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Les « agri-rando » font mieux comprendre l’agriculture

Un agriculteur de Corrèze organise des randonnées touristiques en 4×4 sur le thème de l’agriculture. En visitant différentes fermes, ses clients cernent la réalité du métier d’agriculteur.

Gilles Dupuy est éleveur depuis plus de 30 ans à la Chapelle-Saint-Géraud en Corrèze. Son autre casquette : guide-conférencier touristique, spécialisé dans l’agriculture. « Je me suis aperçu que les urbains ont une vision de l’agriculture très décalée par rapport à la réalité. J’ai donc eu l’idée d’organiser un circuit touristique de ferme en ferme pour casser les idées reçues. Les gens veulent savoir ce qu’ils mangent et c’est bien normal. Mais les médias leur font peur avec des reportages très anxiogènes. Je veux leur prouver que les agriculteurs font du bon boulot, des produits de qualité tout en respectant la nature et les animaux. »

Il lance sa microentreprise au printemps dernier et achète un 4×4 tout confort pour transporter ses randonneurs. Depuis, il propose ses sorties deux jours par semaine, les mardis et jeudis. Le reste du temps, il s’occupe de sa ferme qui compte une cinquantaine de mères limousines sur une soixantaine d’hectares. Et à ses « heures perdues », Gilles Dupuy est aussi maire de la commune !

Pour découvrir la diversité de l’agriculture

Les groupes sont volontairement limités à sept personnes. « Cela favorise les échanges. D’ailleurs, on fixe une règle très simple : dès que les gens montent dans la voiture, ils doivent se tutoyer », sourit Gilles Dupuy.

Et c’est parti pour une journée intense, dans les forêts vallonnées de la Xaintrie, frontière entre le Cantal et la Corrèze. Les deux boucles de la journée tournent autour d’Argentat. A 9 heures, la première halte commence chez un éleveur de porcs en plein air à Saint-Privat. « J’explique notamment les différents modes d’alimentation entre un élevage intensif et raisonné. Mais je parle aussi de la transformation et des résultats techniques de la ferme. Les gens ignorent souvent que le porc est la viande la plus consommée au monde », commente le guide.

Après un détour pour admirer une vue inédite sur les tours de Merle (sublimes ruines d’un château médiéval juchées sur un éperon rocheux), le convoi plonge dans la vallée de la Maronne pour visiter un élevage de pigeons. « C’est un petit élevage. Il a 1000 pigeons hubbell, ce qui correspondrait à une ferme d’une douzaine de vaches. Mais il s’en sort bien grâce à la vente de reproducteurs et la transformation à la ferme ».

Retour à Argentat pour déguster les produits fermiers dans un restaurant gastronomique. L’après-midi, il présente une ferme bio à Saint-Bonnet-Elvert qui élève des veaux de lait sous la mère, des lapins, des chèvres (fabrication de fromages), et entretient un potager. Après la visite des trois cascades de Murel qui s’engouffrent dans un dédale de pierre, une petite dégustation est proposée avant le clou du spectacle : la traite des vaches à 18h30. « Cette ferme de Saint-Chamant a opté pour la race simmental. Elle transforme l’intégralité du lait en fromages blancs et yaourts », précise Gilles Dupuy.

Une journée bien remplie, donc le but n’est pas de vendre les produits à tout prix : « J’essaie juste de leur montrer un panel assez large d’exploitations pour donner une idée plus juste de ce qu’est l’agriculture aujourd’hui. Je ne leur donne pas ma position, mais je leur présente les quatre grandes familles d’agriculture : conventionnelle, raisonnée, bio et biodynamique. »

Des échanges riches, et des questions étonnantes

Ces visites sont également très enrichissantes pour l’éleveur qui s’est beaucoup renseigné pour monter ses visites : « Je suis incollable sur la gestation des chèvres et l’élevage des lapins sur herbe », sourit le guide qui doit répondre parfois à des questions surprenantes : « On me demande régulièrement ce que sont les tas recouverts de plastique au bout de champs… Beaucoup de gens n’ont aucune idée du nombre de litres que donne une vache. Souvent, ils pensent aussi que les vaches sont moins bien logées quand elles sont nombreuses dans les stabulations modernes, mais elles sont largement mieux que dans les étables à l’ancienne. On a tendance à croire que c’était mieux avant. Mais aujourd’hui, les jeunes choisissent ce métier par passion, malgré la crise qui est bien là. »

Des agri-randos à la carte

Pour éviter la lassitude, de nouveaux producteurs seront inclus dans le parcours. Gilles Dupuy peut aussi s’adapter à des demandes spécifiques : « Par exemple, j’ai assisté à titre personnel à la traite des brebis près de Millau, en zone roquefort. C’était vraiment incroyable. Si j’ai sept personnes intéressées, je serai ravi d’organiser une visite ».
Sa clientèle est très diversifiée : familles avec enfants, personnes âgées, curieux de passage… Ses premiers clients ? Des jeunes parisiens qui faisaient un enterrement de vie de garçon. « Le type a passé sa journée en jupe dans les champs ! Globalement, c’est hyper intéressant. Je rencontre plein de gens différents et intéressés. Comme le groupe est faible, on peut prendre le temps d’échanger réellement. Quand on se quitte le soir, on sent qu’il s’est passé quelque chose ». 

Il est possible de réserver et payer en ligne sa visite. Comptez 60 euros par adulte pour la journée – sans le repas du midi – et 40 euros pour l’après-midi seul.

 

En savoir plus :  http://agrirando.fr (site internet) ; https://www.facebook.com/randoagri (page Facebook).

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