agneaux hiver finis dans les champs l hiver

Finir les agneaux sur dérobés en hiver ? C’est possible !

L’Institut de l’élevage/CIIRPO, basé en Haute-Vienne, a cherché à comparer les finitions d’agneaux en bergerie ou sur dérobés et sans concentré, en fin d’automne et hiver. L’avantage de cette technique permettrait de réduire la charge d’alimentation. Et résultat : c’est possible, mais sous certaines conditions.
 
En 2012, l’Institut de l’élevage a lancé une étude qui a duré 4 ans sur les finitions d’agneaux. Quatre séries d’essais ont permis de déterminer s’il était pertinent ou pas de terminer l’élevage des jeunes ovins autrement qu’en bergerie durant la période hivernale. L’idée semble iconoclaste. « L’objectif est de trouver un système pour avoir des agneaux disponibles toute l’année, avec la difficulté qu’on a à la fin d’automne et l’hiver. Le but est de réduire les charges d’alimentation sur l’exploitation », explique Laurence Sagot qui a mené cette recherche.

L’autre idée sous-jacente de cette étude devait répondre à l’obligation environnementale en utilisant certaines surfaces agricoles pour le pâturage.

Deux modalités : l’engraissement à la bergerie ou aux champs

L’étude a porté sur deux types d’engraissement, de comparer les agneaux finis « classiquement » et ceux qui sont mis aux champs dès qu’ils sont nés. Le tout en observant les différents types génétiques et sur divers sites pour varier les systèmes d’élevage.

Le premier résultat montre que « techniquement, c’est possible de finir des agneaux nés en septembre sur dérobés sans aucun concentré. La qualité de carcasse est comparable aux agneaux de bergerie mais la vitesse de croissance est inférieure, d’où une durée d’engraissement majorée », note la chef de projet. Cette donnée n’est pas anecdotique. Certaines certifications imposent un âge maximum pour la commercialisation des jeunes ovins. Alors un mois de plus pour finir un agneau, ça change tout. Il faut compter 16 à 25 % de temps supplémentaire par rapport à une conduite en bergerie.

Un intérêt économique, surtout en zone céréalière

Bruno Patenotre est éleveur dans l’Aube. Il possède une exploitation en polycultures (betteraves, soja, colza, orge…) de 175 hectares, accompagnée d’un troupeau de 500 brebis. Très intéressé, il va se lancer si les conditions sont réunies (si l’agnelage se passe bien et avec une bonne pousse des couverts) : « Le but sera de finir sur les couverts les agnelages d’août. On devrait les sortir dans la première quinzaine de septembre pour l’acclimatation, avant les premiers froids. »

Evidemment, comme toujours en agriculture, il n’y a pas de règle absolue… Tout est une question de dosage et d’opportunité. Ici, on doit compter 10 à 20 agneaux finis à l’hectare pour un rendement de 4 à 5 tonnes de dérobés… Sauf que les rendements de dérobés sont aléatoires, ce qui fait dire à Laurence Sagot qu’« on ne peut pas fonder une conduite que là-dessus. Globalement, avec certaines préconisations, il y a un intérêt économique, à la condition d’avoir un itinéraire technique de semis à simplifier, il ne faut rien gaspiller. Quand les animaux sont finis, il faut continuer à utiliser l’herbe. Il y a surtout un intérêt pour les zones céréalières ». Non seulement, la présence des ovins favorise la fertilisation des sols par les déjections mais ils débarrassent les champs de leurs résidus.

Maintenant que cette recherche a permis d’identifier un intérêt économique à cette pratique de finition d’agneaux d’hiver sur dérobés, la seconde étape doit « retravailler la question jusqu’aux consommateurs, avec des tests. Un jury de dégustation des agneaux devra vérifier la qualité de la viande » conclut Laurence Sagot.

En savoir plus : http://idele.fr (site internet) ; https://www.facebook.com/Le-Ciirpo-1583854265236483 (page Facebook).

Ci-dessous, les agneaux finis au champ d’hiver : possible, sous certaines conditions (photo Ciirpo).

Ci-dessous, Laurence Sagot, chef de projet à l’Institut de l’élevage Ciirpo.

 

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