylédones (comme les véroniques de Perse). Elle est incontournable pour les situations de sétaires résistantes au nicosulfuron. Outre l’efficacité sur les premières levées, c’est essentiellement la rémanence des produits de la famille des chloroacétamides qui confère au programme sa robustesse. Dans les situations attendues de forte pression en graminées, cette conduite reste incontournable même si les conditions climatiques de cette fin avril peuvent ne pas être complètement réunies, notamment sur le plan de l’humidité de surface des sols ou de la pluviométrie annoncée.

Tableau 2 : exemple d’herbicides maïs pour la prélevée

Le passage de postlevée faisant partie intégrante du programme dès sa conception, il n’y a pas nécessairement d’intérêt à trop augmenter le coût dès la prélevée. Néanmoins, lorsque certaines adventices difficiles sont attendues en très fortes infestations, un renforcement ciblé en prélevée est possible :
     • pendiméthaline : intérêt majeur sur renouée des oiseaux, quelques graminées (vulpin, pâturin) et dicotylédones classiques. Peu d’intérêt sur renouée liseron, géraniacées, mercuriales, crucifères…
     • thiencarbazone-méthyl : intérêt majeur sur renouée des oiseaux et renouée liseron… mais faible sur mercuriale.
     • isoxaflutole (IFT) : intérêt manifeste sur ambroisie, crucifères, dicotylédones classiques, lamier, linaires… mais faible à nul sur renouées, mercuriale, géraniacées…

Cas particulier de la Post levée précoce

Passer en postlevée précoce peut constituer une alternative cette année si les conditions en post semis prélevée sont mauvaises (sol de surface très sec et persistant, faible pluviométrie annoncée dans les 15 jours après le semis). Mais cela est uniquement valable pour les situations à faibles densités de graminées. Le report en postlevée précoce (viser 1-3 feuilles du maïs et des adventices en cours d’émergence) d’associations à base de S métolachlore (Dual Gold ou Camix avec une tricétone) ou DMTA-p (Isard) et une sulfonylurée constitue une option possible. La thiencarbazone-méthyl (Adengo) peut également être utilisée en association avec un chloroacétamide ou une sulfonylurée (nicosulfuron) en post précoce pour ce type de flore (mais attention au risque de sélectivité en cas d’amplitude thermique marquée). Lorsque la levée des adventices est avancée – et notamment dès que les graminées ont dépassé une feuille – mieux vaut se reporter sur des associations de postlevée dans le cadre d’un programme à un ou deux passages.

Tableau 3 : Exemple d’herbicides maïs pour la post levée précoce

* attention, la sélectivité de cette association est réduite en cas d’amplitude thermique marquée. Ne pas appliquer ADENGO après 3 feuilles du maïs.

Double post levée : pour les situations où la pression graminées est moyenne et sur flore dicotylédones dominantes

Rappelons que c’est une stratégie technique. Mise en œuvre sur adventices très jeunes, notamment pour les plus difficiles à détruire (mercuriale, renouée…), les observations doivent être très précoces pour positionner au plus tôt le premier passage et gérer le rattrapage selon l’échelonnement des levées. Les passages se font à l’opportunité et nécessitent une grande réactivité avec prise en compte des conditions climatiques pouvant être très changeantes sur cette période (amplitude thermique, hygrométrie faible…).

Thibaud Deschamp, Céline Drillaud, Jean-Louis Moynier (Arvalis – Institut du végétal)

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