cover blank wikiagri

Maïs 2015, les semis se préparent

Les conditions printanières annoncées cette semaine avec une hausse progressive des températures permettront des semis précoces et groupés de maïs. L’intérêt économique de cette pratique n’est plus à démontrer. La qualité de la préparation de semis conditionne la réussite de la culture.

–stop–

Semis précoce : saisir les opportunités

La précocité des semis reste un levier essentiel pour la compétitivité du maïs. Les avantages recouvrent plusieurs registres : date de récolte plus précoce et/ou niveau d’humidité plus bas, économie de frais de séchage et qualité sanitaire préservée, respect de l’intégrité de la structure de sol, « esquive partielle » par l’atteinte des phases clés de mise en place du rendement avant les stress, ou les éventuelles restrictions estivales d’irrigation. Ces avantages l’emportent sur les inconvénients : risque de gelée à la transition florale (à partir du stade 6 feuilles) ; vulnérabilité potentiellement accrue aux attaques de taupins, d’oscinie et de corbeaux ; maîtrise plus pointue du désherbage (levées échelonnées et limite de persistance des herbicides).


Figure 1 : enjeux autour des semis précoces


La possibilité de semer tôt dépend avant tout du type de sol et notamment des capacités de ressuyage et de réchauffement. En général, les possibilités sont plus limitées en sols lourds, froids battants ou hydromorphes, restreintes en sols limoneux ou sableux, et plus larges en sols aérés de type argilo-calcaires et limons argileux sains. Néanmoins, la situation doit s’apprécier au cas par cas.

En limons battants, il faut être particulièrement vigilant aux préparations trop fines en surfaces qui pourraient s’avérer battantes au retour des pluies. Tout peut être compromis si la levée n’est pas assez rapide !

D’une façon générale, mais en particulier dans ces situations, la fertilisation starter est recommandée.


Figure 2 : médiane du dernier jour de gel des régions Centre – Ile-de-France – Auvergne – Bourgogne – Limousin (1993-2013) – Carte par interpolation


L’intégration des données des vingt dernières années (1993-2013) met en évidence en médiane sur la zone Centre – Ile-de-France – Auvergne – Limousin un risque de dernier jour de gel principalement jusqu’à la mi-avril (période du 11 au 21 avril, en orange). Certaines zones apparaissent moins sensibles aux gelées de la deuxième quinzaine d’avril (Indre-et-Loire, ouest de l’Indre et de la Haute-Vienne, nord et sud du Cher, autour de la frontière Nièvre/Yonne ainsi qu’autour de la région parisienne). Pour d’autres, le risque se prolonge jusqu’à fin avril (Auvergne Sud), voire début mai (ouest du Cantal, Haute-Loire).

Par ailleurs, il est à noter qu’avant 6 feuilles, les méristèmes de la plante se situent dans le sol et sont protégés d’un gel modéré. Un gel foliaire avant ce stade n’aura qu’un impact modéré sur le potentiel de rendement.

Créer une structure favorable avec le travail du sol

Les opérations de travail du sol ont pour objectif de créer une structure favorable à la levée et à l’enracinement. Un bon enracinement permettra une meilleure valorisation de l’eau et des éléments minéraux. Les discontinuités dans le profil de sol sont particulièrement dommageables. En conditions sèches, éviter notamment de créer des horizons foisonnants. Les préparations creuses et soufflées doivent être proscrites car en limitant le contact graine – sol et racines – sol, elles peuvent limiter l’humidification de la graine et l’alimentation hydrique et minérale de la jeune plante.

Le but est d’obtenir une terre ameublie en profondeur, rassise sans être trop tassée, et affinée sans excès en surface. La transition entre le lit de semences et l’horizon délimité par les outils de reprise, doit être progressive car au sevrage (stade 4-5 feuilles) les jeunes racines se développeront dans cette zone. Une telle structure facilite les remontées d’eau par capillarité.

Semis, soigner la mise en place du peuplement

Une levée rapide et homogène garantit un bon départ pour la culture. La graine doit être placée au contact de l’humidité de la terre fine dans un sol meuble (aéré) et rappuyé (non creux).

Mettre le grain à une profondeur régulière, d’environ 3-6 cm, dans le frais. Moins profond, il est plus exposé aux attaques d’oiseaux et risque de ne pas germer si l’épisode sec perdure. Trop profond, la levée sera plus lente et moins régulière.

Pour assurer une profondeur régulière, il est indispensable de semer lentement avec un semoir en parfait état (pneus bien gonflés, socs en parfait état, aspiration sans faille…).

Quelle densité de semis ?

La densité de culture se raisonne en fonction du potentiel de la parcelle (en premier lieu sous l’influence des ressources hydriques), du groupe de précocité, du type de grain et de la destination de la culture.

Les essais réalisés par Arvalis – Institut du végétal et ses partenaires depuis 2006 en maïs grain irrigué, ont permis de préciser les fourchettes de densités de plantes optimales dans des contextes climatiques, et des types de sols variés de la région Centre. Outre les effets des types de précocité, les deux facteurs de variation mis en évidence dans les essais, à savoir la satisfaction des besoins en eau et le prix du maïs, influencent significativement l’optimum technico-économique de la fonction de production entre le rendement net et la densité de semis. Or, ces deux facteurs sont variables et pas toujours connus au moment du semis. Mieux vaut donc raisonner l’ajustement de la densité de semis en fonction du facteur a priori connu que constitue le couple précocité-variété. Ceci en vue de l’établissement d’une architecture idéale de peuplement : un épi bien rempli par plante.


Figure 3 : densités de semis préconisées selon le type variétal

* Les pertes à la levée doivent considérer les pourcentages de germination (de l’ordre de 98 % en maïs), la qualité de la préparation du lit de semences, la date de semis et le niveau de protection des plantes.


Dans un contexte hydrique où la probabilité de restrictions en eau est forte, ou dans le cadre d’une gestion sous régime volumétrique limité, on se calera plutôt sur le premier chiffre des fourchettes. Réduire d’avantage la densité ne constitue pas une économie très conséquente et revient à hypothéquer le rendement accessible si la pluviométrie estivale s’avère favorable. En culture pluviale, la valeur basse des fourchettes constitue un bon compromis.

Pour un maïs fourrage, ajouter 5 000 plantes par rapport à un maïs grain soit 100 – 110 000 plantes.

Dans notre jeu de données, le type de sol influence assez peu la réponse, il intervient en revanche au niveau des pertes à prendre en compte entre densité de semis et densité de plantes visées notamment au regard de la charge en cailloux : semer environ 5 à 10 % de graines en plus afin de compenser les pertes (graines non germées, attaques parasitaires).

Ne pas se fier aveuglément au livret de réglage du semoir mais vérifier au champ le nombre de graines semées en déterrant quelques mètres (pour une densité de 100 000 graines, il faut 8 graines par mètre linéaire pour un écartement de 80 centimètres entre les rangs).

Les solutions pour la protection au semis contre les ravageurs

On peut classer les parcelles à risques en fonction des critères suivants : dégâts antérieurs observés sur la parcelle, prairie de longue durée ou jachère dans la rotation et particulièrement la première et la deuxième année après retournement, terres légères…

Pour les semis de maïs en 2015, plusieurs solutions de protection sont disponibles :

– Deux solutions en protection de la semence :

• Sonido : à base de thiaclopride
• Force 20CS : à base de téfluthrine


– Trois solutions micro granulés en localisation dans la raie de semis :

• Force 1,5 G : téfluthrine à appliquer avec le diffuseur Syngenta
• Belem 0,8 MG : cyperméthrine à appliquer avec un diffuseur DPX
• Fury Geo : zeta cypermethrine avec un diffuseur


Figure 4 : niveau d’efficacité des différentes solutions existantes pour la protection du maïs contre les attaques de taupins 
Synthèse de 11 essais – maïs grain, maïs fourrage 2011-2014

 

Yann FLODROPS (ARVALIS – Institut du végétal)

Article Précédent
Article Suivant