photo s ance de vente au mpb

Le président du Marché du porc breton plaide pour un retour du collectif

Le marché du porc breton, qui fixe les prix du porc vivant, reste le meilleur baromètre de cet élevage en France. Or, les prix baissent, l’élevage va mal. En raison d’un égocentrisme à tous les niveaux de la filière, selon Daniel Picard, président.

Les années passent et les éleveurs de porcs français se demandent si les cours désespérément bas ne vont pas finir par les décimer. Le cours du porc au Marché du porc breton (MPB), seul cadran français à fixer les prix du porc vivant, s’est établi en 2014 à 1,327 euro du kilo, soit 14 centimes de moins que l’année précédente.

Sur les quatre premiers mois de l’année 2015, le cours a encore chuté à 1,179 euro. Ce niveau de prix met en péril bon nombre d’élevages et fait craindre que la filière n’entre “dans une spirale infernale : le syndrome anglais”, a indiqué jeudi 29 mai Daniel Picard, président du MPB au cours de son assemblée générale. En dix ans, la Grande-Bretagne a perdu 30 % de ses éleveurs “sans pouvoir résister, à cause de contraintes qui lui ont fait perdre toute compétitivité”. Cette situation renvoie l’image d’une France où chaque maillon de la filière a joué la carte de l’égoïsme ces vingt dernières années, poursuit en substance Daniel Picard. Les éleveurs se sont contentés de produire, laissant aux autres le soin d’organiser la filière. Les groupements ont joué de la même partition. Ils “ne sont pas naturellement attités par la mise en marché collective.” Les abattoirs “préfèrent toujours acheter moins cher que d’essayer de vendre plus cher”. Les salaisonniers ne comprennent pas que “si la production diminue en France, les usines de transformation iront ailleurs”.

Au yeux de Daniel Picard, la palme d’or de l’égoïsme revient à la grande distribution qui demande “à tous de faire des efforts dans leurs prix, ce qui leur permet de prendre (…) 25 à 30 % de marge sur un produit carné, sur lequel personne à l’amont n’aura gagné un sou.” Le président du MPB pointe aussi la responsabilité du citoyen-consommateur qui réclame “les normes les plus dures” mais achète toujours au moins cher, et de l’Etat. Il existe encore des solutions pour que le syndrome anglais ne franchissse pas la Manche. En particulier celles-ci : revenir à la défense collective du métier signifie vendre plus de porcs au MPB pour que la production ait plus de poids face aux abatteurs-acheteurs ; cesser de livrer sous les cahiers des charges des industriels et des distributeurs, plaide Daniel Picard.

Les producteurs estiment qu’il leur manque 20 centimes du kilo pour être tout juste à l’équilibre. Ils attendent des gestes forts du ministre de l’Agriculture dont on attend les annonces, le 12 juin prochain.

Ci-dessous, séance de vente au Marché du porc breton.

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