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Le monde agricole en un tour, impressions d’un tandem normand d’agronomes

Pauline et Arnaud François sont revenus dans la Manche après un superbe périple préparé de longue date, consistant en un tour du monde à tandem, avec pour thème la découverte des agricultures. Ils livrent leurs impressions à WikiAgri.

Arnaud est ingénieur agronome, aujourd’hui âgé de 29 ans. Son épouse Pauline, 26 ans, a une licence de conseil en stratégie agricole. L’un et l’autre viennent de réaliser un tour du monde sur un tandem, pour un voyage qui a duré en tout 17 mois. Ils l’ont appelé « le monde agricole en un tour« . Ils se sont ainsi donnés pour objectif de découvrir, d’après un circuit préparé plus d’une année à l’avance, les agricultures de pays de différents continents. Ils sont partis de la France pour passer en Espagne puis au Maroc. Un transfert et les voilà au brésil, en Uruguay, en Argentine, en Bolivie, au Pérou, au Chili. Puis en Nouvelle-Zélande. Puis en Malaisie, Thaïlande, Viet-Nam, Chine. Pour terminer par un circuit incluant Finlande, Russie, Ukraine, Roumanie, Autriche, Allemagne, Suisse avant le retour en France. En tout, 27 000 kilomètres ont été parcourus en tandem, sans compter les transferts donc.

Pauline et Arnaud François ont accepté de nous donner quelques impressions de voyage. C’est Pauline qui m’a répondu au téléphone, sachant qu’Arnaud était à côté d’elle. Sur le voyage en lui-même d’abord, et sa préparation : « Quand nous avons élaboré ce projet, nous avons décidé de travailler d’abord pour participer financièment. Et nous nous sommes mis en quête de partenaires. L’Apecita a été le plus présent, mais nous avons aussi contacté des banques et assurances, des coopératives. Nous avons l’un et l’autre des papas agriculteurs, donc nous sommes facilement tombés d’accord sur le sujet de notre tour du monde. »

Au Brésil, cultiver des OGM ne dérange personne

Raconter le voyage en entier serait trop long pour cet article, alors attardons-nous sur quatre exemples.

D’abord le Brésil. « Nous avons rencontré des céréaliers qui cultivent des OGM sur d’énormes surfaces. Ils font deux à trois récoltes par an. Ils cultivent du soja, du maïs, du blé, de l’orge, de la canne à sucre ou encore du tabac (sur de plus petites surfaces) ou du café. Ils pratiquent le semis direct. La contrepartie est qu’il leur faut beaucoup d’herbicides. En fait, c’était un peu difficile à comprendre pour nos esprits français : le semis direct évite de remuer trop la terre ou de la tasser, mais en même temps il est utilisé en l’occurrence pour des OGM et avec des herbicides. Les Brésiliens travaillent de cette façon. Ils ne comprenaient pas qu’on leur pose des questions sur les OGM, ça ne les dérange en rien de les cultiver. »

Ensuite le Pérou. « Nous y avons trouvé des petites exploitations. Elles cultivent le quinoa ou élèvent des alpagas. C’est une agriculture locale, à l’échelle du village. Des organisations locales aident les agriculteurs à s’organiser. L’éleveur le plus impressionnant, nous l’avons croisé à 4300 mètres d’altitude. Malgré la neige, très fréquente, une amplitude des températures allant de – 20° à + 20° C, il a réussi à mettre au point un atelier de transformation fromage en assurant sa commercialisation. L’espèce élevée est la Brune des Alpes. La vente directe est assurée tant par des personnes qui viennent jusqu’à l’exploitation pour acheter le fromage que par des marchés dans les villes touristiques les plus proches. Tout cela peut paraître « normal », sauf qu’en l’occurrence nous étions à 4300 mètres d’altitude, dans des conditions parfois extrêmes…« 

Le libéralisme convient au système néo-zélandais

La Nouvelle-Zélande. « Nous sommes sur des grandes surfaces, avec d’immenses élevages de moutons ou de bovins, des structures laitières moderne et dynamiques, mais aussi des cultures de kiwis ou d’avocats. Tout part à l’exportation sur le marché asiatique. Le système est très libéral, ce qui convient parfaitement aux agriculteurs locaux, habitués à cette loi du plus fort. Tout est fait pour produire au maximum au plus bas coût. Contrairement à la France par exemple, il n’est pas question d’une mécanisation sans cesse renouvelée : on vise à être le plus efficace dans un univers où le libéralisme est poussé à son paroxysme. »

Le Viet-Nam (nord) et la culture du riz. « Si, en Thaïlande, il existe un marché pour le riz, les agriculteurs que nous avons rencontré dans le nord du Viet-Nam ou dans le sud de la Chine visent d’abord à nourrir leur famille, et éventuellement leur village s’ils le peuvent. Il n’est pas question de commercialisation, mais plus basiquement de se nourrir. Nous avons observé très peu de mécanisation, tout juste quelques motoculteurs. Mais c’est surtout le buffle d’eau, et la main humaine, qui sont utilisés sur ces rizières en terrasses. En cas d’intempérie, ces paysans doivent vendre leur basse-cour, poules ou chiens (mangés là-bas) pour à nouveau acheter du riz.« 

Désormais revenus dans la Manche, Pauline et Arnaud François sont en train de terminer une vidéo, avec des interviews dans différents pays, qui doit servir pour des vidéos-conférences. Dès qu’elle sera terminée, ils sont prêts à répondre à la demande. En attendant, il est possible d’en savoir plus sur leurs impressions de voyage grâce à leur site internet (particulièrement fourni, je vous suggère notamment d’aller sur la zone « suivez-nous » puis « newsletter », et vous verrez un témoignage par pays traversé) ou leur page Facebook.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Pour en débattre, rendez-vous ci-dessous dans l’espace « Ecrire un commentaire ».

En savoir plus : http://www.lemondeagricole.fr/topic1/index.html (le site internet racontant le périple de Pauline et Arnaud François) ; http://www.facebook.com/pages/Le-monde-agricole-en-un-tour/168208786562920 (la page Facebook consacrée à leur voyage).

Les photos qui illustrent cet article sont issues du site internet « le monde agricole en un tour« , avec l’aimable autorisation des deux protagonistes.

Ci-dessus en Nouvelle-Zélande, Pauline et Arnaud François ont pour une fois posé leur tandem.

Conditions extrêmes au Pérou pour ces alpagas…

… Mais aussi pour ces Brunes des Alpes !

Au Brésil, le semis direct vise à éviter l’érosion des sols, mais parallèlement les herbicides au glysophate sont largement utilisés, et les cultures sont OGM.

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