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Désherbage de postlevée du maïs, la stratégie est fonction de la situation

Bien que le climat du début de printemps ait légèrement retardé les implantations de maïs, les conditions qui ont suivi ont assuré une levée homogène et une efficacité correcte des applications de prélevée. Pour les semis de début mai, les situations peuvent toutefois être localement moins favorables en raison du déficit hydrique enregistré depuis 15 jours. Dans ces situations où le maïs est actuellement autour de 2 feuilles, les désherbages de postlevée doivent s’envisager rapidement.

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En premier lieu, il convient de bien repérer le stade du maïs. A l’heure actuelle, les stades vont de semis à 6 feuilles. On évitera toujours les applications sur des maïs pointants et on attendra le stade 2 feuilles sur des maïs en bon état végétatif.

Parallèlement, on cherche à inventorier précisément la flore en présence : espèces et stades de développement. Cet inventaire est indispensable pour choisir les produits et composer les mélanges les plus adaptés à la flore en place.

Enfin, on cherche à évaluer l’impact des interventions déjà réalisées sur la flore présente et à venir. Pour ce qui concerne les racinaires (chloroacétamides principalement), une humectation minimale du profil est indispensable. Depuis les applications de produits racinaires, les pluies ont généralement été suffisantes dans bon nombre de situations (besoin de 15 – 20 mm de cumul dans les 20 jours qui suivent l’application).

Tenir compte des conditions d’application

La pénétration des substances actives est favorisée en conditions poussantes le jour de l’application, mais l’efficacité et la sélectivité seront optimales si ces conditions sont également réunies au cours des journées qui encadrent l’application. Le risque de phytotoxicité sur le maïs est augmenté si les conditions sont stressantes après l’application.

Le tableau 1 résume les éléments à prendre en compte pour optimiser l’efficacité et minimiser le risque de phytotoxicité de ces substances actives.

Tableau 1 : impact des conditions météo sur la sélectivité des foliaires systémiques

• Le stade du maïs est à considérer essentiellement pour la sélectivité. D’une façon générale, une fois passé le stade pointant auquel il est déconseillé de traiter, la plupart des produits sont utilisables sans risque pour des plantes qui s’étalent entre 2 et 6 feuilles. Au-delà de 6 feuilles, les doses des produits contenant des auxiniques (Dicamba, Fluoroxypyr) sont plafonnées. Les autres produits sont en général utilisables jusqu’à 8 feuilles du maïs mais leur efficacité devient aléatoire (stade développé des adventices, effet écran du maïs…).

• Traiter des maïs en bon état, notamment avec des herbicides de type auxinique ou sulfonylurée,

• Le traitement doit impérativement s’effectuer alors que l’hygrométrie est élevée (65 % mini). Par temps sec, les applications doivent être réalisées le matin avant 9 – 10 heures. Le soir, le retour à des niveaux d’hygrométrie satisfaisants ne se fait pas avant 20 heures.

• Éviter de traiter avec des auxiniques ou des sulfonylurées si la météo des jours qui suivent l’application prévoit des températures mini inférieures à 10°C et des températures maxi supérieures à 25°C. L’attention doit être redoublée vis-à-vis des températures dans les sols noirs riches en matières organiques qui exacerbent les écarts de températures.

• Tous les produits n’ont pas les mêmes exigences vis-à-vis de la qualité de pulvérisation. Une certaine souplesse existe pour les systémiques qui peuvent s’utiliser à volume réduit et/ou avec une granulométrie plus importante pour limiter la dérive. Les produits de contact (bromoxynil, bentazone) requièrent en revanche une qualité de couverture de la cible plus importante. Préférer des volumes supérieurs à 100 l/ha, 150 l/ha avec des buses anti-dérive. Augmenter en particulier les volumes d’eau pour des produits ou associations à base de Bentazone (sur érodium ou géranium par exemple).

• Éviter les mélanges auxiniques + sulfonylurées. Les risques de phytotoxicités sont accrus.

• Adjuvants : limiter leur usage aux cas particuliers recommandés par les fabricants

• Consulter toujours l’étiquette pour les conditions d’emploi spécifiques du produit et vérifier les possibilités de mélange.

Composer le programme de postlevée

Sur le plan de l’efficacité, on cherchera à intervenir sur les stades les plus jeunes possibles pour les graminées ou dicotylédones annuelles. La composition du mélange est fonction de la flore.

Les dicotylédones classiques (chénopodes, morelles, amarantes et renouée persicaire) sont bien gérées par les tricétones seules ou associées aux sulfonylurées, même à des stades assez avancés. Il faut être beaucoup plus attentif sur renouée des oiseaux, renouée liseron ou mercuriale qui sont peu ou mal contrôlées par les produits de pré, lèvent tôt, se développent très rapidement, et sont difficiles à détruire à des stades avancés.

Dans les parcelles où ces espèces dominent la flore classique, il ne faut pas hésiter à intervenir avant 2 feuilles des renouées. Le recours aux associations intégrant bromoxynil ou une sulfonylurée antidicotylédones sont nécessaires. Les mélanges ternaires (tricétone – sulfonylurée – bromoxynil par exemple) sont préférables dans les situations ou la flore est plus complexe et en présence de graminées. Si aucune intervention n’a eu lieu à ce jour, il est probable d’être amené à répéter les interventions. D’une façon générale, on adaptera la dose des matières actives au stade des adventices les plus développées à chacun des passages.

Dans les situations où rien n’aurait été fait à l’heure actuelle, et que l’on ne suspecte pas de risques liés aux graminées, les flores de dicotylédones peuvent être gérées sur la base de programmes tout en postlevée. Sauf densité très faible, on aura souvent recours à deux applications. Pour assurer une meilleure efficacité, on cherchera à intervenir sur des stades les plus jeunes possibles.

Tableau 2 : exemples de stratégies de postlevée deux passages sur dicotylédones classiques et difficiles

Le point sur le climatSeuls les semis effectués après le rafraîchissement de fin avril présentent des cumuls de degrés jours proches des médianes. L’avance est plus marquée pour les semis de la mi-avril à cause des fortes chaleurs enregistrées au cours de la deuxième quinzaine du mois. Du coté des pluies, bien que les cumuls enregistrent globalement un déficit, l’épisode conséquent survenu fin avril a garanti à la fois une levée homogène et une valorisation des produits de prélevée. Le manque de précipitations jusqu’à ces derniers jours a toutefois pu pénaliser les semis de début mai, notamment sur les secteurs nord.

 

Emilie Araou, Yann Flodrops (Arvalis – Institut du végétal)

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