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Céréales, un automne favorable à la croissance des céréales et aux parasites

Ce début de campagne se caractérise par des températures douces (voire des records début novembre) qui ont été favorables aux levées et à la croissance des céréales. Ce climat est également propice à l’apparition des pucerons.

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Actuellement, l’émergence de nouvelles feuilles est rapide compte tenu de la douceur.

Côté pluie, seule la deuxième décade de septembre a été bien arrosée. Octobre est sec avec 20 à 40 mm cumulés selon les stations de la région. Depuis le 1er septembre (date d’ouverture classique du bilan hydrique), les pluviométries enregistrées sur les principaux postes de la région sont déficitaires de 30 mm par rapport à une médiane pouvant atteindre -50 / -60 mm pour le sud Charente-Maritime, Angoulême, secteur Mellois, Archigny…

Les céréales sont actuellement entre les stades 1 feuille pour les semis de la dernière décade d’octobre à début tallage pour les semis les plus précoces. Les levées ont été en général très bonnes et rapides. Certains secteurs ont toutefois souffert de manque d’eau et/ou de préparation motteuse, entraînant hétérogénéité et retard à la levée.


Figures 1 et 2 : cumul de températures et de pluies entre 15/10 et 8/11 sur deux stations météo, pour positionner l’automne 2015 depuis 2000 – Données météo : Météo France

Un contexte particulièrement favorable aussi aux pucerons

Les conditions agroclimatiques du début d’automne sont aussi très favorables à des attaques de pucerons. Les observations réalisées dans le cadre du Bulletin de Santé du Végétal montrent que quelques parcelles non protégées ont franchi le seuil dans le réseau d’observation cette semaine. Des interventions en végétation ont pu être réalisées ces derniers jours.

Rappel des seuils : 10 % de plantes porteuses de pucerons ou présence de faibles populations de pucerons pendant plus de 10 jours.


• Pour les parcelles protégées par un traitement de semences spécifique, la protection est suffisante pour le moment hormis les semis précoces. En effet, l’efficacité du traitement de semences diminue à partir du stade 4-5 feuilles et peut nécessiter, si les conditions restent favorables à l’activité des pucerons, un relais en végétation. Les semis précoces de céréales (orges en particulier) vont rapidement atteindre ce stade. Une surveillance d’éventuelles colonisations tardives par les pucerons est indispensable sur ces parcelles. Les essais de 2015, avec des semis précoces et des infestations prolongées, ont montré l’intérêt de l’application d’un traitement insecticide en végétation (Karaté Zéon) au stade début tallage en relais du TS. Ces résultats soulignent la nécessité de prolonger la surveillance lors des automnes doux et ensoleillés qui peuvent favoriser une activité relativement tardive des pucerons dans un contexte de croissance rapide des céréales, ce qui est le cas aussi cette année.

• Pour les insecticides appliqués en végétation agissant par contact, les nouvelles feuilles formées après le traitement ne sont pas protégées face à de nouvelles arrivées de pucerons. Pour les applications très précoces faites à la levée (1 F), il est nécessaire de ne pas relâcher la surveillance avec des conditions actuelles favorables à de nouvelles infestations, même tardives (les plantes restent sensibles à l’infection jusqu’au stade fin tallage environ).

Retrouvez le tableau d’efficacité des spécialités insecticides en végétation dans les guides préconisations Poitou-Charentes (voir encadré en fin d’article).

• Pour les parcelles non protégées actuellement, bien surveiller l’activité des pucerons et intervenir dès que les seuils sont atteints).

Désherbage d’automne à prévoir en cas de forte pression

Les conditions ont été favorables au désherbage précoce des céréales dans la lutte contre les graminées automnales en particulier. Les synthèses d’essai montrent effectivement que ces passages précoces, sur des adventices peu développées ou en cours de germination, sont bien valorisés. Il est encore temps pour intervenir.

Les parcelles, actuellement de 1 à 3 feuilles pour les blés non désherbées, sont particulièrement exposées à des salissements précoces et importants par les graminées d’automne et doivent faire l’objet d’une surveillance accrue.

Si la pression graminées est importante, il faut envisager une intervention dès que possible (dite d’automne) pour maîtriser ces adventices, limiter leur concurrence. Elle est d’autant indispensable en présence de populations résistantes de graminées. Cette intervention sera ensuite complétée en sortie d’hiver. Ce programme (automne puis sortie d’hiver) est une valeur sûre, aussi bien d’un point de vue technique (levée de concurrence et donc gain de rendement) qu’au niveau de l’efficacité finale, notamment en présence de relevées où la persistance des produits racinaires n’est pas suffisante.

Rappel des conditions à respecter en désherbage d’automne :
• culture bien enterrée (pas de grains en surface) ;
• si une période pluvieuse majeure est annoncée (plusieurs dizaines de mm annoncés), il est préférable de retarder l’application ;
• attention aux conditions d’application au moment de l’intervention (si fortes amplitudes thermiques suivies de froid => reporter l’application).

Le désherbage du blé dur passe aussi par des interventions précoces pour gérer les graminées ! (Spécialités autorisées à base de chlortoluron ou prosulfocarbe par exemple de 1 à 3 F).

Retrouvez l’intégralité des préconisations de désherbage dans les guides de préconisations Poitou-Charentes (voir encadré).

 

Thibaud DESCHAMPS, Céline DRILLAUD, Jean-Louis MOYNIER (Arvalis – Institut du végétal)

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