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L’agroalimentaire, les restructurations et la compétitivité

Après la filière Volaille à travers l’enseigne Doux, voici que le lait se retructure avec l’annonce de Sodiaal de fermer trois de ses huit sites de conditionnement de l’enseigne Candia. Au-delà du contexte particulier de chacun de ces deux cas, des questions se posent sur la solidité des entreprises agroalimentaires françaises.

L’annonce de Sodiaal et Candia fait mal. Car elle tombe juste au moment où l’agriculture française tentait de démontrer qu’il existe de l’embauche dans son secteur. Et espérait de ce fait négocier au mieux certains articles de la loi de finances 2013, en visant d’une manière générale à diminuer, ou ne pas accentuer, les charges qui pèsent sur le travail. Mais les plus grosses entreprises de l’agroalimentaire échappent depuis longtemps aux agriculteurs eux-mêmes. D’une manière générale, cela fonctionne bien, chacun est à sa place, entre production puis transformation et commercialisation. Seulement voilà, il existe des cas particuliers, et lorsque ceux-ci s’amoncellent, une règle générale est rapidement établie dans l’inconscient général, voire noir sur blanc dans les médias.

Doux est un cas particulier. Avec une famille qui a eu le mérite de construire un empire, mais qui a ensuite fait des mauvais choix, tout en s’accrochant. Candia un autre cas particulier. La crise agricole de 2009 a été particulièrement ressentie dans le secteur laitier et qu’il y ait des incidences sur l’aval dans les années qui suivent, ce n’est finalement qu’une conséquence malheureusement logique (ensuite, par rapport à l’ampleur du plan, les partenaires sociaux sont là pour discuter des solutions les moins mauvaises). Et je préfère éviter de rentrer dans le détail des tractations entre producteurs laitiers et le groupe Sodiaal, très compliquées ces dernières années : il existe sans doute là un problème qui dépasse le contexte de crise.

La compétitivité n’est pas un vain mot

Pour autant, cela signifie-t-il qu’il faille remettre en cause tout le système agroalimentaire français ? Je ne le pense pas, mais il faut respecter des conditions. La compétitivité est un mot très souvent prononcé en ce moment, le plus souvent pour l’industrie. Mais la prendre en compte pour l’agroalimentaire est devenu une nécessité. Les débats sur les charges sur le travail en agriculture concernent non seulement les saisonniers ou autres salariés d’exploitations, mais aussi tous les salariés des unités de transformation et de conditionnement.

L’agriculture a déjà été dans ce sens de compétitvité avec la simplification administrative lancée il y a quelques années avec le ministre de l’Agriculture d’alors Dominique Bussereau : les services se sont restructurés, il le fallait. Ils étaient devenus pléthoriques en regard du nombre décroissant d’agriculteurs. Mais on ne peut pas s’arrêter là. Le mot « compétitivité » est largement plus positif que « préservation ». Or, trop souvent pour l’agriculture et l’agroalimentaire, notre pays raisonne avec un souci de « préservation ». Alors que pour « préserver » l’emploi, l’activité développée sur les territoires, il faut aussi assurer des « rendements », du « rémunérateur », bref du « compétitif ».

Le gouvernement actuel a été élu sur le fondement d’une vocation sociale. Celle-ci est historiquement chez nous (et même ailleurs) opposée à celle du business. Le mot « compétitivité » est raccroché à cette seconde catégorie : de fait il est compliqué pour un gouvernement socialiste d’aller dans ce sens, et s’il le fait, ses partenaires politiques se désolidarisent.

L’exercice est donc compliqué. Mais l’enjeu est vital. Il faut faire fi des a priori, éviter qu’un cas particulier, et un autre qui s’enchaîne, ne servent de prétexte pour une prolifération de remises en cause du fonctionnement de nos unités agroalimentaires. La crise est toujours là, latente. Dans leur grande majorité les dirigeants agroalimentaires assument leurs responsabilités. Il convient juste d’éviter de leur mettre des bâtons dans les roues.

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