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Axioma, une start-up agricole stimulante

Installée à Brive-la-Gaillarde, la start-up Axioma commercialise des engrais microdosés (NFU 42-004). La jeune pousse vient de terminer au mois de mai une levée de fonds pour se centrer sur son cœur de métier : les biostimulants agricoles.

Tout au long de sa carrière, le vétérinaire corrézien Alain Soirot a mené des recherches pour limiter les antibiotiques. Il a ainsi élaboré des formulations de produits de nutrition animale naturels, agencements complexes d’eau de mer et de plantes. En 2012, son laboratoire et sa société de distribution ont été rachetées par Anthony Bugeat. Le jeune entrepreneur se souvient parfaitement de sa rencontre avec le vétérinaire : « A l’époque, je travaillais pour une société de conseil en stratégie, à destination des PME. Le docteur avait alors 72 ans et il ne voulait surtout pas que ses travaux disparaissent. Il cherchait donc un repreneur. J’ai été séduit par ses savoir-faire et j’ai créé la société Axioma pour valoriser son héritage. »

Premier chantier : la nouvelle startup Axioma doit améliorer les solutions du vétérinaire, très efficaces mais trop contraignantes pour les agriculteurs : « Les produits nécessitaient plusieurs passages. Ils ne correspondaient pas au marché », estime le directeur.

Durant deux ans, il mobilise plusieurs universités et laboratoires de chimie verte pour analyser les produits et maîtriser l’ensemble des fonctionnements circulaires. « Par exemple, nous avons voulu comprendre comment l’amélioration de la vie des sols participe concrètement à l’amélioration de l’alimentation animale », explique-t-il.

Engrais microdosés en oligoéléments

Depuis trois ans, la TPE de sept salariés commercialise des bio-solutions dites engrais « microdosés ». La teneur en oligo-éléments (Entre 0,05 et 1,7mg/L en fonction des éléments) assure une économie d’intrants conventionnels de 20% dès la première année, avec maintien des rendements. « Ces résultats ont été relevés en conditions contrôlées évidemment mais surtout, en plein champ, chez les agriculteurs. Cela s’observe particulièrement sur les prairies et les céréales. A la fin du mois de juin, nous procéderons à d’importants tests sur des salades et des poireaux aux côtés d’un partenaire de l’industrie agro-alimentaire », annonce Anthony Bugeat.

Début 2018, la société proposera des biosolutions aux normes européennes. Pour cela, elle augmentera la teneur en oligoéléments afin que ses engrais microdosés soient reconnus comme des compexes fertilisants. Une étape majeure pour la startup qui souhaite changer d’échelle.

Côté véto (40 % de l’activité d’Axioma), les produits de nutrition animale ont un effet notable sur les vêlages et les mammites.

L’ensemble de la gamme Axioma est certifiée bio, comme l’explique Anthony Bugeat : « Demain, il y aura deux agricultures à ne pas opposer. L’agriculture de marché, et l’agriculture nourricière. Il faut que les deux modèles coexistent dans le respect, et sans posture idéologique ». 

La preuve par l’exemple

Le mode de commercialisation est assez original. Il repose sur un système de recommandation, avec des agriculteurs prescripteurs : « Les agriculteurs sont souvent sollicités et ils se méfient beaucoup des « poudres de perlimpinpin ». Axioma n’a pas besoin de faire du marketing à outrance pour fidéliser ses clients. Il suffit d’expliquer et de démontrer nos résultats. En général, nos prospects ont entendu parler de nous sur les réseaux sociaux, ou par bouche-à-oreille. Quand ils nous contactent, nous les mettons en relation avec un agriculteur déjà client pour qu’ils échangent ensemble sur les avantages et les contraintes de nos biosolutions. Ce ne sont pas des produits miracles, mais les essayer, c’est adopter le système… On se rend compte que 90% des gens qui nous contactent essaient nos produits. Parmi eux, 90% deviennent clients et restent fidèles. En cinq ans, nous n’avons perdu qu’un seul client parce qu’il cessait son activité », assure le directeur.

Le fichier client regroupe 300 noms pour le moment, avec une forte implantation autour des agglomérations de Dijon, d’Angers et de Brive-la-Gaillarde.

Les collectivités locales commencent à s’intéresser également aux solutions d’Axioma, comme la ville de Brive qui les utilise pour entretenir la pelouse de son célèbre stade, l’antre du rugby, Amédée Domenech ! « La pelouse de Top14 a toujours eu des problèmes de drainage, et bien sûr elle souffrait beaucoup des arrachements, des piétinements et des stress climatiques. Dans ces conditions, nous avons obtenu de très bons résultats… », sourit Anthony Bugeat.

L’entreprise projette de s’implanter dans la région bordelaise d’ici la fin de l’année. Dans ce cadre, elle a répondu à un appel à manifestation d’intérêt (AMI) de la région Nouvelle Aquitaine en partenariat avec l’Institut Français du Vin (IFV), visant à réduire les intrants chimiques des vignobles régionaux. 

Les biostimulants comme booster

Pour son développement futur, Axioma mise sur le marché prometteur des biostimulants, son véritable cœur de métier : « Nous conduisons les premiers essais sur des plants de tomate. Nous agençons 200 extraits de plantes pour identifier les effets cocktails positifs qui stimulent les défenses de la plante et facilitent l’absorption des nutriments », précise le directeur. 

Ces biostimulants sont développés en partenariat avec des multinationales (semenciers et fabricant d’engrais). Mais pour l’instant, le flou juridique invite à la prudence : « Nous pourrions bien sûr demander à l’Anses un dossier d’homologation mais c’est encore trop tôt pour nous, sachant qu’en France, la démarche est compliquée et coûte très cher. Au niveau européen, l’encadrement n’est pas encore précis et nous attendons les directives. Les discussions avec nos partenaires sur le sujet du dossier d’homologation sera un enjeu très stratégique », précise encore Anthony Bugeat qui espère débuter la commercialisation de ses biostimulants en marque blanche d’ici 2019. Le marché européen des biostimulants atteint déjà 500 millions d’euros, avec une croissance de 20 % par an.

Détail technique intéressant : Axioma a choisi de ne pas intégrer de microorganismes dans ses biostimulants et solutions de biocontrôle : « Quand on mélange nos extraits de plantes, c’est toujours les mêmes dosages et le même process. Du coup, nos produits sont très stables, dans toutes les conditions, types de sols et à tout moment. Les microorganismes sont un secteur très porteur mais ces solutions doivent être améliorées. Les agriculteurs restent méfiants et se demandent ce qu’il se passe dans leur sol quand ils apportent un organisme vivant exogène. »

Pour soutenir ses recherches, Axioma a récolté récemment plus de 500 000 euros lors d’une levée de fonds sur la plateforme de crowfunding Sowefund. « Cette levée de fonds vise à faire émerger nos technologies de biostimulants. Nos partenaires industriels sont pressés et nous travaillons à fond sur le sujet. Nous bénéficions du soutien de la région Nouvelle Aquitaine et de la Banque publique d’investissement. De plus, nous finalisons actuellement des échanges stratégiques avec un major dans l’industrie agroalimentaire dont les résultats seront communiqués dans l’été. Depuis 2012, plusieurs grands groupes ont souhaité entrer au capital ou signer des accords de distribution mais aujourd’hui, Axioma n’est pas à vendre », précise Anthony Bugeat qui vise 6 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2022.

Le 4 septembre prochain, il représentera la Ferme Digitale au 10e Forum mondial « Convergences, vers un monde équitable et durable ».
 

En savoir plus : http://www.axioma-france.com (site internet d’Axioma) ; https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-166685-agriculture-de-marche-et-agriculture-alimentaire-les-enjeux-a-venir-2067262.php (tribune signée Anthony Bugeat dans Les Echos).

Ci-dessous, Anthony Bugeat (copie d’écran de la vidéo de présentation sur la home page du site internet d’Axioma France).

 

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