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Betteraves, produire plus pour vendre plus, la stratégie gagnante

Aidée par une conjoncture porteuse, la fin des quotas betteraviers est une opportunité pour produire plus de sucre en Europe dans un marché mondial déficitaire. Une fin heureuse? Pour les planteurs de betteraves, l’abandon les quotas se présente sous les meilleurs auspices en 2017.

Dans son dernier communiqué, France AgriMer note « le retournement à la hausse des marchés sucriers, amorcé en début de campagne 2015/16. Il se confirme, avec un consensus des instituts de prévision sur un déficit mondial, situé entre 6 et 11 millions de tonnes (Mt) ».

Aussi, la stratégie proposée par la filière, d’augmenter la production de racines de 5 % dès 2016 pour avoir à disposition du sucre excédentaire et l’exporter librement après le 1er octobre 2017 pourrait être payante. Tandis que l’Union européenne épure ses stocks excédentaires, « les premières prévisions pour la campagne mondiale 2016/17 tablent sur un nouveau déficit de moindre ampleur (3 à 6 Mt) », précise encore FranceAgriMer. « La production mondiale de sucre est donc, pour la seconde année consécutive, déficitaire », constate Alain Jeanroy, directeur général de la CGB contacté par Wikiagri.

Selon les premières estimations du syndicat des planteurs, la surface de betteraves implantée cette année en France a augmenté de 5 %, Mais une partie du potentiel de production supplémentaire est compromis car  environ 1500 hectares ont été fortement endommagés par les fortes précipitations.

En fait, c’est l’ensemble des pays européens producteurs de betteraves qui se mettent sur les rangs pour alimenter le marché mondial déficitaire. Dès cette année, ils ont dans l’ensemble augmenté leurs surfaces de 10 % après les avoir, il vrai, réduit leurs cultures significativement l’an passé.

En France, la filière betteravière est tout à fait en mesure de transformer les 5 millions de tonnes de betteraves attendues qui seront arrachées l’automne prochain. Les producteurs sont d’ores et déjà assurés qu’ils profiteront de la revalorisation du prix mondial du sucre et surtout des prix dans l’UE orientés à la hausse. Le ratio 44/56, auquel la CGB est attachée, sera encore appliqué.

Pas encore d’accord sur les prix

Comme les exportations européennes de sucre resteront contingentées jusqu’à l’an prochain, les quantités excédentaires de la prochaine campagne 2016 seront stockées pour être exportées en 2017. Mais les positions prises d’ores et déjà sur les marchés à termes valorisent la prochaine récolte à un niveau de prix supérieur aux précédentes campagnes.

Pour l’après 2017, les négociations programmées redéfiniront la base de répartition du prix de la tonne de sucre entre les planteurs et les transformateurs. Si il est impossible de connaître quelle en sera leur conclusion, il est d’ores et déjà acquis que le prix de la tonne de la betterave sera calculé par entreprise.

Contexte international : El Nino en Inde et en Afrique australe, intempéries au Brésil

Des récoltes décevantes en Inde, en Afrique australe et au Brésil d’une part, la réévaluation du real brésilien d’autre part, tirent les marchés du sucre à la hausse exprimés en dollar. L’El Nino est à l’origine d’importants épisodes de sécheresse dans la péninsule indienne et dans les pays ACP tandis que de fortes intempéries retardent la récolte de cannes et en amoindrit la teneur en sucre.

En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/betteraves-comment-la-fin-des-quotas-est-preparee/7221 (article qui présentait la stratégie pour arriver à la date de la fin des quotas betteraviers) ; https://wikiagri.fr/articles/nouveau-plus-haut-pour-les-cours-du-sucre/9859 (instantané sur les marchés du sucre, en hausse).

La photographie ci-dessous est issue du site Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/56795814.

Ci-dessous, Alain Jeanroy, directeur général de la CGB (photo fournie par la CGB).

1 Commentaire(s)

  1. Attention toujours aux opportunités du marché (tenu par les transfo et les distributeurs qui ont les moyens de jouer avec les stocks et être assez réactifs pour proposer du sucre à un bon prix quand il y en a besoin). Le paysan, lui, doit repenser son assolement, parfois investir ou se réorganiser humainement, quand on lui demande d’augmenter sa production! Il lui faut donc plus de garantie SUR LE LONG TERME. Que la demande augmente à un bon prix, soit, mais pour combien de temps!
    Le déficit mondial est-il récurrent d’année en année ou juste existant depuis 2 ans à cause d’aléas climatiques?
    Et 2e point: cette structuration, et principalement l’augmentation de production, se fera-t-elle de façon concertée et intelligente au niveau européen? ou chaque pays, comme d’habitude, voudra tirer son épingle du jeu en augmentant sa production et croire que ce tonnage de sucre supplémentaire sera le seul de l’UE à la date prévue et aura la primauté sur le marché?
    C’est tellement facile pour les transfo ou les distributeurs d’ensuite dire au paysan « oui mais tout le monde a augmenté sa production, donc le prix n’est pas aussi haut qu’on vous le mentionnait au départ en vous incitant à produire plus ». La demande d’augmentation de production doit donc s’accompagner d’une vraie concertation (voire négociation) au préalable entre TOUS les maillons de la filière et si possible, en ayant un oeil sur les autres pays européens. Si l’aval tient les manettes commerciales, soit, mais qu’ils assument jusqu’au bout quand il demande au paysan d’augmenter ou de diminuer sa production…

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