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Céréales, le Kazakhstan devra batailler pour exporter grains et farine

Sur les dix dernières campagnes, le Kazakhstan a connu une grande variabilité dans sa production de céréales. Le manque d’infrastructures de stockage oblige le pays à écouler sa production sur la scène internationale dès les premiers mois de la campagne (septembre – août). Au moment des semis pour la récolte 2015, quels sont les premiers retours sur la campagne de production ?

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Des conditions climatiques peu habituelles

Les importantes précipitations du mois de mai (entre 20 et 30 mm) ont fortement ralenti les travaux d’ensemencement au Kazakhstan. Il est tombé 3 à 4 fois plus d’eau que la moyenne.

Ces pluies ont persisté pendant la période optimale des semis des blés de printemps, c’est-à-dire du 15 au 27 mai. Cette année, les semis se sont poursuivis jusqu’au 5 juin alors qu’il n’est pas recommandé d’aller au-delà de cette date (figure 1).


Figure 1 : précipitations observées entre le 21 avril et le 18 juin 2015 au Kazakhstan

Source : World Ag Weather


Toutefois, ces pluies donnent un avantage important pour la production à venir : les réserves hydriques, habituellement quasi inexistantes à cette période de l’année, atteignent actuellement un niveau très élevé.

Une production de céréales attendue en hausse

Ainsi, malgré une baisse de la surface ensemencée (la plus basse depuis 4 campagnes), beaucoup parient sur des rendements élevés pour cette campagne.

Divers scenarii sont possibles :
• dans le cas d’un été « sec », les rendements des céréales seraient supérieurs à la moyenne et l’ensemble des cultures arriveraient à maturité dans les délais impartis ;
• dans le cas d’un été avec précipitations et températures moyennes. Toutes les cultures afficheraient des rendements supérieurs à la moyenne ;
• dans le cas d’un été pluvieux et froid, la récolte pourrait être importante mais avec une forte probabilité de retard dans le stade de maturation des grains. Cela pourrait affecter la qualité des grains.

Ainsi, excepté si le temps est très chaud et sec, on peut prévoir que la production au Kazakhstan sera au rendez-vous cette année mais avec une qualité encore discutable. Les agriculteurs se préparent à moissonner dans des conditions difficiles.

La récolte 2015 est attendue à 17,3 Mt par UkrAgroConsult contre 17 Mt par le ministère de l’Agriculture kazakh (17,16 Mt en 2014/2015). UAC estime la production de blé à 13,5 Mt en dépit d’une surface ensemencée plus petite (figure 2).


Figure 2 : production de céréales au Kazakhstan depuis la campagne 2003-04

Source : UkrAgroConsult

Des destinations fortement concurrencées

Les exportations pourraient dépasser le niveau de 2014-2015 et atteindre 7 Mt contre 6,32 Mt l’année passée. Cette hausse serait principalement liée à la hausse des exportations de farine qui ont décuplé en l’espace de 15 ans. Le pays occupe ainsi la première place sur ce marché, en concurrence avec la Turquie qui possède de meilleurs avantages en termes de logistique (figure 3).


Figure 3 : exportations de farine et de grains au Kazakhstan

Source : UkrAgroConsult


Sur le marché du blé (grains), le Kazakhstan n’est plus le premier exportateur en Azerbaïdjan, en Afghanistan et dans certains pays du centre de l’Asie. Ces destinations sont actuellement prisées par les blés russes et pakistanais.

Sur le marché iranien, le Kazakhstan est en compétition avec le Canada et les origines européennes.

De plus, certains pays ont mis en place des taxes sur les importations de blé kazakh. A l’instar de l’Ouzbékistan qui a imposé une taxe de 11 % sur ces importations de farine kazakh, le Tadjikistan a augmenté la TVA sur le blé (+10 %) et sur la farine (+18 %). Ces deux pays consomment 70 % des céréales kazakh (grains + farine). Ces dernières années, ces pays ont préféré acheter du blé afin de développer leurs propres moulins.

Le développement du potentiel d’exportation du pays est gêné par d’autres problèmes existant sur le marché des céréales comme les difficultés de logistique mais également la faible capacité de stockage que possède le pays.

Aurélie JARLEGANT (France Export Céréales)

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