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Désherber les céréales, un casse-tête cette sortie d’hiver

Les cultures avancent en stade et parfois dépassent le stade épi 1 cm. Souvent, des premiers apports d’azote ont été faits, sans que les parcelles n’aient pu être désherbées du fait des conditions climatiques de ce début d’année. Dans ce contexte, comment adapter sa stratégie de désherbage ?

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Désherbage d’automne : des efficacités dépendantes des dates d’intervention

Les applications d’automne en situation à forte pression graminées sont un passage obligé, tout comme la mise en œuvre de leviers agronomiques.

Certaines interventions sur l’automne 2017 (applications de prélevée début octobre ou de post-précoce mi-octobre par exemple) ont parfois pu être mises en difficulté par un mois d’octobre très sec et avec des températures supérieures aux normales. Malgré tout, le constat en sortie d’hiver est plutôt satisfaisant avec des niveaux d’efficacités des applications d’automne souvent bonnes.

Figure 1 : Bilan climatique de l’automne 2017 (P : pluie, T : température) et conséquences sur les efficacités d’application

Des créneaux pour désherber limités depuis janvier

Les conditions climatiques jusqu’à fin décembre ont été favorables au développement des cultures mais aussi des adventices. Ray-grass et vulpin, plantes très nitrophiles, ont aussi profité des apports d’engrais réalisés depuis sur les céréales.

Figure 2 : bilan climatique de l’hiver 2018 (P : pluie, T : température) et conséquences sur les conditions de sortie d’hiver

Que faire aujourd’hui sur les parcelles non désherbées ?

Pour rappel, seules les parcelles non résistantes à au moins l’un des deux modes d’actions A (Den, Fops…) et B (Sulfonylurées…) sont « désherbables ». En effet, les antigraminées applicables à cette période reposent tous sur ces modes d’actions.

Il faut intervenir désormais le plus rapidement possible dès que les sols permettront de rentrer dans les parcelles et que les températures seront acceptables. Elles doivent être positives en journée pour les inhibiteurs de l’ALS avec possibilité de passer même avec des gelées matinales (ne pas dépasser -3°C en température minimale). Pour les inhibiteurs de l’ACCase les gelées matinales sont à éviter : les températures moyennes doivent être positives (supérieures à 7°C). Pour les applications d’anti-brome, si rien n’a été fait, ne pas fractionner et intervenir en un seul passage.

Tableau 1 : Rappel des antigraminées de sortie d’hiver et leurs délais avant récolte

Ne pas oublier l’adjuvantation. Une régularisation des efficacités est toujours bonne à prendre dans ce contexte compliqué !

Les mélanges d’antigraminées seront-ils plus efficaces ?

Les associations de deux produits A + B aux doses réduites sont à proscrire : leurs efficacités sont inférieures à la dose pleine du produit le plus efficace, d’autant plus que les graminées adventices sont actuellement bien développées. En outre, de telles associations sélectionnent plus rapidement des populations doublement résistantes si le contrôle n’est pas efficace.

Les associations B + B à doses réduites dans nos essais ne sont pas meilleures que le meilleur produit utilisé à sa dose pleine (malheureusement pas de synergie observée).

Une application de deux produits A + B aux doses pleines peut être une solution de secours, en particulier lorsque le statut « résistance » de ces graminées n’est pas connu et si aucun herbicide n’a été appliqué à l’automne. Mais attention, il s’agit d’une solution chère sans garantie d’efficacité !

A noter : les mélanges herbicides et certains régulateurs à base de chlorméquat (Cycocel CL2000, Stabilan, etc…) sont désormais interdits.

 

Edouard Baranger, Michel Bonnefoy, Delphine Bouttet, Agnès Treguier, Sébastien Poitevin (Arvalis – Institut du végétal)

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