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Crise laitière, l’exemple néo-zélandais

La faiblesse du prix du lait, le ralentissement de la croissance de la demande mondiale de produits laitiers et la volatilité du dollar néo-zélandais pénalisent les éleveurs laitiers du plus gros exportateur laitier mondial, la Nouvelle-Zélande. Vendre leurs vaches leur rapporte plus que de produire du lait !

Aucune éclaircie en vue dans les prochains mois en Nouvelle-Zélande. La nouvelle campagne laitière 2015/2016 a même commencé sous de mauvais auspices en juillet dernier. La demande chinoise reste atone et les capacités d’importations par les pays producteurs d’hydrocarbures ont fortement diminué depuis la chute des cours du pétrole et du gaz. Par ailleurs, le maintien de l’embargo russe pénalise toujours les exportations de produits laitiers néo-zélandais et la crise au Moyen-Orient n’en finit pas (guerre en Syrie entre autres).

Aussi, la production laitière ne baissera pas suffisamment en Nouvelle-Zélande pour envisager un dégorgement des marchés et un redressement des prix.

Selon Fontera, la principale coopérative laitière, la collecte de lait auprès de ses éleveurs diminuera de 5 % après une hausse de 14 % la campagne précédente.

Quant aux prix payés aux producteurs, la coopérative Fontera tablait sur un kilogramme de poudre de lait à 4,65 dollars néo-zélandais pour l’ensemble de la campagne (soit 220 €/tonne) pour un dollar à 0,55 €. Mais début août, elle a annoncé que les éleveurs toucheraient 3,85 dollars néo-zélandais (180 €/t) hors dividendes.

En fait, établir des prévisions est un exercice périlleux tant le marché est volatil et dépendant de facteurs contradictoires. Le renchérissement du dollar néozélandais en quelques semaines équivaut à lui seul une perte de 50 cents par kilogramme de poudre de lait (environ 26€/t).

En septembre dernier, le dollar néo-zélandais est de nouveau proche du seuil de 0,6€ ce qui rend d’emblée la poudre de lait plus compétitive. Cette réévaluation combinée à des ajustements de la production laitière dans les autres bassins de production de la planète a permis aux éleveurs néozélandais d’être payés 5,05 dollars le kilo (soit 260 €/t) selon l’Institut de l’élevage.

Des prix par rémunérateurs

Toutefois, même avec des coûts de production parmi les plus compétitifs de la planète (environ 100 €/t), les faibles prix des produits laitiers ne rémunèrent plus suffisamment les éleveurs néo-zélandais (revenu et charges sociales) et le capital investi.

Ces derniers décapitalisent. L’abattage et la vente de vaches de réforme rapportent plus aux éleveurs que la production de lait à vil prix car le marché mondial de la viande reste attractif. 

Drôle de crise tout de même ! La planète a soif de lait, la demande est insatiable et pourtant les prix sont au plus bas !

La production mondiale de lait est excédentaire de 6 millions de tonnes de lait, soit à peine un pour cent de la production mondiale. « Mais elle a fait chuter durablement les prix du beurre et du lait poudre (- 56 % pour la poudre maigre et – 33 % pour le beurre entre janvier 2014 et juin 2015) et le prix du lait à la production dans les principaux pays exportateurs », souligne l’Institut de l’élevage.

Et pourtant, il suffirait que chaque homme, femme et enfant boivent un litre de lait de plus par an pour que le marché revienne à l’équilibre !

Des prix non ajustés à la demande

En fait, le niveau actuel du prix du lait n’est pas lié à des marchés matures en Europe ou aux Etats-Unis entre autres, mais à des pays qui importent moins, et surtout à d’autres qui ont renoncé à acheter des produits laitiers, trop onéreux en 2014.

Il est vrai qu’en ayant atteint un prix record à 8,40 dollars néo-zélandais (soit l’équivalent de 430 € la tonne de lait), le prix du kilogramme de poudre de lait était quelque peu dissuasif ! Mais la faiblesse du prix du lait et des produits laitiers rend ces derniers dorénavant plus accessibles. « L’Algérie a notamment augmenté ses achats de plus de 60 %, principalement en poudre maigre », précise l’Institut de l’élevage.

Par ailleurs, l’ampleur de la crise s’explique par le nombre très réduit de pays importateurs et des exportateurs. Aussi, il suffit que l’un d’entre eux éternue pour que le marché s’enrhume.

A l’import, la Chine, la Russie, l’Algérie, le Mexique et l’Egypte ont absorbé le tiers des échanges internationaux. « En comptant les cinq suivants (Indonésie, Malaisie, Japon, Etats-Unis, et UE), les dix premiers importateurs ont accaparé la moitié des échanges de produits laitiers », ajoute l’institut de l’élevage.

A l’export, le lait qui ne se vend le plus est d’abord du lait néo-zélandais. La surproduction mondiale équivaut à près de 25 % de la production néo-zélandaise exportée à plus de 90 %. En 2014, 75 % de la poudre de lait entier exportés dans le monde étaient néo-zélandais !

En fait, la crise affecte dorénavant les pays producteurs et exportateurs de lait en fonction de leur dépendance aux marchés. Or celle-ci s’est justement accrue en France et dans l’Union européenne ces dernières années puisque les marchés intérieurs sont saturés. C’est pourquoi notre pays est plus vulnérable qu’en 2009.

« Le débouché international pèse toujours davantage dans la production laitière française. Au total, la France a exporté 36 % de sa production laitière en 2014, pour un chiffre d’affaire de près de 7,3 milliards d’euros, explique l’Institut de l’élevage. Le marché européen a absorbé les deux-tiers de ces envois, le dernier tiers étant directement expédié sur le marché mondial. »

 

Notre photo ci-dessous est issue du site Fotolia et représente la traite des vaches. Lien direct : https://fr.fotolia.com/id/31877610.

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