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Crise agricole, la Chambre d’agriculture du Finistère attaquée

Rarissime parmi les actions d’exaspération du monde agricole : la Chambre d’agriculture du Finistère a été la cible d’une action d’agriculteurs avec une quinzaine d’engins agricoles. Ils ont déversé plusieurs mètres cubes de gravats dans l’entrée du bâtiment situé dans la ville de Quimper, jusqu’au premier étage.

Les CRS ont procédé à cinq interpellations dans la nuit. Les cinq hommes ont été mis en examen pour dégradation de bien public et libérés dans la journée. Qu’une Chambre d’agriculture soit prise d’assaut par des agriculteurs est plutôt rare. Ce sont habituellement des bâtiments des services de l’Etat qui font les frais des colères paysannes.

Dans le bâtiment fermé au public toute la journée de vendredi, le président de la chambre, André Sergent, s’est refusé à condamner l’action. Il a précisé que la Chambre d’agriculture ne porterait pas plainte « par principe ». Cette action symbolique traduit de façon déconcertante « la très grande exaspération des agriculteurs », a indiqué Sébastien Louzaouen, président des Jeunes Agriculteurs du Finistère qui tenait, avec la FDSEA, une conférence de presse pour faire le point de quinze jours d’action quasiment ininterrompues.

Il a encore précisé : « Depuis le plan d’aides annoncé le 3 septembre, rien n’a avancé, que ce soit sur l’étiquetage de la viande transformée ou les charges sociales. »

Cependant l’annonce faite par le président de la République François Hollande, jeudi soir à la télévision, d’abaisser rapidement les cotisations sociales des agriculteurs pourrait marquer une inflexion du gouvernement. Autre signe favorable aux agriculteurs, le projet d’arrêté ministériel instituant en France la mention obligatoire d’origine des viandes entrant dans la composition des plats transformés (demandée depuis des mois par la profession) serait imminent, de source syndicale.

Les syndicats bretons demandent en outre au conseil régional de Bretagne qu’il mette en place une incitation financière aux agriculteurs adhérant à une organisation de producteurs. « Cette aide pourrait être prélevée sur le second pilier de la PAC, précise Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère. Il faut mettre à profit la crise pour que l’Ouest s’organise. »

Dans une Europe qui a banni toute régulation, seule la massification de l’offre permettra de redonner aux producteurs un peu du pouvoir qu’ils estiment avoir perdu.      

La photo ci-dessous montre la Chambre d’agriculture de Quimper après l’attaque (@Franck Jourdain).

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