rallye diversification

Le dynamisme du « Rallye diversification » des Pyrénées-Atlantiques

Dans les Pyrénées-Atlantiques, un bel exemple de collaboration entre agriculteurs et techniciens pour avancer sur des techniques agricoles et agronomiques innovantes en matière de diversification.

Quelle que soit la région agricole, il semblerait que la recette d’un changement durable des pratiques soit toujours la même. Il faut déjà un noyau dur d’agriculteurs « locomotives », qui expérimentent l’agronomie sur leurs exploitations. Autour, des agriculteurs intéressés mais qui hésitent à franchir le pas par manque d’expérience, de connaissances ; ils ont besoin d’être accompagnés, éclairés. Pour faire le tri et organiser les réflexions, un conseiller à l’aise avec les agriculteurs est un point clé ; il met en œuvre une réponse adaptée à leur demande. Enfin, un contexte régional « ouvert », qui ne bloque pas l’expérimentation… Et du temps !

Dans les Pyrénées-Atlantiques, une telle démarche est en route. Le « Rallye diversification », mis en place par la Chambre d’agriculture 64, s’est clôturé par un dernier épisode, ce 8 août 2014. Une trentaine d’agriculteurs étaient présents, pour découvrir ou approfondir les cultures du tournesol et du soja, qu’ils maîtrisent pour la plupart assez peu. Sur la partie nord-est du département, où l’on trouve du colza et du blé, le contexte est légèrement différent de la partie ouest ; toutefois le maïs reste dominant dans l’assolement.

Diversification et cultures d’hiver

Franck Duroueix, du Cetiom, a présenté les étapes de culture du soja et du tournesol. Jean-Paul Cerisere, salarié sur l’exploitation d’Alain Capdevielle (780 hectares), a apporté des éléments techniques et économiques sur les parcelles visitées. Bilan de la matinée : le soja semble être la culture « miracle » à côté du tournesol, plus difficile à mener et  à intégrer dans une rotation comportant du maïs.

« A l’heure de la diversification, nos agriculteurs ont parfois quelques difficultés avec les cultures d’hiver, car ils ont moins l’habitude d’en cultiver, explique Chloé Wolfrom, conseillère agronomie à la Chambre d’agriculture. Que ce soit pour le blé ou le colza, les résultats sont variables en fonction de l’année. Notre région étant très pluvieuse, il est nécessaire d’adapter les itinéraires culturaux qui fonctionnent dans d’autres régions, ce qui n’est pas toujours évident. L’objectif du rallye est de donner quelques clés de réussite de ces cultures d’hiver sans oublier les cultures d’été et de faire réfléchir les agriculteurs sur leur rotation. »

Arrivée il y a deux ans, la conseillère a mis place un réseau d’agriculteurs, Agro Réseau 64, afin de développer l’expérimentation et l’animation autour de l’agronomie. « Chloé est proche des agriculteurs, elle a rapidement su créer des liens et elle travaille efficacement. C’est ça qui fait avancer les choses », explique Jean-Paul Cerisere.

« En 2008, on parlait de changer les pratiques pour des raisons réglementaires. En effet, le classement en zone vulnérable du bassin versant de Lees et Gabas, où nous sommes, a obligé les agriculteurs à mettre en place des couverts végétaux pour limiter le lessivage de nitrates dans les eaux », explique Chloé Wolfrom. A son arrivée à la Chambre d’agriculture, en 2012, elle réalise qu’il y a quelque chose qui motive bien plus les agriculteurs que la réglementation : c’est l’agronomie.

Huit fermes pilote

Peu à peu, un réseau de 8 fermes pilote est mis en place. Les agriculteurs pratiquent différentes techniques « innovantes ou durables ». Semis-direct sous couvert, techniques culturales simplifiées, strip-till, recherche d’autonomie alimentaire, couverts végétaux, diversification… sont autant de thèmes étudiés sur ces fermes » précise Chloé Wolfrom. « L’objectif est de voir comment les nouvelles pratiques culturales peuvent s’adapter dans notre département». La production de références techniques et économiques est prévue.

Des parcelles expérimentales sont par ailleurs mises en place avec des partenaires techniques. « Avec Arvalis et la Chambre d’agriculture, nous venons juste de démarrer un essai chez Capdevielle pour comparer 5 modalités de travail du sol », ajoute Jean-Paul Cerisere.

En parallèle des fermes pilotes et des parcelles expérimentales, la Chambre d’agriculture a développé l’animation de petits groupes locaux et l’organisation de journées techniques telle que le rallye diversification. Au sein des ces groupes, on trouve des agriculteurs motivés par l’agronomie mais également par l’échange avec d’autres agriculteurs qui ont les mêmes pratiques. De nombreuses formations agronomiques sont également proposées, formations qui peuvent faire intervenir des grands noms de l’agronomie comme celui de Frédéric Thomas (lire WikiAgri Magazine n°13).

Les pratiques culturales évoluent petit à petit, comme en témoigne Jean-Paul Cerisère. Cela fait presque 25 ans qu’il pratique le non labour ; après avoir travaillé comme ouvrier dans des fermes en Mayenne, Beauce, dans le Gers et même en Roumanie, il a pu voir différents contextes et se forger une expérience impressionnante dans le domaine de la gestion du sol. A son retour, employé chez Alain Capdevielle, il a converti les 780 hectares de l’exploitation de son patron au non labour.

« Il n’est pas toujours facile d’évaluer les évolutions de pratiques mais de plus en plus d’agriculteurs se posent des questions agronomiques et testent d’autres pratiques sur leur exploitation. Agro Réseau 64 devrait permettre d’accompagner les agriculteurs qui le souhaitent. Verdict dans quelques années ! » conclut Chloé Wolfrom.

 

Photos ci-dessous : le groupe du rallye diversification dans une parcelle de soja ; et en-dessous Franck Duroueix dans une culture de tournesol.

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