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Céréales, choisir les dates et densités de semis optimales

Comme l’a encore montré la dernière campagne, il est important de répartir les risques d’aléas climatiques en ayant des cultures qui soient à des stades différents, notamment au printemps. Dans quelle mesure la date de semis peut-elle permettre d’atteindre cet objectif ?

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La comparaison des 20 dernières années climatiques vis-à-vis des données historiques 1950 – 1980 montre clairement, parallèlement à une élévation de la température moyenne, l’apparition de deux phénomènes :
• Une évolution importante du nombre de jours échaudants pendant la phase de remplissage du grain, de l’ordre d’une dizaine de jours pour l’ensemble de notre région, sans effet local marqué.
• Une date de dernier gel en fin d’hiver (à – 4°C sous abri) qui est moins tardive que précédemment.

L’échaudage est donc une donnée constante de notre région, qui en fait l’aléa climatique n°1, avec de 15 à 25 jours présentant des maximales supérieures à 25°C pendant le remplissage des grains, y compris pour les postes d’altitude.

L’analyse, sur une vingtaine de postes météo de ces données montre aussi :
• Un effet restreint de l’avancement des dates de semis sur la date de fin de cycle, avec une avance moyenne et régulière de 3 jours à floraison, quel que soit le poste météo régional retenu pour un décalage de la date de semis de 3 semaines.
• Un effet un peu plus important de la précocité variétale de 4 à 5 jours à la floraison à date de semis équivalente pour une note d’épiaison passant de 6,5 (Rubisko) à 7,5 (Solehio).

Même si nos possibilités d’adaptation du cycle cultural avec la date de semis semblent limitées, il ne faut pas les négliger, et ne pas hésiter à réaliser les implantations en échelonnant les dates de semis et en choisissant des variétés de précocité variée. Souvenons-nous que ce sont les semis les plus en avance qui ont le plus souffert du froid en février 2012.

Nous savons qu’environ 1 hectare de blé sur 2 en Rhône-Alpes est semé derrière un maïs, ce qui naturellement incite aux semis plus tardifs. Les semis suivants d’autres précédents pouvant être réalisés plus tôt pour mettre en œuvre cette stratégie d’évitement.

Compte tenu de ces éléments, l’attitude de bon sens consiste à semer raisonnablement tôt chaque fois que possible, avec une variété de la bonne précocité et en jouant sur les espèces, l’orge avant les blés tendre et dur par exemple.

Les dangers d’un semis trop précoce dans notre région

Outre l’aspect gestion des risques climatiques, un semis trop précoce va :
• Taller davantage, attention donc aux variétés sensibles à la verse, Solehio par exemple en a beaucoup pâti en 2013.
• Être exposé plus longtemps aux pucerons vecteurs de la jaunisse nanisante, la protection au semis ou en végétation peut devenir une nécessité, 2016 est venu nous le rappeler.
• Dans les limons sensibles au piétin verse, l’infection démarrera plus tôt également.

Prendre en compte ces paramètres dans le choix variétal et dans la date de semis

Les propositions qui suivent envisagent des préconisations prenant en compte le mieux possible climat et souplesse des variétés.

Figure 1 : Date optimale de semis du blé tendre


Figure 2 : date optimale de semis de l’orge d’hiver


Figure 3 : date de semis optimale du blé dur

 

Quelle densité de semis ?

La réussite de l’implantation est le seul moyen dont dispose l’agriculteur pour garantir un nombre d’épis suffisant.

Pour que ce rendement soit optimal, plusieurs conditions doivent être remplies :
– conditions de semis favorables,
– date de semis adaptée à la variété,
– peuplement minimum à la levée.

Pour atteindre le peuplement minimum, il faut compenser les pertes prévisibles à la levée et en cours d’hiver.

Ces pertes peuvent avoir plusieurs origines :
– la faculté germinative : les mesures en laboratoire donnent des valeurs de l’ordre de 95 %, mais au champ on retient par sécurité 10 % de grains non germants.
– les pertes diverses : elles sont liées aux préparations trop motteuses ou trop fines, à l’excès d’eau ou aux cailloux.

Elles peuvent varier de 0 à 20 %.

Par ailleurs, il faut rappeler que les seuils de peuplement objectif sont valables sur la période optimale de semis soit de façon très générale sur le mois d’octobre.

Pour des semis plus tardifs, il faut veiller à augmenter les densités de semis.

Il est nécessaire en effet de compenser des pertes à la levée plus importantes liées à une durée semis-levée plus longue se déroulant sous des conditions climatiques souvent peu favorables. Il faut également compenser un coefficient de tallage plus faible du fait d’une période de tallage plus courte.

Enfin, la qualité de la protection de la semence a un rôle important dans la réussite de la levée en limitant les attaques de champignons responsables de la fonte des semis.

Densité de semis optimale
Les expérimentations régionales ont permis de préciser cet objectif pour différents milieux : séchants, favorables et humides. Ces seuils sont valables pour des céréales semés à date optimale et en bonnes conditions, avec une protection satisfaisante des plantes contre les fontes de semis et les pucerons vecteurs de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO).


Figure 4 : densité de semis optimale du blé tendre

(1) En semis tardif, ces valeurs devront être augmentées :
– de 15 % en 1re quinzaine de novembre
– de 25 % à partir de la 2e quinzaine de novembre.
(2) mini = bonnes conditions de semis.
maxi = conditions motteuses ou préparations trop fines ou charge en cailloux très élevée ou risque d’excès d’eau hivernal.
(3) PMG moyen : 42 g.


En conditions non stressantes, l’orge est une espèce qui talle beaucoup. Le nombre de talle est souvent excédentaire en semis précoce ce qui augmente la concurrence à la lumière et fragilise la culture vis-à-vis de la verse et de la résistance aux maladies. En conséquence, la dose de semis devra être adaptée et prendra en compte la qualité de préparation du sol.


Figure 5 : Densité de semis optimale de l’orge


Figure 6 : densité de semis optimale du blé dur

 

 

Yves Pousset (Arvalis – Institut du végétal)

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