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Le désherbage du maïs devient urgent

Les températures estivales du moment permettent au maïs se développer rapidement, tout comme les adventices. Certaines parcelles sont déjà sales et les désherbages seront à faire vite, en profitant du premier créneau disponible.

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Les semis se terminent en Bretagne. L’essentiel a été réalisé sur la première quinzaine de mai, et les stades s’étalent aujourd’hui entre le stade pointant et 4-5 feuilles. Les levées ont été relativement rapides et homogènes.

Des programmes de postlevée à adapter en fonction du stade des adventices

Les conditions actuelles sont peu favorables à une bonne action des herbicides qui ont été appliqués en prélevée. Pour les derniers semis, une intervention avec des produits à action racinaire peut encore s’envisager en postlevée précoce, mais sur des adventices non levées ou à un stade très jeune (avant le stade 2 feuilles). Ces produits utilisés en association combinent des modes d’action différents et offrent un spectre d’efficacité relativement large, y compris sur dicotylédones difficiles (tableau 1). Pour une bonne efficacité, ces applications nécessitent à la fois de bonnes conditions d’application (hygrométrie > 70 %, température comprise entre 10 et 20°C,) et un sol suffisamment humide (des pluies sont annoncées dans les jours à venir).

Tableau 1 : quelques exemples de programmes de désherbage utilisables en postlevée précoce (adventices 1-2 feuilles maxi)

Les traitements de postlevée reposent sur l’association tricétone + sulfonylurée. Appliquée sur des adventices jeunes (3-4 feuilles maxi) et en bonnes conditions climatiques (hygrométrie > 70 %, température entre 10 et 20°C), cette stratégie permet un bon contrôle des dicotylédones classiques et des graminées en faible pression, en adaptant les doses à la situation (tableau 2). En cas de présence d’adventices difficiles (mercuriale, renouées, véronique, fumeterre) l’ajout d’un complément anti-dicotylédones sera nécessaire (tableau 3).

Tableau 2 : quelques exemples de programmes de désherbage utilisables en postlevée, en 1 ou 2 passages (adventices 3-4 feuilles maxi, doses à adapter au stade des adventices le jour de l’intervention et aux conditions climatiques)

Tableau 3 : efficacité des compléments AD de postlevée (base tricétone + nicosulfuron)

= : n’améliore pas significativement l’efficacité
=/+ : régularise ou améliore l’efficacité, en conditions favorables
+ à +++ : améliore l’efficacité

Intervenir en bonnes conditions

La pénétration des substances actives est favorisée en conditions poussantes le jour de l’application, mais l’efficacité et la sélectivité seront optimales si ces conditions sont également réunies au cours des journées qui encadrent l’application. Le risque de phytotoxicité sur le maïs est augmenté si les conditions sont stressantes après l’application.

• Le stade du maïs est à considérer essentiellement pour la sélectivité. D’une façon générale, une fois passé le stade pointant auquel il est déconseillé de traiter, la plupart des produits sont utilisables sans risque pour des plantes qui s’étalent entre 2 et 6 feuilles. Au-delà de 6 feuilles, les doses des produits contenant des auxiniques (Dicamba, Fluroxypyr) sont plafonnées. Les autres produits sont en général utilisables jusqu’à 8 feuilles du maïs mais leur efficacité devient aléatoire (stade développé des adventices, effet écran du maïs…).

• Traiter des maïs en bon état, notamment avec des herbicides de type auxinique ou sulfonylurée.

• Le traitement doit impérativement s’effectuer alors que l’hygrométrie est élevée (65 % mini). Par temps sec, pour atteindre cet objectif, les applications doivent être réalisées le matin avant 9 – 10 heures. Le soir, le retour à des niveaux d’hygrométrie satisfaisants ne se fait pas avant 20 heures.

• Éviter de traiter avec des auxiniques ou des sulfonylurées si la météo des jours qui suivent l’application prévoit des températures mini inférieures à 10°C et des températures maxi supérieures à 25°C. L’attention doit être redoublée vis-à-vis des températures dans les sols noirs riches en matières organiques qui exacerbent les écarts de températures.

• Tous les produits n’ont pas les mêmes exigences vis-à-vis de la qualité de pulvérisation. Une certaine souplesse existe pour les systémiques qui peuvent s’utiliser à volume réduit et/ou avec une granulométrie plus importante pour limiter la dérive. Les produits de contact (bromoxynil, bentazone) requièrent en revanche une qualité de couverture de la cible plus importante.

• Éviter les mélanges auxiniques + sulfonylurées. Les risques de phytotoxicités sont accrus.

• Adjuvants : limiter leur usage aux cas particuliers recommandés par les fabricants.

• Consulter toujours l’étiquette pour les conditions d’emploi spécifiques du produit et vérifier les possibilités de mélange.

⇒ Les conditions météo des prochains jours s’annoncent estivales, il est donc primordial de cibler les meilleurs créneaux de la journée matin ou soir pour optimiser les applications.

 

Elodie Jouanneau, Eric Masson (Arvalis – Institut du végétal)

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