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Herbicides racinaires du maïs, attention aux conditions d’emploi

Les produits racinaires restent difficilement substituables dans une stratégie de désherbage du maïs, en particulier dans notre région où les graminées estivales sont prédominantes. Certaines conditions d’utilisation doivent être respectées.

–stop–Les produits racinaires peuvent être positionnés à différentes périodes de la culture : classiquement en prélevée mais aussi en postlevée (dans ce cas en association) pour laquelle ils vont apporter de la persistance et de l’efficacité par rapport aux levées échelonnées.

Ce mode d’action racinaire contre les graminées repose presque entièrement sur la famille des chloroacétamides avec deux matières actives : le dmta-P (Isard, Dakota P) et le S-metolachlore (Camix, Dual Gold S). L’Adengo est une alternative intéressante, seul en pression modérée, ou en association. Il appartient à la famille des inhibiteurs d’ALS. En association avec un chloroacétamide, le Merlin Flexx apporte aussi un complément d’efficacité non négligeable sur graminées estivales.

Dans les zones à enjeu qualité de l’eau, vigilance vis-à-vis de l’utilisation des produits de la famille des chloroacétamides.

Voici des pistes pour essayer de réduire l’impact de leur utilisation en gardant une efficacité de la stratégie désherbage suffisante :
• Eviter la mono-utilisation : panacher les matières actives et les positionnements (pré ou post).

• Associer les matières actives : les associations de chloroacétamides avec de l’Adengo ou du Merlin Flexx ont données de bons résultats dans notre réseau d’expérimentation. En prélevée, la dose d’antigraminées peut être réduite à 60-65 % de la dose d’AMM en association avec de l’Adengo 1,5 l/ha ou du Merlin Flexx 1,7 l/ha. Sur un positionnement à 2-3 feuilles, on peut aller jusqu’à une réduction de 50 % de la dose d’AMM avec de l’Adengo 1,5 l/ha, l’Adengo étant plus performant sur ce positionnement.

• Localiser la prélevée sur le rang au semis : cette stratégie peut donner de bons résultats sous certaines conditions. Si l’efficacité sur le rang est souvent satisfaisante, la gestion de l’inter-rang est par contre plus délicate avec des conséquences sur le salissement ultérieur de la parcelle. L’intervention sur l’inter-rang peut être mécanique ou chimique mais dans tous les cas doit être réalisée sur des adventices au stade jeune.

• Introduire une ou des interventions mécaniques : un passage de herse étrille en prélevée peut être une première étape de la stratégie désherbage (voir ci-dessous). Pour la gestion des levées échelonnées, il est possible d’envisager un ou le plus souvent deux binages, le dernier étant réalisé au plus près de la fermeture de l’inter-rang.

• Passer d’une stratégie tout en prélevée à une stratégie pré puis post : ce qui peut permettre de réduire les doses utilisées en prélevée. Cette stratégie en un seul passage est prisée par les agriculteurs polyvalents qui ont besoin de limiter leurs temps d’intervention. Dans ce cas l’autre possibilité est d’utiliser une variété tolérante au Stratos.

• Stratégie « Stratos Duo System » : utilisable uniquement sur variétés tolérantes au Stratos. Elle est le plus souvent utilisée pour diminuer la pression des graminées vivaces. Par contre, le choix variétal est limité avec des variétés souvent déjà anciennes. Attention aux risques d’apparition de résistance en utilisation pluriannuelle sur maïs ou en rotation avec des cultures dicotylédones recevant des herbicides de la même famille. A alterner avec d’autres stratégies.

• La stratégie foliaire tout en postlevée : Elle est conditionnée à une bonne hygrométrie lors des interventions. Elle est moins performante sur graminées. Le risque est lié au type de sol : sur sols portants on a a priori suffisamment de fenêtres d’intervention. Elle est basée sur des associations tricétones + sulfonylurées éventuellement complétées selon la flore.

Ces stratégies devront être adaptées au contexte de chaque exploitation. La réussite dépend de plusieurs facteurs : pression gaminées, portance des sols et créneaux d’intervention, taille du chantier… Elle passe notamment par l’adaptabilité au contexte de l’année et à celui de la parcelle. C’est cette capacité à réagir vite qui permettra de diminuer au maximum le risque d’échec et ces conséquences annuelles et pluriannuelles.

L’autre risque concerne la gestion des résistances dont le premier levier est l’alternance des matières actives. C’est particulièrement vrai pour les différentes sétaires contre laquelle le seul moyen de lutte en dehors de la famille des chloroacétamides est celle des sulfonylurées, famille qui domine les programmes désherbage quelles que soient les cultures, annuelles comme pérennes.

Ne pas oublier que la qualité des eaux passe aussi une prévention maximale des pollutions ponctuelles (gestion des fonds de cuve), ainsi qu’à la limitation de la dérive et à la qualité de la pulvérisation (buses anti-dérives, bandes enherbées).

Intervenir en prélevée puis postlevée sur flore mixte ou à dominante graminées

Dans la région, la stratégie de prélevée, relayée par une intervention de postlevée est à privilégier dans les situations de flore graminées dominantes ou de flore mixte (graminées + dicotylédones) lorsque la densité attendue est élevée. La prélevée apporte une certaine tenue dans le temps et évite la nuisibilité précoce des adventices. Un rattrapage est souvent nécessaire, notamment lorsque le maïs tarde à couvrir (semis précoces) ou en présence d’adventices à levées échelonnées.

Aude CARRERA, Bertrand DUCELLIER, Thierry GROSSOLEIL, Sylvie NICOLIER (Arvalis – Institut du végétal)

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