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Attention aux ravageurs vecteurs de viroses

Alors que tous les chantiers de semis de céréales ne sont pas encore terminés, les pucerons et cicadelles, tous deux porteurs éventuels de viroses, s’en donnent déjà à cœur joie dans certains secteurs. La vigilance s’impose !

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Les températures exceptionnellement chaudes et le peu de précipitations des derniers jours sont les principales raisons de l’arrivée des pucerons et cicadelles dans les parcelles. Les nombreuses repousses de céréales depuis la récolte, la présence d’adventices, la récolte des maïs, ainsi que la proximité de bois ou de haies sont autant de facteurs à risque qu’il est important de prendre en compte pour identifier les situations les plus à risque.

Deux ravageurs, deux viroses

Qu’ils s’agissent de pucerons ou de cicadelles, les conditions climatiques propices à leur activité sont globalement les mêmes. En termes de nuisibilité, des similitudes existent aussi : ces ravageurs piqueurs-suceurs causent tous les deux des dégâts indirects en transmettant aux plantes des viroses.

Photo 1 : pucerons d’automne (ailé et colonie d’aptères) sur orge d’hiver – Autainville, 17/10/2017

Photo 2 : rougissement et jaunissement de la dernière feuille (la plus jeune), caractéristique de la JNO sur blé

Le virus véhiculé par les pucerons est responsable de la Jaunisse Nanisante de l’Orge (JNO), maladie qui, malgré son nom, n’est pas spécifique de l’orge. Les symptômes, qui peuvent parfois apparaître 15 à 30 jours après l’inoculation, se traduisent par une végétation chétive, avec des plantes plus ou moins naines, conduisant à des parcelles d’aspect moutonné. Courant montaison, un jaunissement apparait à l’extrémité des feuilles âgées en orge (voire un dessèchement en cas de forte attaque). En blé, c’est la dernière feuille (= feuille drapeau) qui change de couleur (rouge lie de vin ou jaune).

La nuisibilité de cette maladie est variable, notamment en fonction du stade d’arrivée des pucerons, de la durée de leur présence et de leur quantité. Les pertes de rendements fluctuent de 5 % en cas de faibles infestations (souvent inaperçues) à 90 % pour les cas les plus graves. En orge, la qualité peut être impactée (PMG, calibrage…) et les dégâts peuvent aller jusqu’au retournement des parcelles.

Photo 3 : cicadelle (Psamotettix alienus) sur orge d’hiver – Autainville, 17/10/2017
Photo 4 : pied chétif (à droite), caractéristique du WDV (plante saine à gauche)

La cicadelle Psamotettix alienus, quant à elle, peut véhiculer le virus responsable de la maladie des pieds chétifs (WDV). Les symptômes, visibles à la reprise de la végétation, sont très proches de ceux de la JNO : pieds chétifs, avec un tallage parfois excessif, voire une disparition de plantes en cas d’attaques très précoces. Des stries jaunes nuancées de rouge le long des nervures sont également caractéristiques. Lors d’une attaque tardive (présence de moins de virus dans les plantes), il n’y a pas de nanisme mais les épis sont stériles.

Les pertes de rendement varient beaucoup : de négligeables en cas de faibles infestations, elles peuvent atteindre 70 % pour les cas les plus graves.

Alors que faire ?

A chaque automne

La lutte contre ces deux ravageurs passe avant tout par l’observation des parcelles, les plus à risque étant prioritaires. Des visites régulières et minutieuses des parcelles sont donc indispensables.

Pour les pucerons, le pourcentage de plantes porteuses d’au moins un individu est un bon indicateur pour décider d’une intervention. Les seuils souvent retenus sont : au moins 10% de plantes porteuses ou présence de pucerons dans la parcelle pendant 10 jours consécutifs. Mais il n’est pas toujours aisé de repérer ces ravageurs qui savent se faire discrets, en particulier lorsque les conditions d’observation ne sont pas idéales (journées pluvieuses, couvertes, fraîches). C’est la raison pour laquelle les observations sont à privilégier par beau temps, de préférence en début d’après-midi. Il est également important de prendre en compte le climat passé et à venir pour ajuster/anticiper son niveau de risque, et ainsi éviter les surprises.

Pour les cicadelles, différents moyens sont possibles pour leur observation : balayage d’un rang de végétation avec une baguette pour observer les cicadelles qui s’envolent promptement devant soi, filet fauchoir, cuvette jaune à demi-enterrée remplie d’un mélange eau + mouillant (type teepol) ou plaques jaunes engluées à relever régulièrement (piégeage). Pour ce dernier piège, le seuil à avoir en tête pour décider d’une intervention est de 30 captures hebdomadaire.

Dès aujourd’hui

Pour les parcelles déjà levées, il ne faut pas attendre pour aller les voir, d’autant que les conditions climatiques actuelles sont favorables aux observations ! Si des populations sont déjà présentes en nombre, l’intervention doit être immédiate. Seules exceptions à cette règle : les situations protégées par un traitement de semences efficace contre les pucerons et les cicadelles (à base d’imidaclopride). Pour ces dernières, les observations pourront attendre les stades 3-4 feuilles pour décider d’une éventuelle intervention relai en fin de de persistance du produit (stades 4- 5 feuilles).

Pour les parcelles semées mais non levées, les visites devront commencer dès la levée des céréales, d’autant plus si les températures douces se maintiennent d’ici là.

En cas de levées hétérogènes sur une même parcelle, les seuils indicatifs cités plus haut restent les mêmes, et ne se basent évidemment que sur les plantes déjà présentes.
 

Edouard Baranger, Michel Bonnefoy, Delphine Bouttet, Chloé Malaval Juery, Agnès Treguier (Arvalis – Institut du végétal)

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