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Le prix du lait a baissé 25 fois plus fortement que celui de l’aliment pour bétail

Ces derniers mois, le coût de l’aliment dans les filières de l’élevage (lait, viande bovine et porcs) a baissé. Mais ramené au prix de vente des produits animaux eux aussi en recul, ce repli équivaut parfois à peine à un pour cent de la valeur des animaux vendus dont les prix ont parfois diminué de 20%, générant une forte réduction des marges des éleveurs.

Une baisse du coût de l’alimentation animale en France permet éventuellement de supporter une baisse des prix des produits animaux sans rogner les marges. Mais à condition que certaines proportions soient respectées. Or ces douze derniers mois, le décrochage entre l’évolution du coût de l’alimentation animale et des prix de vente des animaux est flagrant. Il explique en grande partie le mécontentement des éleveurs.

Intitulée « Le prix de compensation du coût de l’aliment dans les filières d’élevage », une étude du ministère de l’Agriculture (lien en fin d’article) démontre que la valeur des produits animaux a parfois diminué 5 fois plus vite que le coût de l’alimentation.

Autrement que ce prix de compensation, égal, en pour cent au prix à la production qui compenserait l’évolution du coût de l’aliment, est parfois cinq fois inférieur à la baisse en pour cent des prix de vente constatés. Et dans chacune des filières étudiées, cette baisse est d’autant plus ressentie que la part du coût de l’alimentation par rapport à la valeur de l’animal vendu est faible (23 % en production laitière contre 60  % environ en production porcine).

En production laitière par exemple, le prix du lait a reculé en moyenne de près de 20 % en rythme annuel en février 2015 tandis que le coût de l’alimentation n’avait baissé que de 3,8%. Or ce dernier ne représente que 23 % de la valeur du prix de vente du lait.

Aussi, les marges des producteurs auraient été préservées si le recul du prix du lait n’avait pas excédé le prix de compensation du coût de l’alimentation estimé à 0,8%. Or en ce mois de février (pris en référence), la baisse du prix du lait avait été 25 fois plus forte !

En tenant le même raisonnement, la variation de 2 % à 4 %, au cours des douze derniers mois, du coût de l’alimentation animale en production bovine équivalait à 1 % de la valeur des animaux. Or le recul du prix de la viande bovine en rythme annuel, observé durant la même période, a atteint certains mois 8 %! 

Le porc n’est pas en reste

La crise actuelle de l’ensemble des filières d’élevage est donc bien un problème de prix, de marge et de valeur ajoutée que les baisses des coûts de l’alimentation animale ne compensent pas depuis des mois. Surtout, comme nous l’avons mentionné, lorsque la part de l’alimentation comparée à la valeur de l’animal est faible (autrement dit si les charges de structures sont élevées).

En production porcine, la situation est différente. Une baisse du prix du cout de l’alimentation de 1% équivaut à une hausse du prix de vente de 0,6 % environ. Aussi la baisse de ce poste de charges (jusqu’à 9,8 % en rythme annuel au cours de ces douze derniers mois) aurait permis de supporter un recul des prix plus élevé (jusqu’à 6 %) que pour les autres filières tout en préservant les marges des éleveurs.

Mais la diminution des cours du porc a été plus violente. Elle a flirté le seuil de 20 % en rythme annuel.

Perte de 5 à 10 % de valeur ajoutée

Sous un angle différent, l’étude « Le prix de compensation du coût de l’aliment dans les filières d’élevage » confirme la grande vulnérabilité des exploitations d’élevage face aux prix des marchés produits animaux vendus qu’aux coûts de l’alimentation animale.

Toutefois, si le prix de vente de ces produits animaux était davantage lié aux coûts de l’alimentation, les exploitations auraient certes davantage de facilités  pour s’adapter à l’évolution de la conjoncture mais la question de la faiblesse des revenus des éleveurs resterait d’actualité. 

Sinon, l’étude du ministère « Le prix de compensation du coût de l’aliment dans les filières d’élevage », souligne une dégradation économique des filières animales depuis 2008. L’inflation des prix des matières premières agricoles s’est traduite par une hausse de la part des charges d’alimentation dans la valeur du produit brut des exploitations spécialisées de plus de 5 points en production laitière et en bovins viande et de près de 10 points en production porcine. Aucune baisse des prix de l’aliment et aucune hausse des prix de vente n’ont permis aux éleveurs de retrouver un coût de l’alimentation rapporté au produit de vente équivalent à celui d’avant 2008.

Les filières animales semblent avoir ont ainsi perdu plusieurs points de valeur ajoutée, autrement dit de richesse créée, sans avoir eu la possibilité de les regagner.

 

En savoir plus : http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/conjinforap201509cpro_tdb.pdf (étude du ministère de l’Agriculture intitulée « Le prix de compensation du coût de l’aliment dans les filières d’élevage »).

1 Commentaire(s)

  1. J’espère que vous comprenez ce que vous avez écrit, parce que pour moi c’est le flou total!!!

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