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Journée internationale des femmes, hommage à toutes celles qui portent le monde !

A la communauté des agri-décideurs et aux lecteurs fidèles de Wikiagri, je dois commencer par faire une confession : à nulle autre invitation, que celle de m’exprimer par cette tribune, je n’aurais répondu favorablement en cette séquence traditionnelle de célébration de la Journée Internationale des Femmes.

Ni féministe, ni marxiste, je n’adhère pas à la lutte des classes, pas plus que je ne souscris à la lutte des genres que certains groupuscules tendent à vouloir imposer ces derniers temps de manière véhémente, à coup de scandales médiatiques globalisés. #metoo, #balancetonporc, sont à l’opposé des représentations de l’émancipation féminine qui ont contribué à forger mon éducation, mon parcours professionnel et les idées pour lesquelles je m’engage en citoyenne libre.

Femme libre, pas féministe

Fille d’exploitant forestier et de postière, petite-fille d’agriculteurs, je suis née en 1977, année de l’officialisation par les Nations-Unies de la Journée Internationale des Femmes.

Dans ce cœur de Saintonge, que les géographes et sociologues qualifieraient de ruralité profonde, les femmes de mon enfance étaient fort éloignées des luttes ouvrières et suffragettes du début du XXe siècle. S’il est tout à fait légitime de saluer, encore aujourd’hui, l’œuvre de ces militantes ouvrières pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote, convenons que cela ne peut interdire de mettre en lumière toutes les autres, moins visibles désormais dans les pages des manuels d’histoire.

Ces femmes que j’ai connues travailleuses des champs, aides à la ferme, nourrices, infirmières ou institutrices de campagne, factrices à vélo puis en voiture, épouses d’agriculteur, sont souvent montées au premier rang des responsabilités sur les exploitations agricoles au cours de la seconde guerre mondiale, alors que leurs hommes étaient réquisitionnés. Elles en ont tiré une force commune, qui rend leur langage universel : en sus de leurs familles, leur engagement total dans un quotidien de proximité, à hauteur de villages, constituait le socle du vivre ensemble. Puissent-elles nous inspirer encore aujourd’hui ! Et ce sera le renouveau de la citoyenneté.

Portrait d’une icône, institutrice de la République

L’une d’entre elles reste à jamais gravée dans mon cœur : Denise Alléaume, ma grand-mère paternelle, incarne pour nombre de ses anciens élèves et connaissances, l’une de ces figures archétypales de la femme campagnarde libre, sensible et forte à la fois, qui portait son monde.


Née à La Tournerie près de Gémozac en 1924, handicapée par une hanche trop courte dans une famille de paysans tous petits propriétaires de vignes, c’est grâce au sacrifice de ses braves parents et de son travail acharné qu’elle put accéder, en 1941, à l’école de formation des instituteurs de la République, traditionnellement réservée aux filles de bonnes familles. Les trajets se faisaient alors en vélo, même pour une handicapée. Et des tours de pédales, elle dut en faire dans la première décennie de sa carrière entre Dordogne, île d’Oléron, et finalement Chierzac, aux confins de la Gironde et de la Charente Maritime, sur la commune de Bédenac dont mon père est encore maire aujourd’hui. Le caractère se formait ainsi, entre études et effort physique ! Puis vint la rencontre avec mon grand-père, René, un domestique de scierie, sorti de l’école dès ses douze ans, à qui elle apprit à lire et à écrire. Ils eurent deux enfants et parvinrent tous les deux, au fil du temps, à développer la petite entreprise familiale d’exploitation forestière dans laquelle je grandissais jusqu’à mes quatorze ans.

Dans le même temps, Denise poursuivait sa carrière d’institutrice, avec des classes uniques jusqu’à 60 élèves, qu’il fallait pour certains d’entre eux, faire passer à la toilette le matin avant de commencer la leçon, tout en surveillant les fourneaux du midi. Avec cette énergie hors du commun qu’elle me disait puiser dans l’histoire, l’amour du terroir et de la culture traditionnelle saintongeaise, pratiquement tous ses élèves obtenaient leur certificat d’étude. Ainsi ma chère grand-mère soutint son époux, éleva ses propres enfants, tout en éduquant des générations entières passées par la petite école du village de Chierzac, et en tenant d’une main de maître le quotidien de la famille, avec un amour particulier pour la bonne cuisine. Quelle ne fut pas sa fierté le jour où France Inter vint lui consacrer un portrait dans sa cuisine alors que le patois saintongeais était en passe d’être reconnu officiellement comme langage avec une véritable grammaire ! Un combat discret, pour l’histoire, pour la reconnaissance de cette histoire-là, de ces femmes et de ces hommes-là, qu’elle me transmet encore aujourd’hui par-delà les cieux éternels tant son rayonnement est puissant.

Pour une émancipation des femmes et des hommes réunis

A travers cet éloge personnel partagé, c’est bien sûr une ode à la puissance de l’esprit paysan qu’alimentaient et forgeaient les femmes campagnardes de cette époque qu’il faut lire.

Dans cette époque dure, où l’argent ne valait pas grand-chose, et où seules la force des bras et des esprits permettaient de bâtir les vies, les femmes ne s’en laissaient pas non plus compter par les hommes. Avec la force de celles qui portent le monde, ces femmes se battaient au quotidien pour un monde meilleur, pour leurs enfants et petits-enfants mais aussi pour leurs communautés.

« En cette Journée Internationale des Femmes,
demandons au gouvernement
de renoncer à fermer 300 écoles en zones rurales.
Toute l’histoire démontre que l’émancipation
des femmes et des hommes réunis
démarre par une réelle égalité d’accès à l’éducation.
»

En 2018, quand je vois des jeunes femmes prendre la tête d’exploitations agricoles comme c’est le cas autour de l’élevage chévrier dans les Pyrénées, ou reprendre l’exploitation viticole des parents, je me dis que le renouveau de notre monde rural est plus que jamais possible, à condition bien sur que des politiques gouvernementales entièrement tournées vers le métropolisation du territoire ne viennent finir de tuer ces si fragiles équilibres. En cette Journée Internationale des Femmes, demandons au gouvernement de renoncer à fermer 300 écoles en zones rurales. Toute l’histoire démontre que l’émancipation des femmes et des hommes réunis démarre par une réelle égalité d’accès à l’éducation.

 

Céline Alléaume
directrice et porte-parole de la campagne présidentielle de Jean Lassalle en 2017,
son conseiller politique bénévole en 2018.
 

En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/le-renouveau-de-lagriculture-francaise-passe-par-un-projet-de-societe/12960 (tribune signée Jean Lassalle diffusée par WikiAgri) ; https://wikiagri.fr/articles/le-temps-de-la-resistance-est-venu-paysans-de-corps-ou-de-coeur-unissons-nos-forces-!/16700 (autre tribune signée Jean Lassalle diffusée par WikiAgri) ; http://jeanlassalle2017.fr (site internet de la campagne présidentielle 2017 de Jean Lassalle) ; https://www.facebook.com/lassalle.jean (page Facebook de Jean Lassalle pour suivre son actualité parlementaire et politique au quotidien) ; https://www.facebook.com/celine.alleaume (compte Facebook de Céline Alléaume pour suivre son actualité militante ou simplement pour échanger avec elle) ; @alleaume_celine (compte Twitter de Céline Alléaume).

 

Interventions de Céline Alléaume en tant que porte-parole de Jean Lassalle au cours de la campagne présidentielle

Discours introductif à une réunion publique en Aveyron :

Débat sur BFM TV avant le premier tour, « l’histoire de France s’inscrit aussi dans ses campagnes » :

 

Ci-dessous, Céline Alléaume lors du dernier salon de l’agriculture à Paris.

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