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Ecophyto, un objectif plus raisonnable pour un meilleur résultat

Après analyse, les professionnels craignent que les objectifs (trop) forts fixés pour Ecophyto n’empêchent sa concrétisation, alors que des étapes intermédiaires donneraient au projet gouvernemental davantage de chances d’aboutir.

Fin janvier, le ministère de l’Agriculture a défini les nouveaux objectifs pour Ecophyto, à savoir réduire de 50 % l’usage des phytosanitaires en 2025 avec une première étape de 20 % pour 2020. Se dédouanant d’avance sur d’éventuels échecs, le ministère a rejeté d’emblée la responsabilité du résultat sur les distributeurs, qui doivent donc faire respecter ces statistiques. Au premier rang de ces distributeurs, les coopératives. Et Christian Pèes, vice-président de Coop de France et président de la section grains, ne veut pas que les coopératives supportent un échec selon lui prévisible.

« L’objectif fixé ne tient pas compte des réalités du terrain, dit-il. Nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il faut réduire les phytosanitaires. Pour autant, le rythme imposé ne permettra pas de suivre. D’autant que rien n’empêche les agriculteurs de refuser de suivre les prescriptions. Nous pourrons toujours demander, conseiller autant que l’on veut, l’agriculteur reste toujours roi sur ses terres, et si lui estime qu’il a encore besoin des mêmes doses de pesticides, alors il les mettra. Ce n’est donc pas aux coopératives de supporter la responsabilité de cette mesure gouvernementale.« 

10 % de réduction en 2020, l’objectif « raisonnable »

Très précisément, Christian Pèes estime que les 20 % demandés pour 2020 placent Ecophyto (« qui reste une bonne idée, que nous voulons suivre« ) au rang des mesures de « l’écologie punitive« . « On peut tout à fait imaginer qu’un agriculteur ait plusieurs années des conditions météo telles qu’il doive se protéger des maladies…. » Et il pense donc qu’une étape davantage réalisable en 2020 relèverait d’une ambition supérieure, celle de parvenir à l’objectif. « Nous estimons qu’à 10 % de réduction, le cap est tenable. » Son directeur, Vincent Magdelaine, renchérit : « Lorsqu’il a été demandé aux entreprises d’aller dans le sens des économies d’énergie, les paliers intermédiaires étaient réalisables, ce qui a assuré la réussite de l’opération. Dans le cas présent des réductions des phytosanitaires, nous demandons la même chose.« 

Pour illustrer son propos, Christian Pèes utilise une image sportive. « Je ne voudrais pas que notre agriculture soit l’échappée de la première heure du Tour de France. Que l’on démarre à fond sur de grands objectifs loin devant le peloton de nos concurrents, mais pour terminer l’étape en étant rattrapés pour finir avec un quart d’heure de retard. En l’occurrence, on demande à notre agriculture d’aller plus vite que ses voisins, ce qu’elle ne pourra pas parvenir à faire jusqu’au bout sans casse. Avec un objectif plus raisonnable pour Ecophyto, nous pouvons concilier les besoins en rendements, la compétitivité des entreprises agricoles, et les réalités environnementales dont il faut bien sûr tenir compte.« 

En termes de calendrier, la loi agricole votée en janvier doit désormais faire l’objet de différents textes gouvernementaux en cours de rédaction en ce moment pour une application en 2016. Il est donc encore temps de donner davantage d’ambition à Ecophyto en le rendant réalisable.

2 Commentaire(s)

  1. Avec des prix rémunérateurs et stable on peut envisager une réduction des pesticides mais aujourd’hui l’emploi des pesticides est une assurance récolte.
    Quand vous testez des fongicides et que vous observez que dans le pire des cas l’augmentation du rendement paie le produit, qui est prêt a prendre le risque de perdre du rendement en faisant une impasse qui peut être justifié a court terme par une sécheresse et une plante saine, mais une fin de cycle humide avec une attaque de rouille, trop tard pour faire un produit systémique ,j’ai fait l’expérience moins 15 qx, merci les outils d’aide a la décision .

  2. Il est certains que plus les objectifs seront bas plus nous les atteindrons…. Mais quel avenir voulons nous, des moyens existent, il faut encore les travailler, mais de grâce arrêtés de vous voiler la face, il va falloir y passer, pour notre santé, celle de la nature, et surtout par la volontée des citoyens

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