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Industries agroalimentaires, des signes de fragile reprise

Le bilan 2014 et les perspectives 2015 pour les industries agroalimentaires établis par l’Ania indiquent que le secteur donne des signes de reprise, même si elle reste fragile. Il semble néanmoins pâtir de la guerre des prix imposée par la grande distribution, puisque les prix alimentaires ont baissé l’année dernière.

L’Ania (association nationale des industries alimentaires) a présenté au mois d’avril, comme chaque année, son bilan annuel de la situation du secteur agroalimentaire français, en l’occurrence de l’année 2014, ainsi que ses perspectives pour 2015. C’est toujours un petit événement car l’Ania, qui se présente comme le porte-parole du secteur agroalimentaire, représente 18 fédérations nationales sectorielles et 23 associations régionales.

L’année 2013 avait été décrite comme une « année noire » pour les industries agroalimentaires françaises. Le président de l’Ania, Jean-Philippe Girard, déclarait ainsi lors de la conférence de presse organisée en avril 2014 que, pour le secteur, 2013 avait été une année « extrêmement, extrêmement difficile ».

Qu’en a-t-il été en 2014 ? L’année a été notamment marquée par l’embargo russe sur les produits alimentaires décrété au mois d’août et par la baisse moyenne des prix de ces produits en France. Malgré tout, le mot-clef pour qualifier la situation des industries agroalimentaires en 2014 semble avoir été la « résilience » du secteur. Celle-ci s’est traduite par une faible progression des ventes en volume des produits agroalimentaires et même par une légère création nette d’emplois après des années de baisse.

Les perspectives paraissent également plutôt favorables pour 2015 puisque, selon le même Jean-Philippe Girard, « nous assistons à des signes de reprise, mais cela reste encore très fragile ». Le chiffre d’affaire des industries agroalimentaires pourrait ainsi progresser de 1 à 1,5 % en 2015, alors qu’il a été encore en recul en 2014. L’évolution des prix, et donc le « devenir des alliances nouées entre centrales d’achat et enseignes de grande distribution », devrait être néanmoins l’un des principaux déterminants de la conjoncture dans le secteur cette année.

Plus globalement, la situation des industries agroalimentaires françaises en 2014 peut se résumer en dix chiffres.

Une guerre des prix néfaste pour les ventes

– 1,1

C’est l’évolution, en pourcentage, des prix agroalimentaires en 2014. Cette baisse des prix est encore plus spectaculaire pour les marques nationales avec un taux de – 1,9 %. En revanche, les prix des marques de distributeurs ont progressé de 0,3 % en 2014 et ceux des « premiers prix » de 1,2 %. Cette baisse contraste également avec l’évolution des prix alimentaires des années précédentes (graphique 1). Elle a provoqué une réduction de la valeur des ventes du secteur, qui ont été à leur plus bas niveau depuis huit ans. L’Ania met l’accent à ce propos sur les risques induits par la guerre des prix imposée par la grande distribution. Jean-Philippe Girard a d’ailleurs déclaré lors de la conférence de presse que « le modèle des négociations commerciales est arrivé à bout de souffle, la recherche du prix toujours plus bas est devenue dangereuse pour toute la filière alimentaire et commence à inquiéter les consommateurs qui attendent avant tout de la qualité, de la diversité, des nouveautés et de la sécurité au juste prix ».

Graphique 1 : évolution des prix alimentaires depuis 2011 (Ania)

 

– 0,8

C’est le taux de « croissance », en pourcentage, du chiffre d’affaires des industries agroalimentaires françaises en 2014. Ce chiffre d’affaires est donc en baisse par rapport à l’année précédente. L’Ania incrimine à ce propos la guerre des prix dans la grande distribution qui aurait été à l’origine d’une perte évaluée à 780 millions d’euros de chiffre d’affaires pour le secteur en 2014.

Des coûts de production trop élevés

– 0,2

C’est le taux de « croissance » en pourcentage de la production industrielle de produits alimentaires en 2014 par rapport à l’année précédente. Cette situation contraste avec l’évolution de la production dans les pays voisins comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Grande-Bretagne, qui a été positive l’année dernière. La production alimentaire au Royaume-Uni a ainsi atteint le taux de 2,9 % en 2014. La France est le seul des cinq principaux pays industriels européens dont la production agroalimentaire n’est pas encore sortie de la récession dans laquelle elle a sombré fin 2012, alors que les quatre autres, eux, ne sont plus dans le rouge. L’Ania explique ce différentiel de conjoncture notamment par des coûts de production français trop élevés.

+ 0,2

C’est le taux de croissance en pourcentage des effectifs salariés du secteur agroalimentaire en 2014 par rapport à l’année précédente. Cela représente une création nette de 545 emplois. Cela paraît peu, mais c’est la première évolution positive en termes d’emplois que le secteur ait connue après des années de baisse.

C’est aussi le taux de croissance en pourcentage des ventes de produits alimentaires en France en 2014. Elle est toujours aussi faible, après avoir été même négative en 2013 (graphique 2). Elle se situe à un taux inférieur à la croissance de la population française (+0,8 %). En 2014, la croissance des ventes en valeur a été de 0,6 %.

Graphique 2 : Evolution des ventes de produits alimentaires en volume depuis 2010 (Ania)

 

15 789

C’est le nombre d’entreprises du secteur agroalimentaire français. La quasi-totalité d’entre elles (98 %) sont de très petites entreprises (TPE) et des petites et moyennes entreprises (PME). Rappelons que les TPE, ou micro-entreprises, ont moins de 10 salariés et les PME sont des entreprises qui ont des effectifs de moins de 250 personnes et qui ont un CA annuel inférieur à 50 millions d’euros. Seules 2 618 entreprises des IAA ont plus de 20 salariés. Il y a eu 273 défaillances d’entreprises du secteur agroalimentaire en 2014. Ce chiffre est en baisse par rapport à l’année 2013 où il s’était établi à 376. Les entreprises les plus concernées sont celles de l’industrie des viandes.

Plus de 2,5 millions d’emplois indirects liés aux industries agroalimentaires

493 697

C’est le nombre d’emplois directs des industries agroalimentaires en France en 2014. A l’instar des autres secteurs industriels, leurs effectifs sont en baisse régulière ces dernières années (graphique 3), mais à un rythme malgré tout moins soutenu que pour le reste de l’industrie. Le secteur verse au total 13 milliards d’euros de salaires et traitements.

Graphique 3 : évolution des effectifs des industries agroalimentaires (Acoss)

 

2 526 662

C’est le nombre d’emplois en France que les activités agroalimentaires soutiendraient directement et indirectement d’après une étude du cabinet Utopies reprise par l’Ania. Cela signifie que, pour chaque emploi des industries agroalimentaires, 5,1 emplois seraient « soutenus » suivant l’expression employée par le cabinet Utopies. Sur ces 2,5 millions d’emplois, 1 075 548 se trouvent chez les fournisseurs des industries agroalimentaires et 329 932 chez leurs clients, tandis que 628 485 emplois seraient induits chez les ménages et les administrations publiques (tableau qui suit). Les impôts et taxes versés par les industries agroalimentaires, soit 4 milliards d’euros, permettraient, en effet, de financer ces derniers emplois. Il est à noter que 472 570 emplois sont soutenus par les industries agroalimentaires dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche.

Emplois directs et indirects des industries agroalimentaires (ou IAA, source cabinet Utopies)

 

7 800 000 000

C’est le solde commercial, en euros, des industries agroalimentaires en 2014. Elles restent le deuxième excédent commercial français, après celui de l’aéronautique. En 2014, on a néanmoins observé une baisse à la fois des exportations en valeur (- 0,7 %) et du solde commercial (- 7,9 %), tandis que les importations, elles, progressaient de 0,5 % sur la même période. L’Ania explique cette baisse des exportations en valeur notamment par une baisse des exportations de boissons vers l’Asie et par les effets de l’embargo russe. Les excédents commerciaux les plus importants concernent les boissons, devant les produits laitiers et les productions du travail des grains. En revanche, les préparations et conserves à base de poisson, les productions à base de fruits et légumes et les huiles et graisses végétales ont enregistré les déficits les plus élevés en 2014.

« L’export doit devenir une priorité nationale
à tous les niveaux de l’Etat »

 

43 300 000 000

C’est le montant en euros des exportations des industries agroalimentaires en 2014. Cette même année, le montant des importations s’était établi à 35,5 milliards d’euros. Ces exportations sont d’abord destinées aux marchés européens (68 %), ensuite aux marchés asiatiques (13 %), nord-américains (8 %) et africains (5 %). Même si les IAA sont un important secteur exportateur, l’Ania parle cependant de potentiel insuffisamment exploité. En effet, seulement 27 % du chiffre d’affaires des industries agroalimentaires est réalisé à l’exportation. En outre, seules 2 entreprises françaises sur 10 exportent, alors qu’elles sont 8 sur 10 en Allemagne. D’ailleurs, deux tiers des exportations du secteur sont le fait des seules grandes entreprises (entreprises de 250 salariés et plus). C’est la raison pour laquelle l’Ania soutient que « l’export doit devenir une priorité nationale à tous les niveaux de l’Etat ».

 

157 600 000 000

C’est le chiffre d’affaires total en euros de l’industrie agroalimentaire en France, ce qui en fait le premier secteur industriel français.

 

En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/agroalimentaire-fran%C3%A7ais-un-pilier-dans-une-mauvaise-passe/1058 (article de Wikiagri consacré au rapport 2014 de l’Ania) ; http://www.ania.net (site de l’Ania, association nationale des industries alimentaires) ; https://fr.wiztopic.com/industrie/alimentation/bilan-2014-presentation-iri-pdf.html?lang=fr (document de l’Ania intitulé « Bilan année 2014. perspectives et enjeux 2015 ») ; https://fr.wiztopic.com/industrie/alimentation/cdp-economie-2015-02042015-pdf.html?lang=fr (document de l’Ania intitulé « L’industrie alimentaire en France. Performances 2014 et perspectives économiques du premier secteur industriel français »).

Notre photo est issue du site Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/42838327.

Pour en savoir plus sur les missions de l’Ania, en vidéo :
Présentation de l’Ania par Ania_France

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