s bastien louzaouen tracteur

« Je viens à Paris parce que c’est notre dernière chance »

Parmi les manifestants d’aujourd’hui à Paris, Sébastien Louzaouen, président des Jeunes Agriculteurs du Finistère, est particulièrement en colère. Il l’explique à WikiAgri.

Interviewé la veille au soir alors que son cortège faisait halte dans l’Eure avant de redémarrer à l’aube le jour J pour participer au blocage de Paris avec les tracteurs, Sébastien Louzaouen a récapitulé les raisons de la manifestation. « C’est nous, au Finistère, qui en sommes à l’origine. Le 28 juillet à Morlaix, nous avons compris que nous n’obtiendrions rien sans aller jusqu’à Paris. Nous avons convaincu les autres départements ou régions de cette nécessité.« 

Aujourd’hui, chaque filière animale est en détresse. Chacune avec des raisons différentes ? Pas tant que ça selon lui : « Nous avons tous un problème de compétitivité. Toute la France. Nous étions les premiers en Europe, puis deuxièmes, maintenant troisièmes… Cette manifestation à Paris est celle de la dernière chance. Il est impensable que nous n’obtenions rien, que le gouvernement reporte encore, ne serait-ce qu’à lundi, jour d’une importante réunion à Bruxelles. Nous avons trop de charges, nous ne sommes plus compétitifs, et c’est dû, d’abord, à un problème franco-français. Il faut arrêter de renvoyer tout à l’Europe.« 

« L’agro-écologie nous plombe totalement »

Il enchaîne sur différentes raisons qui ont, selon lui, plombé la compétitivité de l’agriculture nationale. « Il existe une grande différence, chez nous en France, entre ce que demande, légitimement, le consommateur en qualité, et ce qui est réclamé au producteur. L’agro-écologie nous plombe totalement. Et ça, c’est le gouvernement. Entre deux barquettes du même produit sur un étal, le consommateur ne va pas acheter celui qui est le plus cher parce qu’il y a eu une bande enherbée autour du champ. Et pourtant, à nous, on nous demande d’entretenir cet espace, ça fait partie de nos charges, de notre temps de travail, donc ça se répercute quelque part sur le prix du produit.« 

Il précise tout de suite, en pensant aux sommes « énormes » qui sont annoncées. « Nous, on ne va pas demander une enveloppe. On veut de la compétitivité avec des baisses de charges, des normes qui répondent aux demandes des consommateurs mais pas au-delà, et ça, ça n’est pas à Bruxelles que ça se décide. Et puis attention aux vraies fausses solutions : aller vers les contrats par exemple, ça ne résout rien si on produit à 130 ce que nos voisins font à 100, car on sait très bien que les contrats en questions ne pourront pas être respectés longtemps.« 

Veut-on « nous faire mourir comme on a fait mourir le textile ? »

Pour autant, il n’est pas sûr du tout des résultats des réunions de ce jeudi (entre autres, une délégation de la Fnsea est reçue par Manuel Valls en fin de matinée). « Le mot « compétitivité » n’a pas été prononcé souvent par Stéphane Le Foll, on dirait qu’il en a peur. Il reste accroché à son agro-écologie, qui reste une idéologie qui ne survit pas au réalisme.« 

Pour résumer, les revendications sont : « Une action par rapport à l’embargo russe qui contribue à nous mettre à terre ; des décisions pour permettre aux entreprises agricoles de retrouver de la compétitivité ; des normes adaptées aux demandes légitimes des consommateurs, et non pas au-delà.« 

Que se passerait-il si les réunions prévues en marge de la manifestation parisienne n’aboutissaient pas aux mesures souhaitées ? « Elles doivent aboutir. Moi je ne suis pas venu du Finistère en tracteur pour défiler dans Paris. C’est notre dernière chance. On est à bout. Après, ça veut dire qu’on veut notre mort, comme on a fait mourir le textile ou d’autres secteurs en France. Mais il faudra me dire alors ce qu’on veut faire de nous…« 

 

En savoir plus : https://wikiagri.fr/tags/crise_de_lelevage (retrouvez l’ensemble de nos articles récents sur la crise de l’élevage derrière ce lien).

Ci-dessous : Sébastien Louzaouen, président des Jeunes Agriculteurs du Finistère, devant le tracteur qu’il a lui-même conduit jusqu’à Paris.

1 Commentaire(s)

  1. Les propos de ce responsables sont scandaleux.
    Aucune analyse…il y a trop de charge ? Mais qu’il propose des solutions pour diminuer les charges ! Au lieu de dire que c’est la faute à l’agro-écologie! Les élevages de porc ne sont pas en difficulté à cause des bandes enherbés ! Au lieu de demander moins de charges et de vouloir plus de compétitivité qu’il se démerde à mieux valoriser ses produits, à trouver d’autre débouché plutôt que de manifester en pleurnichant que les pouvoirs public ne font rien. Ce syndicat affilié à la FNSEA qui prône une Europe libérale demande l’intervention de l’Etat pour essayer de sauver sa profession noyé dans la mondialisation….
    Fallait réfléchir il y a quelques années, les gars !

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